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Ça bouge à Berlin !
02/28/2023


Les changements affectant les têtes d’affiche des grands orchestres de par le monde sont toujours scrutés... Evidemment, lorsque ce sont les Berliner Philharmoniker qui sont concernés, ces changements sont même commentés !



V. Sareika‑Völkner (© Neda Navaee)


Et l’occasion était trop belle avec, à tout seigneur tout honneur, la nomination de Vineta Sareika-Völkner, le 18 février 2023, au poste prestigieux de Konzertmeisterin, une première pour le célèbre orchestre. Née le 1er mars 1986 dans la petite station balnéaire de Jurmala (juste à l’ouest de Riga, la capitale dont elle n’est distante que de quelques kilomètres), elle commence le violon à l’âge de 5 ans dans sa ville natale avant de venir étudier à Paris, au CNSM, dans la classe de Gérard Poulet (elle est arrivée en France à l’âge de 15 ans et parle notre langue paraît‑il à la perfection...) puis de suivre les enseignements d’Augustin Dumay à la Chapelle musicale Reine Elisabeth, vénérable institution inaugurée à Waterloo en juillet 1939, sans compter sa participation à des classes de maître organisées notamment par Ivry Gitlis ou Ida Haendel. En 2008, elle remporte la médaille d’or du concours international de musique de chambre d’Osaka avant, un an plus tard, de remporter le prestigieux concours Reine Elisabeth. Elle devient ensuite premier violon du Quatuor Artemis en 2012 (remplaçant alors Natalia Prishepenko), qu’elle quitte en 2021, tout en tenant la place de violoniste au sein du Trio Dali, lequel s’était rapidement fait remarquer par un très beau disque consacré à Maurice Ravel. Durant la même période, elle travaille également au sein de divers orchestres, que ce soit comme premier violon solo de l’Orchestre philharmonique des Flandres (codirigé par Edo de Waart et Philippe Herreweghe) de 2011 à 2013 ou, en qualité d’invitée, comme premier violon solo de l’Orchestre de l’Opéra royal de Bruxelles ou du Philharmonique de Bruxelles, ou encore comme soliste cette fois‑ci, accompagnée pour l’occasion par le Philharmonia, l’Orchestre de chambre de Londres, l’Orchestre philharmonique des Flandres (voir ici) ou l’Orchestre national de Belgique. Entrée il y a peu au Philharmonique de Berlin (en mai 2022 seulement) dans les rangs des premiers violons, Vineta Sareika-Völkner a donc franchi toutes les étapes pour devenir la première femme à être violon solo du prestigieux orchestre, prenant donc la place laissée vacante par le vétéran Daniel Stabrawa (entré en novembre 1983 avant de succéder à Michel Schwalbé comme Konzertmeister), et devenant donc la troisième titulaire du poste aux côtés de Daishin Kashimoto et de Noah Bendix-Balgley. Elle rejoint ainsi d’autres femmes également premier violon solo de leur orchestre, qu’il s’agisse d’Albena Danailova au Philharmonique de Vienne, de Jiyoon Lee à la Staatskapelle de Berlin, de Jung‑Min Amy Lee à l’Orchestre de Cleveland ou, en France, de Sarah Nemtanu à l’Orchestre national…



M. Carruzzo (© Monika Rittershaus)


Le hasard veut que l’arrivée de Vineta Sareika-Völkner comme Konzertmeisterin coïncide, à quelques jours près, avec le départ de la première femme entrée à l’Orchestre philharmonique de Berlin, en la personne de la Suissesse Madeleine Carruzzo. Née à Sion le 9 avril 1956, elle intègre en effet le pupitre des premiers violons le 1er septembre 1982 à l’issue d’une audition où treize postulants se présentaient (bien avant donc la fameuse polémique Sabine Meyer ayant, comme on le sait, opposé et durablement affecté les relations entre l’orchestre et Herbert von Karajan, son chef à vie). Pour la petite histoire, et comme cela est notamment narré dans son bref portrait visible sur le Digital Concert Hall de l’orchestre, Madeleine Carruzzo, pendant de nombreuses années, a longtemps joué un violon de 1653 du luthier Cappa qui a longtemps été la propriété de Hans-Joachim Westphal, légendaire chef d’attaque des seconds violons des Berliner, qui le lui vendit lorsqu’il prit sa retraite, lui qui était entré dans l’orchestre sous... Furtwängler ! Signalons à cette occasion que les femmes intégrèrent les Berliner Philharmoniker tout doucement, Madeleine Carruzzo étant donc longtemps la seule femme au sein d’un orchestre entièrement masculin : Gertrude Rossbacher rejoint les pupitres d’altos le 12 mars 1987 avant que Suzanne Calgéer ne fasse partie des seconds violons le 15 février 1988, rejointe au sein des mêmes pupitres par Eva‑Maria Tomasi le 1er mars 1990. Les années 1990 et 2000 verront plusieurs femmes nommées au sein du Philharmonique, dont Marie‑Pierre Langlamet au poste de harpiste solo (le 1er septembre 1993), Marion Reinhard comme bassoniste et contrebassoniste à partir du 1er mai 1999 et la charismatique corniste américaine Sarah Willis, qui arrive pour sa part le 1er septembre 2001. Aujourd’hui, et on ne peut que s’en féliciter, les femmes sont beaucoup plus nombreuses même si elles ne sont que vingt‑cinq sur un total de cent vingt‑sept musiciens.



M. Carruzzo (de dos), R. Liebermann (© Monika Rittershaus)


Le hasard, toujours lui, veut que, lors du concert qui a vu partir Madeleine Carruzzo, le Philharmonique ait également vu partir Rüdiger Liebermann, également premier violon qui, né le 9 février 1956, avait intégré l’orchestre le 1er octobre 1980 comme second violon, avant de rejoindre les premiers en 1982. Une nouvelle arrivée à la retraite après celle, il y a quelques semaines, du vétéran Christhard Gössling, qui a pour sa part quitté son poste de trombone solo ; son successeur, Jonathon Ramsay, ancien trombone solo de l’Orchestre de chambre Mahler, est australien et aura ainsi la lourde tâche de succéder à un musicien dont l’allure austère n’aura eu d’égal que l’indéniable charisme dont il aura irradié l’ensemble du pupitre de cuivres durant trente‑neuf ans...


Sébastien Gauthier

 

 

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