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CD, DVD et livres: l’actualité de septembre
09/15/2019



Au sommaire :
Les chroniques du mois
En bref
ConcertoNet a également reçu


Les chroniques du mois



Must de ConcertoNet


    Les Fêtes de Polymnie de Rameau


    Gijs Leenaars dirige Brahms


    La soprano Blandine Staskiewicz



 Sélectionnés par la rédaction


    François-Xavier Roth dirige Mahler


    Le Capricornus Consort de Bâle


    L’Ensemble Aedes


    Marc Minkowski dirige La Périchole


    Journal d’Olivier Greif


    Le Quintette Aquilon





 Oui !

Bruckner à la Radio bavaroise
Daniel Harding dirige Mahler
Mariss Jansons dirige Mahler
L’arpa festante interprète Graupner
Jérémie Rhorer dirige Olimpie de Spontini
Rossini de Jean et Jean-Philippe Thiellay
György Vashegyi dirige Les Indes galantes
Ward Stare dirige le Philharmonique de Rochester
Isabelle Faust interprète Bach
Bart Jacobs interprète Bach
Gabriela Montero interprète Montero et Ravel
Kirill Gerstein interprète Busoni
L’ensemble Le Consort
Evgeny Koroliov interprète Mozart
Lars Vogt interprète Mozart
Gustavo Gimeno dirige Chostakovitch
Paavo Järvi dirige Chostakovitch
Teodor Currentzis dirige Chostakovitch
Nicolas Stavy interprète Haydn



Pourquoi pas ?

Florian Heyerick dirige Graupner
Offenbach mis en scène par L. Pelly d’Hélène Routier
Martyna Pastuszka interprète des concerti grossi
La soprano Sandrine Piau
Maria et Nathalia Milstein interprètent Ravel
Philippe Mouratoglou interprète Sor
Menahem Pressler interprète Mozart
Maxim Emelyanychev interprète Mozart
Christian Chamorel interprète Mozart
Fabrizio Chiovetta interprète Mozart
Andrey Boreyko dirige Chostakovitch
Dmitri Liss dirige Chostakovitch et Victorova
Cornelius Meister dirige Chostakovitch et Stravinski
Noémi Boutin et le Quatuor Béla interprètent Schubert
La théorbiste Elizabeth Kenny
Le Quatuor Béla
Raphaël Duchateau et Julien Blanc interprètent Lenot



Pas la peine

Bruno Walter à Londres (1955)
James Levine dirige Mahler
«Schubert-Ellington» avec Karen Vourc’h
Evgeny Koroliov interprète Bach
Elsa Grether et David Lively interprètent Prokofiev
David Fung interprète Mozart
Anne Queffélec interprète Mozart
Peter Donohoe interprète Mozart
Manfred Honeck dirige Chostakovitch et Barber
Krzysztof Urbanski dirige Chostakovitch
Mariss Jansons dirige Chostakovitch
Le Quintette Tchalik interprète Escaich
Le Quintette de cuivres Les Siècles



Hélas!

La soprano Géraldine Casey
Mikhaïl Pletnev dirige Chostakovitch
Le contre-ténor Théophile Alexandre
Ivo Pogorelich interprète Beethoven et Rachmaninov





En bref


Le Consort sans frontières
Jacques Lenot et le souvenir
Le théorbe d’un siècle l’autre
Gerstein à la conquête de l’Everest busonien
Symphonies de Chostakovitch: quoi de neuf?
Sandrine Piau dans un programme rare
Heureux Sor
Tout le violon de Ravel et Prokofiev
L’Espagne de Géraldine Casey
D’Adamo en prologue à Schubert
Inutile «ADN Baroque»
Neuf pianistes dans les sonates de Mozart
Le Quatuor Béla en Afrique



