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CD, DVD et livres: l’actualité de janvier
01/15/2015


Les chroniques du mois



Must de ConcertoNet


   Riccardo Chailly dirige Mahler (Sixième)


   Riccardo Chailly dirige Mahler (Neuvième)


   John Eliot Gardiner dirige Bach


   L’Apocalypse de Spohr


   Neeme Järvi dirige Halvorsen


   Yannick Nézet-Séguin dirige à Londres




 Sélectionnés par la rédaction


   Rusalka à La Monnaie (2014)


   Andrew Davis dirige Elgar


   Thomas Fey dirige Haydn


 Riccardo Chailly dirige Mahler (Cinquième)


   Jaap van Zweden dirige Bruckner


   Hansel et Gretel à Zurich (1999)


   Le Pays du sourire à Mörbisch (2001)


   L’Auberge du cheval blanc à Mörbisch (2008)


   Don Giovanni à Macerata (2009)


   Nikolaus Harnoncourt dirige Bruckner


   Christian Thielemann dirige Bruckner




 Oui !

Robert Schumann, folies et musiques de P. André
Wilhelm Furtwängler dirige Beethoven
Karl Böhm dirige Mozart
Giovanni Antonini dirige Haydn
Le pianiste Vazgen Vartanian
Le Ring à Bayreuth (1957)
Simone Young dirige Bruckner
Yannick Nézet-Séguin dirige Bruckner
Trois opéras de Mozart à Covent Garden (2003-2008)
La violoncelliste Hermine Horiot
Seiji Ozawa dirige Ravel
Kristóf Baráti et Klára Würtz interprètent Brahms
Diane Andersen et Eliot Dawson interprètent Delvincourt
Une nuit à Venise à Mörbisch (1999)
La violoniste Solenne Païdassi
Le Quatuor Meta4 interprète Bartók
Heinz Holliger et Schumann



Pourquoi pas?

Claudio Abbado dirige à Salzbourg
La pianiste Valentina Lisitsa
L’Orchestre du Concertgebouw interprète Mahler
L’Ensemble Contraste interprète Purcell, Bridge et Penard
Herbert von Karajan dirige Bruckner
Le Trio Chausson interprète Haydn et Hummel
Lieder de Strauss à Salzbourg (1956-2010)
Don Giovanni à Covent Garden (2014)
Don Giovanni et Così à Zurich (2000-2001)
Pinchas Zukerman dirige Bach
Musique de Michel Serres
Frank Beermann dirige Kallstenius
Sonates françaises par Jean-Jacques et Alexandre Kantorow
Robert Alagna chante des airs d’opéra
Le Dernier Jour d’un condamné à Avignon (2014)
«Winter in New York» avec Renée Fleming
Giuliano Carmignola interprète Bach
Le Quatuor Lotus interprète Vanhal



Pas la peine

Nelson Goerner interprète Schumann
Iván Fischer dirige Bruckner
Herbert von Karajan dirige Fidelio
Don Giovanni à Cologne (1991)
Christoph Eschenbach interprète Beethoven
Falstaff à Salzbourg (2013)
Augustin Dumay et Louis Lortie interprètent Brahms
La violoncelliste Alisa Weilerstein
Jean-Christophe Spinosi dirige Connesson
Hans Knappertsbusch dirige Mozart et Beethoven
Jean-Pierre Armengaud interprète Poulenc




L’entretien du mois




Emmanuel Krivine





Les matchs du mois


                       

           

Cinq Don Giovanni en vidéo





           

Cinquième de Bruckner: Nikolaus Harnoncourt vs. Christian Thielemann






En bref


Le Quatuor Meta4 se frotte à Bartók
Schumann et Holliger: les feux de l’amour
Les liftings de Pentatone: Bach, Beethoven, Ravel
Païdassi et Vaysse-Knitter dans un disque de haute tenue
L’hiver new-yorkais de Renée Fleming: saison fade
Une nuit... à Mörbisch
Alagna, une affaire qui marche
Connesson, une autre affaire qui marche
Des quatuors de Vanhal dans l’ombre de Haydn
L’envol discographique d’Hermine Horiot
Sonates pour violon françaises (1)
Sonates pour violon françaises (2)
Le Vin sobre de Frank Martin
Michel Serres et la musique
A la découverte de Kallstenius
Brahms: Baráti/Würtz vs Dumay/Lortie
78 minutes avec Alisa Weilerstein
Knappertsbusch face au répertoire germanique
Carmignola et le Concerto Köln: un Bach trop sage
Même réduit, Poulenc reste grand
Falstaff à Salzbourg: un beau gâchis!



