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CD, DVD et livres: l’actualité d’avril
04/15/2020


Au sommaire :

Les chroniques du mois
En bref
ConcertoNet a également reçu




Les chroniques du mois





Must de ConcertoNet


    La mezzo Adèle Charvet


  Les Grands Quatuors de Jean-Michel Molkhou


    Le Trio Karénine


    Le Trio Atanassov


    Elodie Vignon interprète Dutilleux


    Issé de Destouches


    Fabrice Bollon dirige Magnard


    Cristophe Rousset dirige Tarare


    Sviatoslav Richter interprète Mozart


    Joseph Fort dirige Holst




 Sélectionnés par la rédaction


    Lire, entendre, transmettre d’Alain Damiens


    L’Espace des possibles de Frédéric Durieux


    La pianiste Isıl Bengi


    Mouvement contraire de D.-E. Inghelbrecht


    Raoul Barbe-Bleue de Grétry


    New Collegium interprète Telemann


    Le Quatuor Kitgut


    Etsuko Hirose interprète Moszkowski


    Lettres et mémoires de Maria Callas


    Le pianiste Victor Schiøler


    Vladimir Jurowski dirige Tchaïkovski




 Oui !

Camerata Köln interprète Telemann
Elephant House Quartet interprète Telemann
Hervé Niquet dirige Berlioz
Mozart par Daniel & Michael Barenboim et Kian Soltani
L’ensemble Sandbox Percussion
Fawzi Haimor dirige Antheil
Œuvres de Mathias
La pianiste Aline van Barentzen
Hommage à Eugène Ysaÿe
La violoncelliste Cyrielle Golin
Prospectives musicologiques de Danièle Pistone
Kaëlig Boché et Thomas Tacquet interprètent Cartan



Pourquoi pas ?

Alexandre Bloch dirige Ravel et Attahir
La revue Pour les sonorités opposées
Egmont de Beethoven et Lenore de Reicha
Sebastian Weigle dirige Wozzeck
La violoniste Amanda Favier
L’ensemble Musica Nigella interprète Chausson
Alberto Ferro interprète Rachmaninov
Suzana Bartal interprète Liszt



Pas la peine

L’Ensemble Eolus interprète Telemann
Le ténor Piotr Beczala
Marek Janowski dirige Cavalleria rusticana
Le Quatuor (de clarinettes) Anches Hantées
Mari Kodama interprète Beethoven
La soprano Iryna Kyshliaruk
Le violoniste Virgil Boutellis-Taft
Thomas Oliemans chante Schubert
Arie van Beek dirige Pépin
La violoniste Marina Chiche



Hélas!

Alain Buet chante Schubert
Laura Mikkola interprète Chaillou




En bref


Trois Schumann
En marge de l’année Beethoven
Hommage à Eugène Ysaÿe
Deux cycles de lieder de Schubert
Paisibles incantations d’un violoniste
Les explorations inattendues de Danièle Pistone
Jean Cartan, trop tôt disparu
Les arbres de Camille Pépin
Une troupe solide pour Wozzeck
Le «Son» d’Iryna Kyshliaruk ne fait pas rêver



Trois Schumann





Le patronyme est courant dans les pays germaniques: d’où cet album intitulé «Un moment musical chez les Schumann». Car il y a bien sûr Robert, dont la violoncelliste Cyrielle Golin et le pianiste Antoine Mourlas donnent une version sensible et nuancée des Pièces dans le ton populaire. Mais il y a aussi, sans le moindre rapport familial avec Robert, les frères Schumann de Königstein (Saxe): Georg (1866-1952), successeur de Bruch à la classe de composition de l’Académie prussienne (1913-1945), dont des œuvres pour orchestre ont déjà été enregistrées pour cpo (voir ici), et Camillo (1872-1946), organiste à Eisenach (1896-1914), qui a, quant à lui, été remarqué par Naxos (pour ses deux premières sonates pour violoncelle). Héritiers plus que novateurs, l’un comme l’autre s’inscrivent dans la tradition, mais leur production se révèle d’excellente facture, servie par une inspiration mélodique généreuse. La Première (1905) des trois sonates de Camillo penche davantage vers Bruch, bien qu’un thème du premier mouvement rappelle celui du Premier Concerto de Rachmaninov, tandis que l’unique Sonate (1897) de Georg, toujours en trois mouvements mais plus développée, serait plutôt d’ascendance brahmsienne. Malgré une prise de son un peu trop réverbérée, que voilà un beau duo, où le violoncelle s’exprime avec noblesse et où le piano n’est nullement relégué au second plan (Klarthe K093). SC