Le Consort sans frontières





On connaît Le Consort, excellent ensemble français, qui, sous la houlette du claveciniste Justin Taylor, se fait une place de plus en plus visible dans le paysage de la musique baroque, pourtant bien rempli déjà... Voici son nouvel album, «Sept Particules», ainsi dénommé par référence à la pièce éponyme composée par David Chalmin (né en 1980) à l’attention du jeune ensemble, album enregistré en public lors du vingt-deuxième Festival de Pâques de Deauville, un des deux concerts où Le Consort avait été invité, en plus d’un programme consacré à Rameau, Bach et Mozart et d’ailleurs chroniqué dans nos colonnes. Nous avons ici un condensé de ce que sait faire Le Consort même si on le connaît surtout à travers la musique française (Dandrieu, Couperin...): un enthousiasme qui transpire à chaque note, un sens de l’écoute palpable à chaque mesure, une finesse du trait et de l’interprétation qui nous convainquent immédiatement. Après un bref concerto de Vivaldi (trois mouvements en moins de 4 minutes...), c’est à un des concertos de l’Opus 3 de Händel que nous invite la jeune bande. Véritable «concerto pour hautbois» comme ce fut d’ailleurs son ancienne dénomination, cette pièce en cinq mouvements bénéficie d’un engagement total, les violons toujours remarquables du duo Théotime Langlois de Swarte-Sophie de Bardonnèche emmenant leur petit monde avec entrain (l’Allegro ma non troppo), soutenu par une basse continue des plus solides, le hautbois de Johanne Maître éclairant l’ensemble avec délectation. La Sonate en trio du même Händel met en vedette l’excellent Sylvain Sartre (le Largo, de toute beauté), par ailleurs connu pour être le directeur artistique de l’ensemble Les Ombres. Parfaite transition avec le célèbre Concerto pour flûte à bec et traverso en mi mineur de Telemann dont on a ici une formidable interprétation: dialogue impeccable entre les solistes, accompagnement idoine, véritable réflexion interprétative (la place de la basse continue, gourmande à souhait dans le Presto conclusif ou les tempi, qui dénotent souvent avec ce que l’on a l’habitude d’entendre). Vite: on attend avec impatience d’autres réalisations concertantes de Telemann par Le Consort! Enfin, donc, Sept Particules qui, ajoute aux six musiciens du Consort Chalmin lui-même, à l’électronique, au chant et à la guitare. De la cellule rythmique obsédante de la «Particule n° 1» aux liaisons entre l’électronique et le clavecin («Particule n° 3»), l’œuvre se décline avec intérêt, certains passages reprenant l’esthétique classique de la musique baroque (le début de la «Particule n° 4» confié à la viole de gambe de Louise Pierrard) et faisant intervenir également de façon grinçante la flûte de Sylvain Sartre. Nouvelle preuve de l’esprit de découverte qui anime Le Consort, un ensemble dont on n’a pas fini d’entendre parler et dont on guette avec gourmandise les prochaines réalisations (B-Records LBM014). SGa




Jacques Lenot et le souvenir





L’une des sources privilégiées d’inspiration de Jacques Lenot (né en 1945), on le sait, réside dans le souvenir. En exergue de Reliquien (2015), il a ainsi placé ces quelques mots de l’écrivain cubain José Lezama Lima (1910-1976): «on dirait que nous caressons un souvenir qui s’évanouit et revient sous forme d’une pierre». En l’espèce, avec Reliquien (2015), le compositeur indique avoir eu «l’idée de graver musicalement [...] l’état de stupeur» ressenti en découvrant une installation du photographe et vidéaste portugais Daniel Blaufuks (né en 1963) sur Terezín. Autre constante de l’œuvre de Lenot, depuis 2010 et sa rencontre avec Raphaël Duchateau (né en 1983): la trompette. Associé au quatuor à cordes dans Et il regardait le vent, il bénéficie ici d’une nouvelle partition de grande ampleur (50 minutes), cette fois-ci avec le piano de Julien Blanc (né en 1990). Comme souvent chez Lenot, l’écriture est aphoristique: quarante-huit «déclinaisons» regroupées en trois parties, dont chacune s’ouvre sur de brèves questions du piano, peut-être beethovéniennes («Muss es sein?»), à moins que, sans réponse, elles ne renvoient à Ives (The Unanswered Question, où c’est d’ailleurs la trompette qui se fait interrogative). Cette technique de variation – autre référence beethovénienne, au demeurant – permet de tenir la durée, sans donner en outre l’impression d’un catalogue d’effets et de modes de jeu. Plus collaborative que conflictuelle, l’association des deux instruments laisse parfois place à des solos mettant en valeur le caractère lyrique, voire élégiaque, de la trompette, mais aussi le babil ou la puissance du piano. Pour Lenot, la douleur inhérente au souvenir ne se traduit pas par des cris, des éclats, des contrastes ou de la violence, mais relève de l’intime, du pudique et de l’allusif – c’était déjà le cas dans Le Tombeau d’Henri Ledroit et Suppliques. Au contraire, l’ensemble baigne dans une poésie volontiers nocturne, dont il n’est dès lors pas étonnant qu’elle s’abandonne parfois à de chaudes inflexions jazzy (L’Oiseau Prophète). SC