Le Quatuor Meta4 se frotte à Bartók





Après l’interprétation remarquée de trois quatuors de Chostakovitch, le Quatuor Meta4 se tourne vers un autre géant du XXe siècle avec un programme peut-être inattendu dans la mesure où il n’y a aucune suite annoncée. De Bartók, il propose le Premier Quatuor (1908-1909), sombrement tendu, et le puissant Cinquième, composé vingt-cinq ans plus tard. Versés dans l’art du quatuor, de Haydn à leur compatriote Kaija Saariaho, les quatre musiciens, tout particulièrement soudés pour le Premier Quatuor, en révèlent l’intensité dramatique, l’accélération graduelle du tempo au travers des trois mouvements, chargée d’émotion. Sans en trahir le caractère unique, ils n’en accentuent pas outre mesure tel ou tel élément classique, postromantique ou national, le rapprochant de ce fait du Cinquième Quatuor, les rythmes syncopés du Finale annonçant en quelque sorte l’impressionnante métrique bulgare du mouvement central de ce dernier. Les Finlandais proposent une version dynamique, mordante et parfois péremptoire à bon escient de l’âpre Cinquième, à l’impressionnant équilibre symétrique en arche aussi bien de l’ensemble que de chacun des cinq mouvements. Ils excellent dans la densité percussive des mouvements extérieurs à la course effrénée tout en respectant la noblesse lyrique et la mélancolie profonde des deux mouvements lents qui encadrent le Scherzo central. Si la mise en place délicate de ce mouvement semble poser quelques problèmes de cohésion, leur énergie expressive et leur conviction ne sont jamais à mettre en doute. Les intégrales et les versions de quatuors individuels de Bartók sont nombreuses mais, s’il est possible que Meta4 (MetaFour) ne détrône pas les préférences établies du mélomane, il n’en reste pas moins que leur interprétation engagée apporte un éclairage bienvenu et tout à fait pertinent à ces deux partitions marquantes (Hänssler Classic 98.036). CL




Schumann et Holliger: les feux de l’amour





Encore un de ces disques léchés typiques d’ECM. Le programme, intitulé «Aschenmusik», se concentre cette fois sur Schumann et pas le plus connu: les Six Etudes en forme de canon (1845), conçues pour piano-pédalier mais figurant ici dans un arrangement de Kirchner pour hautbois d’amour, violoncelle et piano, les Romances pour hautbois et piano (1849), la Première Sonate pour violon et piano (1851), dans une intéressante version pour violoncelle et piano, et l’Intermezzo de la Sonate F-A-E (1853), le hautbois d’amour remplaçant le violon. Une œuvre de Heinz Holliger (né en 1939) s’insère parmi ces pages, Romancendres (2003) pour violoncelle et piano: musique intéressante et de belle facture qui se réfère aux Romances que Schumann a composées pour le même effectif et dont le manuscrit a été brûlé par son épouse. Hautboïste d’exception, Heinz Holliger peut compter sur le partenariat fiable de la violoncelliste Anita Leuzinger et du pianiste Anton Kernjak (481 0957). SF




Les liftings de Pentatone: Bach, Beethoven, Ravel


                     

         


La série «Pentatone dépoussière quelques incunables du catalogue Deutsche Grammophon (s’étalant des années 1960 au début des années 1980) grâce à une technique présentée ici. Ces trois SACD hybrides témoignent de la qualité de la restauration sonore de bandes qu’on croirait dater de notre siècle. La splendeur de la prise de son rehausse, à dire vrai, le caractère déjà «bodybuildé» du Beethoven de Christoph Eschenbach (né en 1940), enregistré en 1973. Le Cinquième Concerto (Ozawa/Boston) est effectivement impérial, mais déborde de certitude – d’un toucher sans mystère ni fragilité. Quant au Troisième (Henze/Londres), il accentue ces options interprétatives: un geste droit, hautement affirmatif – d’une perfection froide. Spectaculaire mais pas toujours du meilleur effet (PTC 5186 201). De même, les Concertos brandebourgeois (Bach) en technicolor – mis en boîte en 1977 par le violoniste Pinchas Zukerman (né en 1948) avec les instruments modernes des pupitres du Philharmonique de Los Angeles – trouveront certainement leur public… mais sentent leur époque (double album PTC 5186 205). Le Ravel de Seiji Ozawa (né en 1935) en ressort, à l’inverse, magnifié – lee Symphonique de Boston (celui de 1974) sonnant de façon assez idéale dans le répertoire français. Avec notamment un Ma mère l’Oye et Une barque sur l’océan de toute beauté (PTC 5186 204). GdH