En marge de l’année Beethoven


          


Beethoven, encore et toujours en cette année, mais ici dans des démarches marginales offrant des angles inattendus, quoiqu’avec des résultats mitigés.
Ainsi de la transcription pour quatuor de clarinettes du Sixième Quatuor, dont le sous-titre qui lui est parfois accolé («La Malinconia») est celui de l’album du Quatuor Anches Hantées. Davantage que son esprit, c’est sans doute la nature de l’œuvre qui change le plus, la musique de chambre semblant évoluer ici en musique de plein air, pour quelque aubade ou sérénade. La clarinette sied bien sûr à Mozart, mais les attentes que suscite une partition d’inspiration aussi élevée que le Quinzième Quatuor, également arrangé par le clarinettiste Bertrand Hainaut, ne sont pas comblées, sans compter des sonorités parfois peu agréables dans l’aigu. A vrai dire, nonobstant la dextérité des musiciens, il est permis de se demander si les clarinettes peuvent espérer réussir en quatuor aussi bien que leurs prestigieux aînés, les saxophones. Mais bien que le répertoire soit loin d’être aussi large, la piste la plus prometteuse pourrait celle des œuvres originales, comme celle que le présent disque propose, d’ailleurs destinée au Quatuor Anches Hantées. Philippe Hersant prête à ses Huit Esquisses (2018) un «parfum populaire» (mais bien sûr, à une exception près, «il s’agit cependant de "folklore" imaginaire»): dans ces très brèves pages (d’une durée de 30 secondes à 2 minutes) qui possèdent quelque chose du premier Ligeti, le compositeur trouve à nouveau l’occasion, comme dans ses Ephémères pour piano, d’exprimer son talent de miniaturiste (Anima Records ANM/190901).
On retrouve le Sixième Quatuor, du moins son deuxième mouvement, dans l’album, intitulé «Kaléidoscope», que Mari Kodama, après des intégrales des Sonates et Concertos, consacre à des transcriptions rarement jouées et enregistrées, quand il ne s’agit pas purement et simplement de premières au disque. Car si Beethoven avait transformé l’une de ses sonates (la Neuvième) en quatuor à cordes, Saint-Saëns, Balakirev et Moussorgski procèdent, de manière plus traditionnelle, dans le sens contraire, avec l’arrangement pour piano de deux mouvements de quatuors chacun, ce qui démontre, à tout le moins, l’intérêt de ces compositeurs pour une musique encore réputée d’accès difficile en leur temps. Quant à Beethoven, il a lui-même transcrit (assez librement) le thème et variations final du Quintette avec clarinette de Mozart. Tout cela est finement écrit pour le piano et interprété par la pianiste japonaise, mais ne va guère au-delà de la curiosité (Pentatone 518 6841). SC




Hommage à Eugène Ysaÿe





Sous le titre «A Tribute to Ysaÿe» (en anglais dans le texte), Fuga Libera publie un coffret de cinq disques donnant une image très complète de la personnalité d’Eugène Ysaÿe (1858-1931). D’abord l’interprète, bien sûr, qui suscita, commanda, reçut ou créa des jalons essentiels de la littérature pour violon, à commencer par la Sonate que son compatriote liégeois Franck lui dédia à l’occasion de son mariage, mais également le Concert et le Poème de Chausson, la Sonate et le Quatuor avec piano (inachevé) de Lekeu ainsi que le Quatuor de Debussy. Mais c’est aussi, et peut-être surtout, un hommage au compositeur, dont on mesure la lente maturation, depuis de vaines tentatives concertantes – le (premier) mouvement restant d’un Concerto en ré mineur et, lui aussi de grandes proportions, le premier des deux mouvements entièrement achevés d’un Concerto en mi mineur – et la virtuosité du Caprice d’après l’Etude en forme de valse de Saint-Saëns jusqu’à des pages dont certaines mériteraient de se faire une place au répertoire. Il en est avec orchestre: Poème élégiaque, préfigurateur de celui de Chausson (ici dans un enregistrement de Tedi Papavrami déjà publié par aeon il y a dix ans), Méditation (pour violoncelle), Amitié (pour deux violons) et Harmonies du soir (pour quatuor), qui n’est pas sans évoquer La Nuit transfigurée. Les autres sont chambristes, avec piano (Légende norvégienne, Rêve d’enfant), avant que les cordes seules ne s’expriment, et ce de la plus belle manière: une Sonate pour deux violons de 34 minutes dédiée à la reine Elisabeth, son élève, d’une richesse telle que son premier mouvement devint un Trio de concert en une partie «Le Londres» (pour deux violons et alto) et surtout le fascinant Trio de concert «Le Chimay», qui n’a rien à envier au fameux cycle de six Sonates pour violon seul. Les interprètes de tempérament différent réunis pour ce beau projet associent de jeunes musiciens issus du concours ou de la Chapelle musicale Reine Elisabeth et leur maîtres (Augustin Dumay, Miguel da Silva, l’altiste de feu le Quatuor Ysaÿe, Gary Hoffman) mais aussi Renaud Capuçon, Henri Demarquette, Pavel Kolesnikov, Maria Milstein, le Quatuor Hermès, l’Orchestre philharmonique royal de Liège et le Brussels Philharmonic (FUG 758). SC