Le théorbe d’un siècle l’autre





Elément parmi d’autres de la grande famille des luths, le théorbe est un instrument immédiatement reconnaissable dans les ensembles baroques, son long manche attirant souvent le regard de l’auditeur-spectateur. Si Praetorius avait distingué à la fin du XVIe siècle les théorbes romain et padouan (le premier étant de taille plus imposante que le second), le théorbe a fini par ne désigner globalement qu’un seul et même instrument, appelé chitarrone en Italie. Dans son Harmonie Universelle (1636), l’érudit français Marin Mersenne estimait pour sa part que le théorbe n’était rien d’autre qu’un luth au manche plus long permettant ainsi de donner une plus grande étendue aux quatre dernières cordes (le luth possédant souvent onze cordes jusqu’au XVIe siècle, leur nombre ayant été plus important au fur et à mesure que l’on s’enfonçait dans l’ère baroque). Le théorbe s’avérait donc être un instrument des plus intéressants pour les compositeurs, qui savaient pouvoir en tirer toutes sortes de sonorités et profiter de sa facture pour multiplier les jeux de cordes et de doigtés: c’est ce qu’illustre pertinemment ce disque intitulé «Ars longa» où la joueuse de théorbe (qu’on ne nous en veuille pas de ne pas prendre à notre compte le terme parfois utilisé de théorbiste) Elizabeth Kenny nous transporte avec le même engagement de la première moitié du XVIIe siècle à la musique contemporaine des années 2000. Commençons d’ailleurs par ces derniers compositeurs: Sir James MacMillan (né en 1959), dont on entend ici «Motets 1», qui ouvre sa pièce Since it was the day in Preparation... (2011), Benjamin Oliver (né pour sa part en 1981, dont on peut écouter là sa composition Extending from the inside) et Nico Muhly, né la même année qu’Oliver, dont Elizabeth Kenny enregistre ici sa Berceuse with seven variations. La répétition de la même note pas moins de treize fois au début de la pièce de l’Ecossais MacMillan témoigne d’emblée de la variété sonore du théorbe, la mélodie rêveuse étant parfois émaillée d’accords plus brutaux sans que le propos ne perde pour autant en cohérence. Sonorités étranges et entêtantes que celles de la pièce d’Oliver, que l’on croirait presque jouées à la guitare basse agrémentée de temps à autre d’une guitare classique! Quant aux variations de Muhly, elles illustrent la variété des pincements de cordes sur un théorbe, à l’instar de cet étonnant «Scattershot», sans doute la pièce la plus originale des sept présentées. Avouons néanmoins – mais c’est là, avant tout, affaire de goût personnel – que nous sommes davantage convaincu par les pièces tirées du XVIIe siècle, sans doute l’âge d’or du théorbe où les compositions qui lui étaient dédiées utilisaient au mieux ses possibilités techniques et musicales. A tout seigneur tout honneur, commençons par Alessandro Piccinini, célèbre joueur de théorbe, qui a rassemblé dans ses Intavolatura di liuto, et di chitarrone, recueil dédié le 2 août 1623 à l’Infante d’Espagne Isabelle, plusieurs compositions présentes sur ce disque. Si la Toccata III présente un jeu assez sage, où toute l’importance de l’improvisation se fait sentir dans la deuxième moitié de la pièce, on est en revanche pleinement séduit par le jeu de Kenny dans la délicieuse Ciaconna, dansante et entraînante à souhait, dans la Romanesca con partite variate où les doigts se perdent dans des mélodies étonnamment modernes, la suspension du temps permettant aux résonnances de distiller toutes leurs couleurs, ou dans cette Corrente fondée sur un languissant rythme de sicilienne. Tout aussi entraînant, le Canario - Capona de Kapsberger et, dans un genre plus méditatif, sa Passacaille, dont Elizabeth Kenny magnifie les relances et brèves suspensions mélodiques. Les œuvres du Français Robert de Visée (dont on connaît au théorbe la célèbre et dramatique Chaconne en la mineur) concluent le panorama d’un disque aux éclairages finalement assez monochromes, mais dont la qualité est indéniable pour qui souhaite découvrir le théorbe et toute son actualité musicale, y compris la plus récente (Linn CKD 603). SGa




Gerstein à la conquête de l’Everest busonien





C’est, à une époque propice au gigantisme et aux longs développements – celle des symphonies de Mahler, des Gurre-Lieder de Schönberg – le concerto pour piano de tous les records: cinq mouvements, près d’une heure et quart de durée, un chœur d’hommes intervenant dans le final (à la manière de la Faust-Symphonie de Liszt) sur un extrait d’Aladin du poète danois Adam Oehlenschläger (1779-1850), qui devait inspirer à Nielsen une musique de scène quinze ans plus tard. C’est, bien sûr, du Concerto pour piano (1904) de Ferruccio Busoni qu’il s’agit: dans une parfaite structure en arche, deux redoutables scherzos encadrent un vaste «Pezzo serioso» (23 minutes!), ces trois pièces étant elles-mêmes serties entre deux mouvements de caractère solennel, dans un ut majeur serein et rayonnant, le tout unifié par quelques thèmes cycliques. Peut-être davantage encore que dans les autres pages du compositeur, la dualité entre l’Allemagne (mouvements impairs) et l’Italie (mouvements pairs) s’exprime de manière particulièrement éloquente. Assez rare au concert, comme on peut l’imaginer, l’œuvre n’est guère mieux représentée au disque, où les versions de John Ogdon (EMI, juin 1967) et, plus récemment, de Marc-André Hamelin (Hyperion, juin 1999) continuent de dominer. Enregistré en public les 10 et 11 mars 2017 dans l’acoustique assez réverbérée et imprécise du Symphony Hall, le présent album offre davantage de satisfactions pianistiques qu’orchestrales. Non que l’Orchestre symphonique de Boston ne se montre pas à la hauteur – le contraire eût été surprenant – mais Sakari Oramo semble parfois peiner à le motiver. Du coup, pour infaillible qu’il soit, dominant les difficultés et déployant une puissance dépourvue de violence superflue, Kirill Gerstein (né en 1979) se retrouve un peu seul, notamment dans les mouvements impairs, pour défendre la partition, même si le Chœur du Festival de Tanglewood s’investit énergiquement. Une prestation toujours sérieuse et soignée, qui aurait toutefois pu être rehaussée d’un petit grain de folie et de démesure, d’un supplément d’âme, de romantisme, d’épopée ou de mysticisme (Myrios Classics MYR024). SC




Symphonies de Chostakovitch: quoi de neuf?