Païdassi et Vaysse-Knitter dans un disque de haute tenue





Premier prix au Long-Thibaud en 2010, Solenne Païdassi (née en 1985) a enregistré cette année son deuxième disque après une première carte de visite chez Indésens consacrée à la musique française (voir ici). La violoniste s’associe cette fois à Frédéric Vaysse-Knitter (né en 1975) dans un programme réunissant des œuvres de Stravinsky et de Szymanowski, compositeur que le pianiste avait choisi pour son précédent disque. Dans les arrangements par Dushkin du Baiser de la fée (Divertimento) et de Pulcinella (Suite italienne), le duo fait montre de clarté, de fluidité et de goût. Il restitue le pouvoir d’évocation des Mythes, qui n’affichent toutefois pas une souplesse optimale. Solenne Païdassi tire de son instrument une sonorité séduisante et affiche une maîtrise incontestable. Son partenaire, qui engage avec elle un dialogue équilibré, réalise de beaux effets de timbre qui profitent à la musique de Szymanowski. Les Trois Caprices de Paganini de ce dernier referment le programme de ce disque de haute tenue (Aparte AP095). SF




L’hiver new-yorkais de Renée Fleming: saison fade





Le soprano américain Renée Fleming a déjà par le passé enregistré de tels albums de cross-over, jazzy notamment avec le pianiste Brad Mehldau («Love Sublime» pour Nonesuch) et plus récemment «Haunted Heart» pour Decca. Elle a été cette année la première chanteuse de répertoire classique à chanter l’hymne national américain lors du Super Bowl, ce qui lui a assuré une audience mondiale considérable se chiffrant par centaines de millions. «Winter in New York», publié pour Noël 2014, reprend un certain nombre de chansons de saison et convoque une belle brochette de chanteurs et instrumentistes américains. Cependant, même écoutée en situation le jour de Noël, cette sélection tellement inégale déçoit en partie. Les deux tiers des chansons paraissent fades. Question de goût certainement, car tout est suprêmement chanté, le timbre est toujours enchanteur, le savoir-faire indéniable et le glamour intact. Mais nos chants de Noël européens sont tellement plus roboratifs que ceux qui font le fond de commerce des chanteurs américains! L’ennui gagne vite... Sauvons quelques titres comme Sleigh Ride, qui, avec la trompette de Wynton Marsalis, ne manque pas de swing, le duo folkisant In the Black Midwinter avec Rufus Wainwright, qui, comme tout ce que touche ce musicien hyperdoué, ne peut laisser indifférent, et Central Park Serenade, fredonnée avec Gregory Porter. Lauréate de quatre Grammy de la meilleure performance vocale en musique classique (1999, 2003, 2009 et 2013), Renée Fleming interprétera une chanteuse d’opéra dans le musical Living on Love, une comédie écrite par Joe DiPietro et adaptée de la pièce Peccadillo de Garson Kanin, à partir du 1er avril 2015 sur la scène du théâtre du Longacre Theater de Broadway (Decca 478 7905). OB