Deux cycles de lieder de Schubert


          


Succès mitigé pour deux des grands cycles de lieder de Schubert, toujours prisés des interprètes.
Le Voyage d’hiver, dont la discographie est riche, voire pléthorique, a connu ces derniers mois une avalanche de nouveaux enregistrements dans des «versions» très variées. Chanté pour le meilleur et pour le pire par des barytons (Goerne, Mattei), ténors (Prégardien père et fils, Breslik, Bostridge), contre-ténors (Sabata)... et pour l’innommable, très récemment en polonais «d’après Schubert» (Stanislaw Baranczak) par une basse type Boris Godounov, raccourci et «réapproprié» façon cabaret berlinois par un soprano à la voix fluette et débraillée (Noëmi Waysfeld) et même par un baryton à la voix hors d’usage accompagné par un orchestre de chambre «ancien». Alain Buet, nous prévient le flyer publicitaire, «met sa voix chaude et claire au service d’une première mondiale qui vous fera (re)découvrir Le Voyage d’hiver». On peut affirmer l’exact contraire quant à la voix qui, de ligne incertaine et usée, souvent un peu un peu au dessous de la justesse met extraordinairement mal à l’aise. Dans une transcription de Gilone Gaubert, l’expérience de l’accompagnement par un quatuor (le Quatuor Les Heures du jour), qui est tout sauf une première, sera laissée à l’appréciation de chacun. Pourquoi ou pourquoi pas (Muso MU 035)?
Comme pour Le Voyage d’hiver, la déjà riche discographie de La Belle Meunière ne cesse de s’enrichir. Cet enregistrement du cycle de Schubert et Müller, capté en juin 2019 dans la série des «Lundis musicaux» de l’Athénée et publié par l’excellent éditeur indépendant B Records, ne détrônera cependant aucune des versions existantes. Il est probable que le public ait passé une bonne soirée en compagnie de ces deux artistes avec lesquels le cycle tient ses promesses. Mais l’écoute du disque souligne les défauts que sont l’arbitraire des choix de tempi très excessifs; le timbre monotone de Thomas Oliemans (baryton néerlandais et non danois comme l’indique le livret) et son ton volontiers martial avec des ports de voix et un vibrato qui ruinent souvent la ligne; la véhémence de l’accompagnement de Malcolm Martineau. Cela méritait-il vraiment d’être édité quand tant de versions excellentes sont disponibles (LBM 025)? OB




Paisibles incantations d’un violoniste





La note d’intention de l’album «Incantation» de Virgil Boutellis-Taft, dont notre site a par ailleurs mis en ligne un compte rendu en anglais, laisse envisager le pire: «L’incantation recèle bien des mystères: répétée, scandée, susurrée, elle charme, envoûte, voire ensorcelle». Et de préciser que le violoniste français «se propose ici de lever le voile sur ses pouvoirs secrets, ceux-là mêmes qui résident dans le chant fascinant de son instrument». Après des prémisses aussi sirupeuses, la surprise vient d’un violon en retrait, d’un volume peu puissant, jamais le cœur sur la main, mais assez tiède et étale. Malgré le caractère varié, pour ne pas dire hétéroclite du programme, mollement soutenu par le Royal Philharmonic Orchestra sous la baguette de Jac van Steen, c’est l’homogénéité du ton, nettement plus paisible qu’incantatoire, qui s’impose, du Kol Nidrei de Bruch à un extrait de la musique d’In the Mood for Love d’Umebayashi en passant par la Chaconne de Vitali, un arrangement de la Danse macabre de Saint-Saëns, la Sérénade mélancolique de Tchaïkovski, «Nigun» de Bloch et le Poème de Chausson (Aparté AP234). SC




