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Le voyage échoue... sur la grève
11/04/2002


Le voyage, thème de l’alléchant programme d’un (long) week-end proposé par Radio France du 1er au 3 novembre, est venu s’échouer… sur la grève, avec l’annulation des concerts que devaient donner aussi bien l’Orchestre philharmonique que l’Orchestre national le samedi 2 novembre.


Le droit de grève est protégé par la Constitution et, au demeurant, les raisons qui ont pu pousser les deux orchestres (et le chœur ?) de Radio France à se mettre en grève le même jour ne sont pas encore connues.


C’est d’ailleurs bien le problème. Car on ne pourra nous faire croire que cette grève a été décidée inopinément, samedi après-midi, dans un ciel serein. Or, non seulement les affiches apposées à l’entrée par les organisateurs des concerts ne comportaient aucune excuse, non seulement aucun courriel n’avait été adressé pour prévenir ceux qui s’étaient inscrits pour ces concerts par ce moyen, mais, surtout, aucune explication des raisons de cette grève n’a été fournie.


Quelle considération pour les spectateurs qui accourent à ces concerts gratuits, pourtant emblématiques de l’excellente politique d’ouverture que Radio France souhaite développer vis-à-vis de nouveaux publics et de nouveaux répertoires ? La seule initiative à mettre à l’actif de Radio France aura en effet consisté à prendre des réservations pour les concerts du lendemain et à distribuer des formulaires de pré-réservation pour quatre concerts… gratuits.


Quelle considération pour des partitions rarissimes telles que Musique des sphères de Langgaard ou même Mer calme et heureux voyage de Beethoven, et des compositeurs de la stature de György Ligeti, Jindrich Feld ou Bernard Herrmann ? L’affront que Feld, ce grand ami de la France – l’œuvre qui devait être donnée en création mondiale était inspirée par un récent voyage dans notre pays – se voit ainsi contraint d’essuyer est inqualifiable. Quant à Herrmann… ses mânes attendront encore la création française de ses Souvenirs de voyages.


Quelle considération pour le nouveau jeune chef associé de l’Orchestre philharmonique, l’Ukrainien Kirill Karabits, à l’occasion de l’un de ses premiers concerts, ou pour le chef invité de l’Orchestre national, Stefan Anton Reck, aussi bien que pour la soprano Hélène Bernardy, le quatuor Renoir, le clarinettiste Paul Meyer et le pianiste Leonid Kuzmin ?


Surtout, quelle considération les musiciens ont-ils d’eux-mêmes ? Quelle peut être l’utilité d’un mouvement de grève – certes légitime, encore une fois – dont ils ne prennent même pas la peine – par voie d’affiches ou en déléguant sur place quelques-uns de leurs représentants pour distribuer des tracts – d’en expliquer les raisons au public ? Lequel public ne peut donc que s’en retourner chez lui en maugréant - sans doute à tort - que ces musiciens, pas vraiment mal payés, semblent bien mal avisés de faire grève dans de telles circonstances.


Bref, tout le monde est perdant. Sans parler de la musique. Triste journée.


Simon Corley

 

 

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