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Le mois du mélomane professionnel
11/01/2015




Ce mois d’octobre fut le mois de Moïse et Aaron à l’Opéra de Paris. Que ce soit en tant que professeur de Bible attaché à la personnalité de Moïse ou en tant que musicologue plongé depuis longtemps dans la musique de l’Ecole de Vienne et, surtout, de Schönberg, j’attendais impatiemment cette nouvelle production. Je connaissais parfaitement la musique, ce chef-d’œuvre du dodécaphonisme auquel je m’étais préparé, il y a longtemps, en travaillant sur les Variations pour orchestre opus 31 et sur le Concerto pour violon. Je connaissais parfaitement le texte et tout ce qui l’entourait. Deux thèmes grandioses. Le premier, le Buisson ardent, un des moments essentiels de l’Histoire de l’humanité, où Dieu se révèle à l’homme, après l’avoir fait sous le nom d’Elohim, créateur de la Nature, sous le nom d’Ehyeh, «je suis et je serai, créateur de la liberté de l’Homme». L’Homme est invité à poursuivre l’œuvre de création en vue du Tiqqoun Olam, Réparation du Monde avec comme but la Rédemption. Le second, encore plus essentiel, de la difficulté de l’Homme, faisant partie en même temps de la Nature et de l’Esprit de Dieu, de réussir ce travail que Dieu lui demande, la Nature étant plus présente et plus prenante que n’importe quel projet aussi extraordinaire soit-il, rejeté vers un avenir lointain. Matière première formidable pour une mise en scène formidable.


«Plus dure sera la chute.» Rien de tout cela n’était là sur la scène de l’opéra. Un «buisson ardent» sans feu, première aberration, remplacé par un vieil appareil enregistreur qui diffuse la voix divine. Pourquoi? Parce que ça fait plus moderne qu’une voix qui sort du feu? Pourtant, c’est là toute la grandeur de l’événement. La partie Moïse étant complètement inconsistante, on attendait la partie Aaron, la partie païenne où l’idole et l’or jouent le rôle essentiel. Là aussi, une attente vaine. L’orgie païenne n’en est pas une. Ni veau, ni or. Pas seulement sans respect du livret mais aussi sans aucune émotion que les idolâtres pouvaient ressentir dans leurs célébrations. Ni sacrifices sanglants ni vierges immolées ni danses frénétiques. Et puis, cet énorme taureau (ou bœuf) brun sorti de l’Ecole vétérinaire pour faire quelques tours de piste (serait-il le père du veau d’or venu le remplacer en son absence?). Entré ému et impatient, je suis sorti déçu et triste. Si quelqu’un n’a aucune sensibilité religieuse ou mystique, on peut se demander pourquoi on doit lui confier la mise en scène d’une œuvre qui n’est que cela. Un nouveau mystère de la mise en scène telle qu’elle se pratique actuellement.


Applaudissements sans fin pour le chef d’orchestre et l’orchestre, pour le chef de chœur et le chœur pour leur travail musical magnifique. Bravo! J’ai fait l’expérience d’écouter le spectacle sur Arte sans l’image. C’est vraiment très beau. Peut-être aurait-il fallu se borner à une version oratorio avec, dans ce cas, le troisième acte.


Passons à autre chose. Très belle soirée Bartók par l’Orchestre de Paris sous la direction d’Esa-Pekka Salonen. Surprise pour mon oreille qui avait la Sonate pour deux pianos et percussion bien ancrée et qui était obligée d’assimiler la version concerto. Il faudra que je la réécoute encore. Les sœurs Labèque, comme toujours, parfaites, ainsi que l’orchestre pour le Concerto pour orchestre.


Belle découverte. Un disque du pianiste-chef d’orchestre Alexandre Rabinovitch-Barakovsky, qui nous vient de Novosibirsk où il dirige l’orchestre de la ville dans la Symphonie fantastique de Berlioz et ajoute, au piano, un Impromptu de Schubert et la Fantaisie en fa mineur opus 49 de Chopin. Bon à connaître.


Le soleil nous quitte tous les jours un peu plus. C’est la Toussaint. Patience! Je vous garantis que le solstice d’hiver n’est pas loin. Encore quelques semaines et le soleil reprendra son chemin ascendant.


Benjamin Duvshani

 

 

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