          
          
          
          


          


Bien installées au répertoire des chefs et des orchestres, du moins pour les deux tiers d’entre elles, les Symphonies de Chostakovitch voient leur discographie s’accroître en parallèle, ce dont témoignent les nombreuses versions isolées publiées au cours des derniers mois.
La Première réussit à Gustavo Gimeno (né en 1976) et à l’Orchestre philharmonique du Luxembourg, dont il est le directeur musical depuis 2015: la sonorité est fine et très plaisante, en harmonie avec une direction claire et élégante, subtile et colorée. Les quatre compléments, essentiellement des pages de jeunesse antérieures même à cette symphonie (Scherzos en fa dièse mineur et en mi bémol, Thème et Variations en si bémol) mais aussi les plus tardifs et fascinants Cinq Fragments (dans l’ombre de la Quatrième), sont autant de raretés bienvenues (SACD Pentatone PTC 5186 622).
Mikhaïl Pletnev (né en 1957) et l’Orchestre national de Russie qu’il a fondé en 1990 poursuivent une intégrale au très long cours dont certains volumes ont été confiés à d’autres chefs (Berglund, P. Järvi, V. Jurowski, Kreizberg). La Quatrième apparaît hélas raide et appuyée, éteinte et confuse, poussive et peu inspirée: rédhibitoire dans cette œuvre hors norme qui ne supporte que l’excellence et qui en devient ici indigeste et peu intelligible. La Dixième demeure hélas tout aussi terne et pesante (album de deux SACD Pentatone PTC 5186 647).
Manfred Honeck (né en 1958) et l’Orchestre symphonique de Pittsburgh, dont il est le music director depuis 2008, donnent (en public) une Cinquième très «américaine», clinquante et mastoc, rutilante et dépourvue d’arrière-plans, gros sabots et tous cuivres dehors. Le couplage tient de la contemporanéité et non de l’esthétique, avec l’Adagio de Barber, au demeurant bien mieux venu (SACD Reference Recordings FR-724SACD).
Dans cette même Cinquième, Krzysztof Urbanski (né en 1982) et l’Orchestre de la Philharmonie de l’Elbe de la NDR dont il est le premier chef invité depuis 2015 proposent quelque chose d’assez semblable, peinant également à valoriser les ambiguïtés de la partition. On préfère ici aussi montrer les biceps, souligner quelques effets factices et privilégier le souci du détail sur la solidité de la construction. Un disque bien court, au demeurant, que la Sixième, par exemple, aurait parfaitement pu compléter (Alpha 427).
Pour cette Sixième, précisément, le même éditeur présente Paavo Järvi (né en 1962) et l’Orchestre du Festival d’Estonie qu’il a fondé en 2011. L’œuvre peut certes être conçue de manière moins séduisante et spectaculaire, plus noire ou sarcastique, comme le faisait Mravinski, mais on se réjouit de trouver ici de nombreuses qualités: une respiration naturelle, un phrasé qui chante à pleins poumons, un souffle qui porte l’ensemble. En complément, la version pour orchestre à cordes et timbales réalisée par Abraham Stassevitch, sous le nom de «Sinfonietta», de l’incontournable Huitième Quatuor interroge sur la présence des timbales (même si, dans la notice, Järvi assure que l’arrangement a été réalisé «avec la bénédiction personnelle du compositeur») mais bénéficie d’une interprétation tout à fait fidèle (Alpha 389).
Pour la Septième «Leningrad», Mariss Jansons (né en 1943) et l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise dont il est le Chefdirigent depuis 2003 sortent le grand jeu: moelleux et suave dans tous les pupitres, un véritable régal, mais beaucoup trop propre et aimable, manquant de poigne et de mordant (bien qu’enregistré en public en février 2016) pour rendre justice au cauchemar du premier mouvement. Ce n’est qu’ensuite qu’on retrouve un peu de vie, avec la légèreté du deuxième mouvement et le caractère hymnique du troisième, et même, dans le final, une vraie animation, certes sans flamboyer excessivement (BR-Klassik 900184).
Autre symphonie de guerre, la Huitième conduit vers une autre radio allemande, également en public en ce même mois de février 2016: Andrey Boreyko (né en 1957) avec feu l’Orchestre radio-symphonique de la SWR de Stuttgart, dont il fut le premier chef invité de 2004 à 2012, poursuit une série qui risque de rester inachevée compte tenu de la fusion de l’orchestre avec celui de Baden-Baden et Fribourg. Le chef russe ne fait pas dans la surenchère et dose les effets, à la tête d’un orchestre agréablement élancé: c’est sans doute au détriment de la tension – on a connu par exemple scherzo plus implacable et grinçant – mais il a néanmoins le mérite de tenir solidement cette immense architecture (SWR Music SWR19037CD).
Dans la Dixième, Dmitri Liss (né en 1960) et la Philharmonie du Sud des Pays-Bas, dont il est le chefdirigent depuis 2016, enregistrés en public en octobre 2018, réservent une bonne surprise: d’une grande musicalité, le propos est vivant et aéré, avec un orchestre certes pas parfait mais aux textures claires et à la pâte sonore allégée. Il est des visions plus paroxystiques et noires de l’œuvre mais il n’y a rien de tiède ici pour autant: une belle progression d’intensité dans le premier mouvement, un scherzo sans précipitation mais non moins terrifiant et acéré, un troisième mouvement persifleur et un final bien enlevé. En avant-propos, Quinlong Azure Dragon (2012) d’Olga Victorova (née en 1960), épouse du chef d’orchestre, offre 8 minutes virtuoses, ludiques et rythmées évoquant de façon assez figurative le dragon azur chinois (Fuga Libera FUG 756).
Cornelius Meister (né en 1980) et l’Orchestre radio-symphonique de l’ORF (Vienne) dont il fut le Chefdirigent et directeur artistique de 2010 à 2018 ont le mérite de s’attaquer (en public) à la malaimée Douzième «L’Année 1917». Mais ils relèvent le défi avec conviction et mettent beaucoup de cœur à sauver cette petite sœur de la Onzième «L’Année 1905», avec un remarquable sens dramatique, toujours sur le qui-vive, sans lourdeur rédhibitoire dans ces pages moyennement inspirées. Le couplage surprend, avec deux œuvres de Stravinski, la Suite de L’Oiseau de feu, détaillée avec minutie, et le Chant funèbre récemment redécouvert, dont le chef autrichien laisse s’épancher le surprenant postromantisme (Capriccio C5352).
Enfin, Alpha réédite l’un des premiers disques (2009) de Teodor Currentzis (né en 1972) avec MusicAeterna (orchestre de chambre de l’Opéra de Novossibirsk) qu’il a fondé en 2004: c’est une version extrémiste de la Quatorzième, corrosive et décapante, rêche et nerveuse comme une danse macabre, entrecoupée de quelques lueurs d’espoir ou de rémission, d’une douceur infinie. Les solistes, qui chantent en russe (on peut préférer la solution consistant à donner tous les poèmes dans leur langue originale), sont inégalement en phase avec cette veine expressionniste, le timbre de la basse Peter Migunov (né en 1974) paraissant presque trop lisse tandis que la voix de la soprano Julia Korpacheva (née en 1972) donne malheureusement l’impression d’être étouffée, comme si elle était placée derrière l’ensemble instrumental (Alpha 378). SC