Une nuit... à Mörbisch





Si durant l’été, sur le lac de Bregenz, à l’ouest de l’Autriche, c’est l’opéra qui a élu domicile, le festival de Mörbisch, à l’extrémité (orientale) opposée du pays (sur les rives du Neusiedler See, en Burgenland, à la frontière hongroise), honore quant à lui l’opérette, également en plein air: le répertoire viennois, bien sûr – à commencer par Johann Strauss fils (avec Le Baron tzigane dès l’inauguration en 1957), entouré de Benatzky, Kálmán, Lehár, Millöcker, Stolz, O. Straus... – auquel se sont ajoutées quelques exceptions pour confirmer la règle (La Vie parisienne, My Fair Lady). L’événement est populaire – une trentaine de représentations réunissant chacune 6000 spectateurs, télédiffusion en direct de la première (jusqu’en 2013) – et les vedettes ne dédaignent pas y faire une apparition de guest star (Kurt Böhme, Gundula Janowitz, Waldemar Kmentt, Ljuba Welitsch...). Si les œuvres scéniques de Strauss ne sont guère connues hors des pays germaniques, où l’on ne joue régulièrement que La Chauve-Souris, tel n’est pas le cas dans ce festival: ainsi d’Une nuit à Venise (1883), qui en était déjà à sa quatrième production en 1999 (après celles de 1958, 1972 et 1988 et avant celle de... 2015), alors qu’en France, on n’en entend que quelques extraits au travers des concerts du Nouvel An (Ouverture, «Valse des lagunes», polka rapide «So ängstlich sind wir nicht», polka française «Les Pigeons de Saint-Marc»...). Cette opérette, augmentée ici de la Polka des sylphes (1866) destinée à mettre en valeur le ballet, n’atteint sans doute pas la réussite de La Chauve-Souris mais ne manque ni de charme ni de rythme pour autant. Malgré un sous-titrage un peu capricieux, les francophones pourront s’en remettre avec confiance à cette captation, qui montre bien les atouts – mise en scène de Helmuth Lohner et décors de Rolf Langenfass tirant habilement parti d’un cadre naturel véritablement unique – et les limites de cette manifestation – direction musicale un peu plan-plan de Rudolf Bibl, distribution dramatiquement crédible mais vocalement inégale (Videoland Klassik VLMD 005). SC




Alagna, une affaire qui marche


        


Ne pas se fier à la couverture: représentatif du parcours du chanteur, retracé dans une notice anonyme et complaisante, le programme, intitulé «Ma vie est un opéra», comporte bel et bien des airs d’opéra inédits dans la discographie de Roberto Alagna et non des sucreries de peu d’importance. Certains proviennent même d’ouvrages rares: La Reine de Saba de Gounod, Die Königin von Saba de Goldmark, Sigurd de Reyer. Pas de surprise, le style est irréprochable, la voix superbe, la diction exemplaire. Le ténor, qui chante un air d’Eugène Onéguine en français (quelle incongruité), s’associe à Aleksandra Kursak, avec qui il partage désormais sa vie – l’indispensable touche de glamour. Passons sur l’orchestre, dénommé mystérieusement «London Orchestra» et dirigé par Yvan Cassar, qui officie dans le monde de la variété. Un disque plaisant qui donne cependant l’impression d’avoir été réalisé à la va-vite dans le seul but de promouvoir ce grand artiste (Deutsche Grammophon 481 1352). Les Alagna, c’est aussi une fratrie impliquée dans le monde du spectacle. David a composé un opéra en deux actes et un intermezzo d’après Le Dernier Jour d’un condamné de Victor Hugo, dont il a aussi rédigé le livret avec Roberto et Frédérico: de la musique pas très originale mais expressive et accessible. Certains passages rappellent Moussorgski de façon tout de même un peu trop flagrante. Un coffret de deux disques chez Deutsche Gramophon témoigne de la création de l’ouvrage en version de concert au Théâtre des Champs-Elysées en 2007. Voici désormais le DVD de la première représentation scénique en France. La mise en scène parfaitement opérante de Nadine Duffaut, montée à Avignon en mars 2014, illustre simultanément le destin d’un condamné à mort au XIXe siècle (Roberto Alagna, excellent à tous points de vue) et d’une condamnée aujourd’hui, incarnée avec conviction par Adina Aaron. Du point de vue de la réalisation technique, ce DVD constitue un bel exemple de ce qui s’accomplit de mieux aujourd’hui dans le domaine du film d’opéra (Deutsche Grammophon 0762901). SF




Connesson, une autre affaire qui marche





Il ne fait aucun doute que la musique de Guillaume Connesson (né en 1970) bénéficie d’un certain succès: le compositeur recourt à un langage accessible, orchestre avec habileté, produit des effets spectaculaires. Elle ne se positionne pas à l’avant-garde mais elle ne présente pas non plus une forte personnalité. Ce disque enregistré par l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, dirigé par Jean-Christophe Spinosi, réunit le Concerto pour violoncelle (2008), avec Jérôme Pernoo, et un ballet en deux actes, Lucifer (2011): deux œuvres roboratives, décomplexées, souvent palpitantes mais agaçantes lorsque leur auteur recourt à des tournures un peu vaines, notamment dans les conclusions en queue de poisson (Deutsche Grammophon 481 1166). SF




