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Orchestre de la Suisse Romande: saison 2020-2021
03/23/2020
Le regard vers le futur
La traditionnelle conférence de presse de Mars de l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) a eu lieu par l’intermédiaire des moyens technologiques. Les documents de la nouvelle saison ainsi qu’une vidéo de présentation ont été rendus disponibles. De la première lecture de cette saison, il faut retenir plusieurs vecteurs.
Jonathan Nott aborde une saison où il commence à reprendre des œuvres qu’il a déjà données avec son orchestre. C’est le cas de la Septième Symphonie de Beethoven ou de la Sixième Symphonie de Mahler. Il est très positif que musiciens et leur directeur musical puissent approfondir ensemble des pages majeures. C’est la base d’une relation qui se bâtit sur la durée et ne se limite pas à une simple exploration du répertoire.
Ce répertoire, justement, s’étend et... pas où nous pourrions l’attendre. Il y aura certes la création suisse des Réflexions pour piano et orchestre de Michael Jarrell, des œuvres d’Olivier Messiaen et de Witold Lutoslawski. L’Orchestre de chambre de Lausanne, avec qui l’OSR a un partenariat, jouera une création de Peter Eőtvős. Mais le répertoire s’agrandit avec... le baroque. Deux chefs issus de cette mouvance seront présents la saison prochaine: Ton Koopman et Leonardo García Alarcón y dirigeront respectivement Mozart et Haendel. L’OSR rejoint ainsi plusieurs phalanges qui s’ouvrent à des pratiques qui ont transformé de façon fondamentale et irréversible la manière dont nous écoutons une série de grands musiciens qui figuraient auparavant couramment dans leur répertoire.
Enfin, on peut sentir la patte de Steve Roger dans cette saison. C’est son agence qui avait fait venir Myung-Whun Chung pour une Neuvième Symphonie de Mahler somptueuse (voir ici). Ce dernier clôturera la saison avec le Requiem de Verdi. D’autres chefs de renom feront également leurs débuts à l’OSR: Jukka-Pekka Saraste, Constantinos Carydis, Juanjo Mena, Krzysztof Urbanski, Christoph Eschenbach. Du côté des solistes, le brillant pianiste suisse Francesco Piemontesi sera artiste en résidence. Mais on découvrira aussi pour leur première apparition à Genève Christine Karg, Radek Baborak, Khatia Buniatishvili, Karen Cargill, Bertrand Chamayou, Daniel Müller-Schott, Christian Tetzlaff...
Enfin, les fidèles de l’OSR seront de retour, que ce soit Manfred Honeck, Kazuki Yamada, Philippe Béran, Leonidas Kavakos et, parmi les solistes, Renaud Capuçon, David Fray, Maxim Vengerov, Sol Gabetta ou Kit Armstrong... Que les très nombreux musiciens qui n’ont pas été cités me pardonnent.
Parmi les nombreuses œuvres, permettez-moi d’en souligner certaines. Il y aura beaucoup d’œuvres de Mahler. Il faut s’en féliciter, Jonathan Nott a donné à l’OSR une crédibilité dans cette musique à cet orchestre de tradition française que l’on n’attendait pas. L’ouverture de la saison se fera par les Rückert-Lieder ainsi que la Quatrième Symphonie; quant à la Sixième Symphonie, c’est une des reprises les plus heureuses de cette saison. A côté de ces monuments, il y aura cependant quelques miniatures qui sont des joyaux. Il sera possible d’entendre le très rare Poème symphonique pour cent métronomes de György Ligeti ainsi que l’ouverture Mer calme et heureux voyage de Mendelssohn, une œuvre peu jouée qui est une de ses pages les plus fascinantes.
Voici au final une saison assez riche avec un bon mélange d’œuvres connues et certaines plus aventureuses que donneront une brochette d’artistes de tous horizons. Voici la marque du fait que le niveau artistique de cet orchestre est en progression et qu’il lui faut rapidement avoir sa «cité de la musique». Voici encore, s’il le fallait, une motivation supplémentaire de rester chez nous pour ralentir la propagation de la maladie afin de la maîtriser et enfin, le moment venu, de pouvoir ressortir mener une vie normale et de se retrouver, public et musiciens ensemble, dans un élan commun pour célébrer la musique et la vie.
La saison 2020-2021 détaillée de l’Orchestre de la Suisse Romande
Antoine Lévy-Leboyer
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