Sandrine Piau dans un programme rare





Dans cet album «Si j’ai aimé», Sandrine Piau continue avec la Fondation Palazzetto Bru Zane de Venise d’explorer la mélodie française du XIXe siècle, en l’occurrence des mélodies avec orchestre, avec Le Concert de la Loge (sur instruments d’époque) de Julien Chauvin. Le choix du programme, vaste enregistrement de studio d’une heure de musique, inclut des mélodies rarement enregistrés, pièces de salon et de concert au propos principalement sentimental, de qualité littéraire inégale, et quelques pages orchestrales tout aussi rares. Un véritable programme donc, convoquant les grands musiciens de ce siècle si riche tels Massenet, Saint-Saëns, Duparc, Berlioz mais aussi les plus marginaux Théodore Dubois, Gabriel Pierné, Benjamin Godard, Louis Vierne et même le Padre Martini, dont Plaisir d’amour fut orchestré par Berlioz. On salue une fois de plus le savoir-faire de la fondation vénitienne et de son musicologue Alexandre Dratwicki, éditeur de toutes ces partitions. On distinguera de ce programme sa partie purement symphonique, qui, par le choix de ses pages rares, quatre pièces de Godard, Pierné, Massenet et Duparc, est un pur enchantement et fait briller à merveille les musiciens de l’ensemble de Julien Chauvin. On est moins enthousiasmé par le programme vocal, qui, s’il reste tout à fait adapté aux moyens vocaux et stylistiques de Sandrine Piau, n’est pas toujours très soigné sur le plan de la diction. La ligne de chant est trop souvent sacrifiée au texte et la monotonie gagne bien rapidement une succession de mélodies que sauve bien souvent plus l’originalité de leur orchestration que la ligne mélodique proprement dite. C’est dans les mélodies les plus connues de ce panorama («Villanelle» et «Au cimetière» des Nuits d’été de Berlioz) que cela est le plus gênant, tant on s’attend à savourer les vers de Théophile Gautier. Pour la rareté du répertoire (Alpha 445). OB




Heureux Sor





Fernando Sor (1778-1839) est-il le Chopin ou le Czerny de la guitare? A cette question, la (trop brève) anthologie de Philippe Mouratoglou (né en 1973) contribue à apporter une réponse. Il y a certes du Czerny dans l’infatigable pédagogue, pionnier de la guitare moderne, qui a laissé une Méthode complète et moult Etudes, Exercices très faciles et autres Petites pièces progressives. Mais les pièces sélectionnées pour cet album très soigneusement présenté et comprenant une intéressante notice de Gilles Tordjman démontrent de la part du compositeur et virtuose espagnol une réelle musicalité, entre Haydn et le premier romantisme: comment ne pas succomber ainsi à la douce romance de l’Andante Largo des Pièces opus 5 ou aux sonorités étranges des harmoniques de la Neuvième des Etudes opus 29? Dans ce premier quart du XIXe siècle français, Sor fait finalement penser, par son influence comme par son style, à ce que fut Hélène de Montgeroult à la même époque pour le piano. Ce n’est pas rien: alors, va pour le «Montgeroult de la guitare» (Vision Fugitive VF313017). SC