Des quatuors de Vanhal dans l’ombre de Haydn





Si le nom de Jean-Baptiste Vanhal (1739-1813) reste inconnu du grand public, les amateurs de contrebasse se rappellent que l’un des rares concertos pour cet instrument a été laissé au répertoire par le compositeur bohémien. Infatigable travailleur, sa considérable production lui a fait embrasser des répertoires aussi divers que son contemporain Haydn – au moins 76 symphonies, plus de 60 concertos, plusieurs centaines de pièces de musique de chambre, autant pour le piano, sans compter les quelques 51 messes et autres centaines de pièces sacrées! A cette liste, il faut ajouter une autre centaine de quatuors à cordes, dont l’un d’eux (en fa majeur) a été popularisé par le célèbre Quatuor Weller en 1967. L’éditeur CPO a eu la bonne idée de confier au Quatuor Lotus, basé à Stuttgart, l’enregistrement d’un disque consacré à quatre quatuors de Vanhal. Installé à Vienne pendant les vingt-trois dernières de sa vie, Vanhal pose parfois la plume pour étreindre son violoncelle sur scène, comme en 1784 avec rien moins que Dittersdorf, Mozart et Haydn. C’est surtout ce dernier qui l’influence dans ces différents quatuors, dont trois enregistrés ici datent des années 1780, un autre de 1769. Assez austère, ce «quatuor de jeunesse» est malheureusement interprété avec trop de prudence par des Lotus toujours élégants mais insuffisamment expressifs. Les œuvres de la maturité ne dérogent pas à cette impression, même si, par leur équilibre serein, elles conviennent mieux à cette optique (777 475-2). FC




L’envol discographique d’Hermine Horiot





La Romance oubliée de Liszt prête son titre au premier récital enregistré de la violoncelliste Hermine Horiot (née en 1986), qui paraît chez 1001 Notes. Parallèlement au projet «Le Maître et l’élève» (voir ici, ici, ici et ici), le concept «L’Envol» (voir ici) accompagne les premiers pas des jeunes musiciens sélectionnés dans le dédale du monde professionnel des agents, concerts, tournées et enregistrements. Ici, en outre, il permet à la jeune soliste de profiter de l’expérience d’un pianiste de renom. Ferenc Vizi a accepté de la soutenir et leur collaboration est fructueuse. Les œuvres au programme sont toutes bien connues ce qui permet de prendre la juste mesure du talent d’Hermine Horiot. Le trait fluide et romantique, elle trouve la richesse, la nostalgie et la tendresse essentielles à Waldesruhe et à la délicieuse Sonatine de Dvorák (écrite à l’origine pour violon), en parfait accord avec la sensibilité chambriste de Ferenc Vizi. Les généreuses lignes vocales que la musicienne tire de son instrument rendent pleinement justice à la transcription que le violoncelliste croate Valter Despalj fit des Trois Romances opus 94 de Schumann, Romances gracieuses dont le charme mélodique ouvre la voie aux cantilènes et aux fines complexités de la Sonate pour violoncelle et piano de Chopin. Véritable duo instrumental et brillante clef de voûte du récital, la Sonate se déploie sous leurs doigts avec une puissante vigueur, le bel équilibre timbral entre les deux instruments porté très haut lors du contrepoint comme dans l’ampleur des thèmes mélodiques. C’est une belle prestation ressentie, à laquelle la Romance oubliée met un doux mais intense point final (1001Notes05). CL




Sonates pour violon françaises (1)





Modestement présenté, ce disque d’un nouveau label réunit trois sonates pour violon et piano de compositeurs français exactement contemporains: celle de Camille Chevillard (1859-1923), datée de 1892, la Première d’André Gedalge (1856-1926), publiée en 1897, et la Première (1876) de Fauré. Jean-Jacques Kantorow les interprète avec beaucoup de style et de rigueur à côté de son jeune fils, Alexandre (né en 1997), lui aussi inspiré et scrupuleux. Bien qu’elle soit un peu bavarde, l’œuvre de l’ancien chef principal de l’Orchestre Lamoureux mérite d’être connue. La sonate de Gedalge constitue quant à elle une agréable découverte en ce sens qu’elle révèle un ton personnel, une harmonie délicate et une inspiration mélodique remarquable (NoMadMusic NMM001). SF




Sonates pour violon françaises (2)





