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Le mois du mélomane professionnel 02/01/2019
Un mois d’une richesse exceptionnelle. Commençons par l’opéra. L’opéra des Flandres nous a offert des Pêcheurs de perles de Bizet dont je suis obligé de dire quelque chose qui sort de mes habitudes. Je n’aime pas trop les changements d’époque, de costumes ou de décor dans les mises en scène modernes. Vous le savez déjà. Pour une fois, je me contredis. Il n’y a ni mer ni pêche. Nous sommes dans une maison de fin de vie, un EHPAD. L’action est un moment de souvenir d’une histoire lointaine. Nadir et Leïla sont vieux. Tout est tourné vers la nostalgie du passé et ça fonctionne parfaitement. Les jeunes Nadir et Leïla ne nous apparaissent que pendant un moment de grâce où un jeune couple danse nu une danse de l’amour. La romance de Nadir, que tout le monde attend, est chantée doucement par Charles Workman. Elena Tsallagova est belle. Le chef, David Reiland, excellent comme l’orchestre et la mise en scène, assurée par un groupe sous le nom de FC Bergman, tout à fait réussie. Que demander de mieux? Retour à la maison, je réécoute Nadir. C’est Tino Rossi qui est le meilleur parmi tous ceux que j’écoute.
Puisque je suis chez Bizet, j’y reste. Une expérience intéressante. «Les tringles des sistres tintaient» du deuxième acte de Carmen, en version concert, dans un concert d’hommage à Gustavo Dudamel par les Berliner Philarmoniker, avec Elīna Garanca. Une merveille, même sans la danse.
Une très bonne Traviata en plein air à Fontainebleau avec une découverte, pour moi, Gabrielle Philiponet.
Dois-je considérer Mass de Bernstein comme un opéra? Quelle merveilleuse soirée avec l’Orchestre de Paris dirigé par Wayne Marshall et, en récitant, Jubilant Sykes. Dès qu’il touche à la religion, il est génial, comme dans la première version de sa Troisième Symphonie «Qaddich». Tous les talents. Un musicien béni de Dieu.
On a fêté mon ami Ivry Gitlis à la Philharmonie. Beaucoup d’émotions. Malheureusement, comme toutes ces soirées, des longueurs et un choix d’œuvres qui n’était pas le meilleur.
A un moment de ma vie, à la fin de l’adolescence, Brahms remplissait ma vie musicale. Imaginez-vous que Franz Welser-Möst avec l’Orchestre de Cleveland et Yefim Bronfman nous a noyés sous un tsunami Brahms pendant toute une soirée. L’Ouverture tragique, les Variations Haydn, les deux Concertos pour piano et les Deuxième et Troisième Symphonies. J’en suis sorti épuisé et heureux.
Week-end consacré au chant à la Cité de la musique. J’ai choisi Le Voyage d’hiver de Schubert par un ténor, Chtistian Elsner, accompagné par le pianiste Gerold Huber. J’ai fait un bon choix. Une salle comble sous la beauté de l’œuvre et du chant. Pourquoi est-il mort si jeune?
Une journée musicale:
Le matin, Prélude de Tristan et Isolde et la Mort d’amour; Kindertotenlieder par Mihoko Fujimura et Christian Arming à la tête de l’Orchestre philharmonique de Liège. Je sais pourquoi mon chant préféré est le troisième, «Wenn dein Mütterlein». C’est qu’il y a le cor anglais: quelle sonorité triste et douce! Ça me rappelle «Rachel, quand du Seigneur» avec les deux cors anglais. Les larmes aux yeux.
L’après-midi, Schubert, et le soir la Symphonie concertante pour violon et alto de Mozart avec Renaud Capuçon et Adrien La Macca, remplaçant Gérard Caussé. L’orchestre Les Siècles dirigé par François-Xavier Roth. Peut-on bien dormir après tout cela?
Un mot de tristesse encore pour Michel Legrand. Du temps où j’étais médecin de L’Olympia, je l’ai soigné un jour et on a eu une longue conversation musicale. Il était vraiment charmant.
Courage! Encore deux mois et ce sera le printemps.
Benjamin Duvshani
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