Tout le violon de Ravel et Prokofiev


          
Autrefois, on aurait parlé de (quasi-)intégrales de l’œuvre pour violon et piano de Ravel et Prokofiev. Mais c’était avant la mode consistant à associer un concept à un album: foin désormais de ces considérations ringardes et musicologiques, et va donc pour un «Ravel voyageur», d’un côté, et «Masques», de l’autre...
Les sœurs Milstein, issues d’une famille russe (sans rapport avec Nathan) installée en France depuis 1991, donnent tout ce que Ravel a écrit pour les deux instruments, et même plus: outre les deux sonates, Maria (né en 1985) et Nathalia (née en 1995) ajoutent des pièces originales – Berceuse sur le nom de Fauré, Pièce en forme de habanera et le fameux Tzigane – ainsi que des arrangements – les Cinq Mélodies populaires grecques (finement réalisé par Maria Milstein) et «Kaddish», première des deux Mélodies hébraïques (par Lucien Garban). Il n’y a donc pas tromperie sur la marchandise: on voyage bien, de l’Espagne à la Terre Sainte en passant par l’Europe centrale et la Grèce, sans compter le «Blues» de la Second Sonate. Bien sûr, l’essentiel n’est pas là, mais dans le jeu nuancé et versatile du violon, tantôt fragile, tantôt vigoureux, qui saisit le caractère très varié des différentes pièces, et le partenariat attentif du piano. Une séduisante invitation à un voyage musical (Mirare MIR416).
L’album d’Elsa Grether (née en 1980) et David Lively (né en 1953) tire son titre de l’une de ses pièces les plus brèves, «Masques» (extraite de Roméo et Juliette et arrangée par Heifetz). On y trouvera bien sûr par ailleurs les deux sonates, mais pas tout ce que Prokofiev a écrit pour cette formation, puisqu’il y manque les Cinq Mélodies, qui auraient sans doute avantageusement remplacé la tardive Sonate pour violon seul et la Marche de L’Amour des trois oranges (arrangée par Heifetz). Aux confins de la finesse et de l’acidité, le jeu de la violoniste française, bien soutenue par le pianiste américain, rend davantage justice à la légèreté des petites pièces et à la Seconde Sonate qu’à la terrible Première (Fuga Libera FUG 749). SC




L’Espagne de Géraldine Casey




N’ayant jamais entendu Géraldine Casey dans les rôles colorature (Lakmé, Gilda, Reine de la nuit) qui font sa réputation, il nous est difficile, au contraire de certains commentateurs de cet enregistrement de chansons et mélodies du grand répertoire espagnol des XIXe et XXe siècles, d’avoir la moindre indulgence pour ses deux interprètes. Le programme assez vaste de cet album «¡Espana!», qui va de Nin à Mompou, de Falla à Granados, de Turina à Obradors, ne convient absolument pas à ce type vocal plus à l’aise dans les sons aigus que dans ceux qui demandent du timbre et des couleurs. Le phrasé raide n’a rien de sensuel comme le réclame par essence cette musique. La prononciation est telle qu’aucune parole n’est compréhensible; il est donc impossible de suivre le moindre texte de ces chansons. Sauvons Mompou, qui, par son dépouillement mélodique et la sécheresse de certains phrasés, convient mieux à son chant. L’accompagnement au piano de Philippe Barbey-Lallia fait de son mieux pour apporter un peu de soleil dans ce récital mais on reste très hors sujet et très loin du compte (Klarthe KLA076). OB




D’Adamo en prologue à Schubert





Depuis plusieurs mois, Noémi Boutin et le Quatuor Béla présentent un concert où le Quintette à cordes de Schubert est introduit par une pièce d’une vingtaine de minutes commandée à Daniel D’Adamo (né en 1966). Intitulée Sur vestiges, elle oppose le quatuor, dans l’ombre, au violoncelle solo, incarnant une jeune fille qui «convoque des esprits – fantômes sonores, tour à tour doux ou menaçants». Le disque ne permet pas de bénéficier pleinement des effets de spatialisation recherchés par le compositeur argentin, mais n’en met pas moins en valeur une partition résolument évocatrice et expressive, comme une lointaine descendante de La Nuit transfigurée. Dans Schubert, les musiciens souffrent parfois d’une prise de son à la réverbération un peu trop marquée, mais plutôt que d’accentuer la dimension symphonique et spirituelle que certains interprètes associent à l’œuvre, privilégient avec constance la lumière, le chant, la sérénité, la Gemütlichkeit et le caractère chambriste (NoMadMusic NMM066). SC




Inutile «ADN Baroque»