Les explorations inattendues de Danièle Pistone





Prospectives musicologiques réunit dix études de Danièle Pistone, professeur émérite à la Sorbonne, regroupées en trois thématiques: «Entre histoire sociale et sociomusicologie», «Propositions méthodologiques» et «Vers l’esthétique». On y retrouve la dilection de la musicologue, qui s’appuie volontiers sur les apports d’autres disciplines des sciences humaines, pour le XIXe siècle français et, surtout, pour des thèmes encore peu explorés, autant d’angles morts qu’elle s’emploie à investiguer systématiquement et rationnellement. Les sujets retenus suscitent la curiosité, voire la perplexité, mais leur traitement réserve d’intéressantes surprises et ouvre de nouvelles pistes de travaux musicologiques: ainsi de ces textes sur les catalogues d’œuvres, les titres des œuvres musicales, les créations d’associations dans le domaine de la musique, le genre de la biographie musicale, l’analyse lexicologique du terme «style» en musique ou l’analogie (à partir de l’exemple des musiques de l’eau). Un ensemble varié et stimulant, d’autant que la rigueur de l’approche n’exclut pas la clarté de l’expression (L’Harmattan, collection «Musiques en question(s)», 264 pages, 26 euros). SC




Jean Cartan, trop tôt disparu





Fils et frère de célèbres mathématiciens, Jean Cartan (1906-1932) a notamment étudié dans la classe de Dukas (avec Messiaen et Duruflé) et a bénéficié du soutien amical de Roussel. Sous le titre «Partir avec un idéal», Kaëlig Boché et Thomas Tacquet donnent à entendre ses quatorze mélodies. Avant même l’écoute, le choix des poètes comme celui des dédicataires (Jane Bathori, Claire Croiza, Suzanne Peignot) ne peuvent qu’éveiller l’intérêt, qui, nonobstant l’appréciation que chacun sera libre de se faire quant à timbre du ténor français, n’est pas déçu par le raffinement fauréen, debussyste et ravélien des Trois Poésies de François Villon et des Cinq Poèmes de Tristan Klingsor et par le langage plus personnel des Trois Chants d’été (sur un poème de Rimbaud et deux de Franz Toussaint), des Deux Sonnets de Mallarmé et du Psaume XXII. Complétant ce récital, le bref triptyque Hommage à Dante (dont il existe une version pour orchestre) et les deux sonatines pour piano (dont le disque semble intervertir les plages par rapport aux indications données par le livret), excellemment défendus par Thomas Tacquet, sont encore plus passionnants: si le néoclassicisme de la seconde sonatine (originellement pour flûte et clarinette) évoque bien moins le groupe des Six que Roussel ou Honegger, les deux autres œuvres constituent une véritable révélation. La (première) Sonatine en trois mouvements (inédite) se révèle fort audacieuse de la part d’un jeune homme de dix-neuf ans qui n’étudie au Conservatoire que depuis une année: les harmonies recherchées, au-delà de l’héritage debussyste, et le sérieux de l’inspiration, bien loin de la frivolité du temps, pourraient évoquer Koechlin, Emmanuel ou Durosoir, voire le premier Messiaen, ce que les deux Chorals et l’Hymne formant Hommage à Dante, six ans plus tard, ne viennent pas démentir. Emporté à vingt-cinq ans par la tuberculose, Cartan, comme Pierre-Octave Ferroud et Jehan Alain dans sa génération, est de ceux dont la disparition précoce a sans doute privé la musique française de figures importantes. Cette publication complète donc opportunément l’intégrale de la musique de chambre (dont deux quatuors) donnée par Timpani en 2011 mais on attend toujours de pouvoir découvrir la cantate Pater (Hortus 183). SC




