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Entretien avec Caroline Murat 11/08/2022
C. Murat
Depuis dix‑sept ans maintenant, la station suisse de Gstaad vibre pendant les fêtes de fin d’année aux accords du Festival de Nouvel An. Les concerts ont lieu dans les superbes petites églises de la région, gage pour le public d’une étonnante proximité avec les musiciens. La manifestation a été créée par Caroline Murat, pianiste de renom.
Qu’est‑ce qui vous a motivée à créer un festival à Gstaad ?
Par ma carrière de pianiste, j’ai toujours été en contact avec le monde des festivals. Lorsqu’il a lancé le Festival de Verbier, Martin Engström m’a demandé de travailler avec lui et je me suis rendu compte de combien il était passionnant de réunir des musiciens que l’on aime. Le piano est un travail solitaire, alors qu’un festival est synonyme de communauté de musiciens et d’échanges. J’ai collaboré pendant vingt ans avec Martin, puis j’ai démarré les Sommets musicaux de Gstaad en 2000 et je me suis occupée de la programmation des trois premières saisons. Enfin, en 2005, j’ai lancé le Festival de Nouvel An. J’adore le contact avec les musiciens et je trouve passionnant de dialoguer avec eux pour imaginer puis construire un programme.
Le Festival de Nouvel An fait la part belle aux jeunes artistes prometteurs sans pour autant négliger les musiciens confirmés. Comment faites-vous pour attirer des têtes d’affiche à Gstaad ?
En tant que pianiste, je voyage énormément pour mes concerts et je rencontre de très nombreux musiciens. Je n’invite à Gstaad que ceux qui m’intéressent, qui me surprennent. J’essaie de repérer les artistes avant qu’ils ne deviennent célèbres. Je suis fière d’avoir réussi à faire venir Lisette Oropesa, Pretty Yende ou encore Nadine Sierra, souvent pour leur tout premier récital en Suisse. Lorsque je m’occupais des Sommets musicaux, j’avais invité Cecilia Bartoli, qui se produisait pour la première fois en récital en Suisse.
L’argent étant le nerf de la guerre, comment le Festival est‑il financé ?
J’ai la chance de pouvoir compter sur une mécène particulièrement généreuse, qui s’intéresse sincèrement à la musique ; le Festival lui doit énormément.
Pendant le Festival, vous êtes au four et au moulin, comme on dit familièrement. On vous voit plaçant les partitions sur les lutrins avant un concert ou monter sur scène pour faire patienter le public en raison d’une tempête qui a retardé l’arrivée des musiciens.
Nous sommes une petite équipe et il faut s’occuper de tout. Mais ainsi, nous n’avons pratiquement pas de dépenses administratives et tout va aux concerts.
Quels sont vos coups de cœur pour cette année ?
Tous les concerts que j’ai programmés sont des coups de cœur, il est donc très difficile pour moi de faire une sélection. Je citerais néanmoins le concert réunissant le très jeune violoncelliste Willard Carter et la délicieuse soprano suisse Brigitte Hool. Il y a aussi Bohdan Lutz, un violoniste d’à peine 17 ans, accompagné par le pianiste Kim Bernard. Je citerais également le pianiste Bernard Fontaine, qui va improviser notamment sur des pages de Franck. Bien évidemment, le piano ne sera pas oublié durant cette édition. Et je suis très fière d’ouvrir le Festival avec Catherine Trottmann, une soprano suisse.
Le site du Festival de Nouvel An
[Propos recueillis par Claudio Poloni]
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