Mettons tout de suite de côté nos partis pris et nos a priori! C’était en tout cas dans cette optique que nous avons lu la notice d’accompagnement de ce disque, avec force photos où le contre-ténor Théophile Alexandre pose tantôt nu sur le piano de son comparse Guillaume Vincent (né en 1991), tantôt seulement torse nu entre des lustres tombés d’on ne sait où et, d’ailleurs, peu importe, tantôt en tenue de soirée, le nœud papillon nonchalamment défait..., avant de le mettre consciencieusement sur notre platine, avoir pris notre casque et l’avoir plusieurs fois écouté, patiemment. Cet album «ADN Baroque», qui se veut donc une «mise à nu de l’homme et de ses états d’âme», nous donne à entendre vingt et un extraits d’œuvres baroques plus ou moins connus (de l’«Alto Giove» tiré du Polifemo de Porpora au non moins rabâché «Lascia ch’io pianga» issu de Rinaldo de Händel, en passant par «Dite oimé», mal orthographié soit dit en passant, extrait de La fida ninfa de Vivaldi ou «Cold song», extrait de King Arthur de Purcell) censés dépeindre vingt et une émotions (la célébration, la foi, les regrets, l’abandon...). On évitera les mots trop désobligeants pour qualifier ce résultat dans la mesure où il a été produit par des artistes visiblement convaincus de leur démarche mais qui, à nos yeux, s’avère totalement insipide. Insipide tout d’abord car, bien que formé et ayant chanté avec d’excellents spécialistes de ce répertoire (Malgoire, Christie, Cohën-Akenine...), Théophile Alexandre adopte un timbre souvent ingrat qui, en plus d’une occasion, masque une technique perfectible. Insipide également car l’accompagnement au piano est honnête mais comment diable peut-on remplacer ici un orchestre? Comment peut-on trahir à ce point l’alchimie voulue par un compositeur entre deux violons et une basse continue et une voix? Insipide enfin car certains résultats nous font éclater de rire (nerveusement parlant bien entendu!) tant ils sont ridicules: «Cold song » (écoutez plutôt dans cet extrait Klaus Nomi! Voilà quelqu’un au moins qui distillait de l’émotion, et quelle émotion!) ou «Gemo in un punto » (Vivaldi) sont ainsi totalement massacrés. Bref, parmi les vingt et une émotions traduites dans ce disque, nous n’hésiterons pas un seul instant et privilégierons la première de la liste qui, était-ce un signe de l’inconscient, n’est autre que... «l’oubli» (Klarthe Records K 068). SGa




Neuf pianistes dans les sonates de Mozart


                    
          
          
          


          


Relativement peu de pianistes, somme toute, se frottent aux sonates pour piano de Mozart: est-ce parce que techniquement à la portée des amateurs, elles sont peu susceptibles de mettre en valeur les virtuoses, ou bien est-ce parce qu’elles se révèlent en réalité très périlleuses, tant il est difficile d’y trouver le juste ton? Mais il reste heureusement toujours quelques téméraires pour s’y essayer – avec des bonheurs divers.
Evgeni Koroliov (né en 1949), dans le dix-huitième volume de la série que lui consacre l’éditeur Tacet, a choisi les Dixième, Douzième et Treizième Sonates, serties entre les Rondo en ré majeur et en la mineur. Sans surprise, on retrouve chez le pianiste russe l’équilibre apollinien et la fluidité du discours qui le caractérisent: il investit les partitions avec méthode et sensibilité, sans excès de pathos ni de mièvrerie, et parfois même avec brio (Tacet 226).
Vétéran de cette confrontation, Menahem Pressler (né en 1923), à près de 93 ans au moment de cet enregistrement, présente le deuxième volume d’un projet d’intégrale comprenant ici les Treizième et Quatorzième Sonates, cette dernière précédée de la Fantaisie en ut mineur qui lui est associée. S’il prend son temps et semble s’affranchir de toutes les modes, il n’en impose pas comme le dernier Arrau, préférant le registre intimiste d’un piano douillet et d’un propos apaisé, même dans les épisodes plus tragiques. Un cheminement qui convient sans doute mieux aux abysses de l’ut mineur qu’au caractère primesautier de la si bémol majeur (La dolce volta LDV34).
Le benjamin, Maxim Emelyanychev (né en 1988), débute lui aussi par dans la Fantaisie en ut mineur et la Quatorzième Sonate, avant d’en venir aux Seizième (parfois dite «Sonate facile») et Dix-huitième (parfois dite «La Chasse») sur un pianoforte Walter «réalisé par Paul McNulty». Le chef de l’ensemble Il Pomo d’oro et principal conductor de l’Orchestre de chambre d’Ecosse a de la fougue et de la détermination à revendre: on est en plein Sturm und Drang dans l’ut mineur mais il n’y a pas beaucoup de souplesse dans le phrasé. On trouve toutefois davantage d’esprit et d’originalité quand on passe au majeur (Aparté AP161).
Christian Chamorel (né en 1979) panache deux sonates, la Quatrième et la Quinzième, avec des pièces isolées (Rondo en la mineur, Adagio en si mineur, Gigue en sol) et les Variations sur «Unser dummer Pöbel meint». La toucher est franc, voire un peu dur, volontiers staccato, et le piano un peu clinquant, tandis que les pages lentes manquent de densité, mais le pianiste faire valoir un jeu inventif et ludique, aux ornementations mutines et malicieuses, avec de fort réjouissantes Variations et une irrésistible Gigue (Calliope CAL 1851).
On reste en Suisse avec Fabrizio Chiovetta (né en 1976) qui se confronte aux Quatrième, Huitième et Douzième en y ajoutant, lui aussi, le Rondo en la mineur à l’issue duquel on découvre qu’il y a aussi une surprise (ne figurant pas dans la description des pistes), l’Adagio pour harmonica de verre. Le jeu est clair, bien timbré, très équilibré, souple, sans faute de goût ni fadeur pour autant, mais il est dommage que le Rondo soit excessivement étiré (Aparté AP199).
Dans les Deuxième, Quatrième, Cinquième et Dix-septième, David Fung (né en 1983) va à l’essentiel, sans fioritures, soigne la réalisation et ne rechigne pas à la puissance mais n’exprime pas grand-chose (Steinway & Sons STNS30107).
Anne Queffélec (née en 1948) connaît pourtant son Mozart mais dans les Onzième, Douzième et Treizième, le phrasé, le toucher, la sonorité et l’inventivité sont en berne. Quand ce n’est pas excessivement précautionneux, c’est une légère tentation maniériste qui s’insinue. Bref, l’esprit n’y est pas et l’ennui ne tarde pas à s’installer (Mirare MIR426).
Quel contraste avec Lars Vogt (né en 1970), qui virevolte et colore, narre et enchante dans les Deuxième, Troisième, Huitième et Treizième Sonates! Mais derrière cette vie et cette spontanéité apparentes, il y a un travail considérable, celui d’un grand artiste qui prend des risques et relève le défi de cette musique (Ondine ODE 1318-2).
Enfin, pour Peter Donohoe (né en 1953), c’est le deuxième volume d’une intégrale qui respecte la chronologie: ce sont donc ici les Septième, Huitième et Neuvième, complétées, une fois de plus, par le Rondo en la mineur. Un Mozart fiable, solide, d’excellente facture, mais trop prudent et insuffisamment investi (Somm Recordings SOMMCD 0198). SC