Les arbres de Camille Pépin





The Sound of Trees (2019) donne son titre à un court album associant Camille Pépin (née en 1990) à l’Orchestre de Picardie, auprès duquel elle a été «compositeur en résidence», et à Arie van Beek, son directeur musical. Le «concerto» de cette élève d’Escaich, Connesson et Dalbavie met au premier plan d’excellents solistes, le clarinettiste Julien Hervé et le violoncelliste Yan Levionnois, mais s’en tient à une pâle copie de musique répétitive américaine des années 1970. Après les arbres du poème de l’Américain Robert Trost, l’Amiénoise remonte dans son arbre généalogique musical, avec un hommage à Debussy et Lili Boulanger. L’idée consistant à adapter pour le même effectif orchestral que son concerto (celui d’une «formation Mozart») les deux dernières des trois pièces de la Première Série des Images («Hommage à Rameau», «Mouvement») pouvait apparaître séduisante, mais la réalisation se révèle décevante: davantage que son caractère assez peu «debussyste» – après tout, on peut admettre un tel parti pris – la sonorité d’ensemble reste trop souvent mate et terne, sinon dans la partie centrale de «Mouvement». S’agissant du diptyque D’un soir triste et D’un matin de printemps, le résultat semble mieux venu mais la démarche surprend car Lili Boulanger elle-même en avait déjà réalisé une orchestration (NoMadMusic NMM074). SC




Une troupe solide pour Wozzeck





Oehms Classics continue fidèlement de faire connaître les productions de l’Opéra de Francfort. Ainsi de ce témoignage sonore d’une nouvelle production de Wozzeck de Berg donnée en juin et juillet 2016 dans une mise en scène de Christof Loy: un vrai spectacle de troupe à l’allemande, la plupart des chanteurs étant attachés à la maison hessoise et, sans être des vedettes, proposant des incarnations convaincantes de l’ensemble des personnages à un niveau collectif d’une grande homogénéité et avec une très forte implication dramatique. Le Generalmusikdirektor Sebastian Weigle conduit l’ensemble avec fermeté, voire sécheresse, dans l’esprit des années 1920, quoique davantage du côté de Weill que de l’expressionnisme ou du postromantisme (coffret de deux disques OC 974). SC




Le «Son» d’Iryna Kyshliaruk ne fait pas rêver





Que l’on ne s’y trompe pas! Ce programme qui convoque Moussorgski (Enfantines), Liszt (choix de lieder) et Rachmaninov (Six Poèmes opus 38) s’appelle «Son» car en russe cela veut dire «rêve». Le soprano Iryna Kyshliaruk est ukrainien et sa pianiste Yun-Ho Chen taiwanaise. Il fait partie d’une nouvelle collection «Futur» de l’éditeur français Mirare, qui, en partenariat avec le Conservatoire national supérieur de musique de Paris, ambitionne de révéler de jeunes talents dès leurs débuts à un prix attractif (autour de 10 euros) dans une présentation simple (album cartonné) mais élégante. Il faudra attendre cependant pour s’enthousiasmer pour ce duo. Est-ce la prise de son? Les aigus du soprano sont si stridents et parfois incertains que cela gâche l’audition. La voix n’a pas beaucoup d’amplitude et peine à trouver le ton juste dans les lieder de Liszt. Les mélodies russes de Moussorgski et Rachmaninov surtout conviennent mieux à son tempérament mais exposent les même défauts vocaux. L’accompagnement de Yun-Ho Chen est virtuose mais ne propose ni relance ni couleur à une voix par trop monotone (MIR 486). OB




ConcertoNet a également reçu




Marina Chiche: «Post-scriptum»
«Le bis, c’est un post-scriptum: brève ligne ajoutée à la fin d’une longue lettre, où peut se transmettre, en quelques mots, un message fort». Belle définition que la violoniste (née en 1981), accompagnée par Aurélien Pontier, illustre en à peine une heure avec dix-huit pièces plus (Kreisler, Sarasate, arrangements divers de Heifetz) ou moins (Achron, Korngold) attendues, revenant aux albums mythiques de son enfance. Dans ces pages loin d’être insignifiantes, elle ne manque ni du panache ni du charme requis, mais l’aigu se révèle parfois incertain et la sonorité inégalement séduisante (NoMadMusic NMM072). SC


