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Des quotas pour les chanteurs français ?
03/27/2002
La capacité de Hugues Gall à présenter des distributions de qualité, pour les nouvelles productions comme pour les reprises, est largement reconnue et constitue l’une des clés du succès de l’Opéra National de Paris. Cependant on ne peut s’empêcher de remarquer, et cette situation est sans doute unique au monde, que Moussorgski bénéficie de distributions 100 % russes, Britten de distributions 100 % anglophones, Rossini et Verdi de chanteurs majoritairement italiens et l’opéra français de distributions 100 % ... internationales ! La reprise de Faust en février 2003 n’offre que deux rôles secondaires à des françaises, les surtitres ne seront pas de trop. Guillaume Tell et Les Vêpres siciliennes seront donnés en version originale en français... sans français ou presque ! La presse et les mélomanes notent, depuis des années déjà, l’émergence d’une nouvelle génération de «voix» dans notre pays et l’on aimerait que notre opéra «national» en tienne compte, pour leur permettre de franchir un nouveau palier, pour les faire connaître d’un public plus large et, très accessoirement, pour qu’ils voient la couleur des 23,47 millions d’euros (154 millions de francs) de cachets artistiques payés par nos impôts (chiffre du budget 2002 de l'Opéra). Les chanteurs de variété «d’expression française» bénéficient de quotas de diffusion dans les radios et les télévisions françaises, ce qui est une excellente chose, faut-il en instaurer dans les institutions lyriques financées par le contribuable ? La question mériterait d’être posée si ce déséquilibre persistait. Quoi qu’il en soit, on souhaiterait que l’Opéra de Paris ne soit pas en retard sur ce renouveau du chant français qui ne demande qu’à s’amplifier.
Philippe Herlin
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