Le Quatuor Béla en Afrique





On ne sera pas surpris de trouver le Quatuor Béla à l’origine d’un projet multiculturel: non seulement il a choisi, par son nom, le parrainage de Bartók, grand collecteur de mélodies populaires en Europe et même en Afrique du Nord, mais il est toujours disposé à s’engager dans des démarches sortant des sentiers battus. Ainsi de ce programme associant cinq «solos et pièces et franc-mandingues», où il se joint au griot malien Moriba Koïta (disparu en 2016) au n’goni (luth) ou au tama (tambour), le Premier Quatuor «White Man Sleeps» (1982/1985) du Sud-Africain Kevin Volans (né en 1949), popularisé par le Quatuor Kronos, et Impressions d’Afrique (2007), suite en quatre parties de Frédéric Aurier (né en 1976), second violon du quatuor, dont le titre est repris du fascinant ouvrage de l’écrivain Raymond Roussel et qui donne son nom à l’album. Aussi diverses ces contributions soient-elles, le résultat frappe néanmoins par son homogénéité: c’est que Volans et Aurier, chacun à leur manière, n’«occidentalisent» pas leurs références africaines mais s’attachent à restituer, avec les moyens du quatuor à cordes «classique», les sonorités et l’esprit de ces sources. L’ostinato, volontiers incantatoire, et la répétition sont de mise, mais l’ensemble dépayse sans brutalité et permettra sans doute à un public plus large que celui de la musique dite «contemporaine» de se familiariser avec des paysages musicaux nouveaux (Klarthe K079). SC




ConcertoNet a également reçu




Thierry Escaich: «Short Stories»
On peine à saisir ce qu’apporte la musique de chambre du compositeur français, tour à tour sombre ou distrayante, bien écrite mais trop convenue et prévisible, la responsabilité n’en revenant pas aux excellents Tchalik (Alkonost Classic ALK005). SC

Ivo Pogorelich
Incompréhensible dans deux «petites» sonates de Beethoven, le pianiste croate est un peu moins difficile à suivre dans la Seconde Sonate de Rachmaninov, mais pour aller où (Sony 19075956602)? SC

Nicolas Stavy: Haydn
ConcertoNet avait salué en son temps (2006) la première parution (chez Mandala) de cet enregistrement très recommandable des Sept Dernières Paroles du Christ sur la croix et des Variations en fa mineur (Bis 2429). SC

Le Quintette de cuivres Les Siècles
Dans une acoustique bien sèche, les instruments d’époque de l’orchestre de François-Xavier Roth offrent, sous le titre «Couleur cuivre», une très courte (41 minutes) anthologie de musique des années 1860-1912. Encadré par Dukas (Fanfare de La Péri) et Debussy («La Fille aux cheveux de lin») arrangés respectivement par Wayne Barrington et David Sabourin, c’est un répertoire à découvrir – le Quintette en si bémol mineur du Russe Viktor Ewald, les neuf Petits morceaux d’ensemble du Français Antoine Simon, les trois Sérénades d’un certain «G» (sans doute Louis Girard) – dont l’intérêt paraît toutefois principalement de nature historique et instrumentale (NoMadMusic NMM063). SC

La rédaction de ConcertoNet

 

 

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