Amanda Favier: Stravinski, Corigliano
Même éditeur, même génération d’artistes: pour son premier disque concertant, la violoniste française (née en 1979) fait preuve d’originalité en choisissant le Concerto de Stravinski. Techniquement très aboutie, pleine de caractère et de fraîcheur, cette version bénéficie en outre de la direction fine d’Adrien Perruchon à la tête de l’Orchestre philharmonique royal de Liège, que la prise de son relègue hélas un peu trop au second plan. En revanche, avec le Concerto «Le Violon rouge» (2003) de John Corigliano, fondé sur la musique écrite pour le film éponyme et destiné à Joshua Bell, on ne parvient décidément pas à suivre la soliste, qui, si elle y déploie les mêmes qualités, estime que les deux œuvres sont «les musiques de tous les possibles avec des textures et des couleurs modulables à l’infini» (NoMadMusic NMM073). SC


Musica Nigella: Chausson
Il faut toujours saluer ceux qui rendent hommage à ce génie disparu dans la force de l’âge. Davantage que pour deux de ses œuvres les plus justement reconnues – le Concert et l’ultime Chanson perpétuelle – le présent album, intitulé «Le Littéraire», suscite l’intérêt grâce à la très rare musique de scène pour La Tempête de Shakespeare, dont Takénori Nemoto, directeur musical de l’ensemble pas-de-calaisien, a reconstitué la version de chambre à la coloration très «française» (flûte, trio à cordes, harpe et célesta), probablement antérieure à la version symphonique. Il y a grand profit à découvrir ces cinq pièces, dont trois vocales (soprano et mezzo, en solo ou en duo), délicatement archaïsantes, presque fauréennes, qui contredisent la proverbiale mélancolie du compositeur (Klarthe K102). SC


Alberto Ferro: Rachmaninov
Deuxième prix au concours Busoni (2015) et sixième prix au concours Reine Elisabeth (2016), le pianiste sicilien (né en 1996), formé à Catane par Epifanio Comis, un spécialiste du compositeur ruse, se lance dans l’intégrale des dix-sept Etudes-Tableaux des Opus 33 et 39. Si la photographie illustrant l’album fige l’interprète dans une furia qui pourrait laisser craindre quelque dévoreur d’ivoire enclin aux débordements virtuoses et au mauvais goût, il n’en est rien: sur un Fazioli fort bien enregistré, le toucher subtil, jamais brutal, et la clarté du jeu comme des idées mettent en valeur la respiration poétique de ces brèves pages, et c’est presque même un excès de timidité qu’on serait tenté de reprocher à l’interprète (Muso mu-036). SC


Suzana Bartal: Liszt
La pianiste française marque spectaculairement son entrée chez Naïve avec une intégrale des Années de pèlerinage, qu’elle a déjà jouée en public durant une seule journée, exploit que les circonstances l’auront empêché de renouveler fin mars salle Cortot. On retrouve ici les caractéristiques de l’aperçu qu’elle en avait donné en récital l’été dernier, moins de trois mois après le présent enregistrement: un piano sobre, sans souci de l’effet ou de la démonstration, très articulé, droit, voire carré, mais non dépourvu de spontanéité («Au bord d’une source», «Eglogue», «Les Jeux d’eaux de la villa d’Este»), de bravoure («Orage», «Après une lecture du Dante») ou de profondeur («Le Mal du pays»), davantage mis en valeur dans l’économie de moyens et d’expression de la Troisième Année (album de trois disques V 7082). SC


David Chaillou: Légendes
«J’ai voulu retrouver au piano cette même idée de brouillage entre passé et présent, et la liberté de l’imaginaire» indique le compositeur (né en 1971) à propos de ce cycle de 50 minutes en onze parties, «voyage intérieur, [...] parcours d’écoute qui forme une sorte de fil narratif sans paroles». Avec regret, car il est toujours dommage d’aboutir à un constat d’échec, et sans que la faute puisse en être imputée en quoi que ce soit à la pianiste Laura Mikkola, on avouera être passé totalement à côté de cette musique que son auteur décrit comme «un halo sonore que l’on pourrait qualifier de spectra-tonal», fluide et transparente, planante et hypnotique, atmosphérique et lancinante, à base de petites notes répétées et d’harmonies peu variées. Voilà une publication qui aurait sans doute mieux trouvé sa place chez ECM, dont le dépouillement chic semble d’ailleurs avoir inspiré la couverture (Fuga Libera FUG 761). SC


La rédaction de ConcertoNet

 

 

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