Le Centre international Albert Roussel assure la défense de Claude Delvincourt (1888-1954) en publiant, sous la bannière du festival international Albert Roussel, le premier volume consacré à sa musique de chambre: excellente idée compte tenu de la pauvreté de la discographie de ce premier Grand Prix de Rome (1913), grièvement blessé au front en 1915, directeur du Conservatoire de Paris et maintes fois décoré. Doté d’une remarquable notice de Damien Top, président de l’association des amis du compositeur, le disque comporte de belles pages pour violon et piano plus que correctement interprétées par Diane Andersen et Eliot Dawson. Composition d’envergure et de maturité, la Sonate de 1919 fait entendre une voix personnelle et mérite de figurer au répertoire des violonistes. Le manuscrit d’une sonate écrite en 1907 a été retrouvé il y a deux ans: elle possède moins de souffle et d’inspiration mais les interprètes parviennent à la rendre convaincante. Œuvre plus tardive, les Danceries (1934) consistent en cinq stimulantes pièces de courte durée dédiées chacune à un ami violoniste. Plus anecdotique, Contemplation (1935), qui ne dure que quatre minutes (mais en paraît le double), complète le programme de ce disque bienvenu (Azur Classical AZC 121). SF




Le Vin sobre de Frank Martin





Le nom de Frank Martin (1890-1974) reste aujourd’hui peu présent à l’affiche des concerts, à l’exception de l’une de ses œuvres les plus connues, Le Vin herbé, présentée notamment aux opéras de Lyon en 2009 et Lausanne en 2013. D’abord conçu en 1938 suite à une commande de Robert Blum, alors chef du Madrigalchor de Zurich, cet oratorio profane ne comportait à l’origine qu’une seule partie de 30 minutes, à laquelle s’adjoindront trois ans plus tard les deuxième et troisième parties, ainsi que le Prologue et l’Epilogue. Inspiré d’un roman publié en 1900, Le Vin herbé narre l’histoire de Tristan et Iseut mais s’éloigne de l’opéra bien connu de Wagner en revenant aux sources médiévales. La musique du compositeur suisse est également bien différente, d’une sobriété frôlant l’aridité conceptuelle, tout en offrant trop peu de couleurs avec un ensemble réduit à douze voix solistes, un piano et sept cordes. L’enregistrement ici proposé constitue le témoignage sonore de la création scénique, sous le titre Der Zaubertrank (Le Philtre magique), réalisée par Ferenc Fricsay lors du festival de Salzbourg en 1947 – un an après avoir remplacé Otto Klemperer dans les mêmes lieux. La piètre qualité sonore de ce document ne contentera que les seuls collectionneurs, tandis que les fans du chef hongrois se réserveront pour la Petite Symphonie concertante du même Martin, rééditée l’an passé par Deutsche Grammophon dans le superbe coffret consacré aux œuvres orchestrales gravées par le chef hongrois. A noter que l’on retrouvera Le Vin herbé donné en version de concert au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, le 10 mars 2015 (album de deux disques Orfeo C 890 142 A). FC




Michel Serres et la musique





Les éditions Le Pommier viennent de rééditer en format poche l’essai philosophique publié en 2011 que Michel Serres intitula sobrement Musique. C’est une réflexion sur la nature de la musique et sur son existence même. Dès lors, c’est une réflexion sur les relations, alliances, alliages ou distances entre la musique et le Verbe, les attributs des neuf muses et, remontant à notre époque, la science, la physique, les mathématiques, les technologies et l’informatique, ensemble que la musique anticipe puisqu’elle est «à l’origine de toute chose». La musique est omniprésente au cours d’un essai qui présente trois itinéraires sous forme de trois contes philosophiques: «Bruits. Légende», suit l’itinéraire d’Orphée, «Voix. Sciences» celui de l’auteur, et «Verbe. Naissance et louange» celui d’un fleuve musical qui descend les siècles, étroitement lié à une notion de messie. La progression n’est pas linéaire mais circulaire: les circonvolutions traversent en spirale chaque récit et se reproduisent tout au long de l’ouvrage entier. La prose de Michel Serres, au style cumulatif et poétique, déferle comme une rhapsodie et on souhaiterait en entendre une lecture à haute voix, forcément musicale, par l’auteur lui-même ou par un narrateur étroitement en phase avec la sensualité de la forme plus encore qu’avec le fond qui surgirait de lui-même. Le mélomane y trouvera non un traité musical mais l’importance fondatrice, philosophique et personnelle que Michel Serres accorde à la musique, essentielle à sa vie (144 pages, 8 euros). CL




A la découverte de Kallstenius





On sait peu de choses d’Edvin Kallstenius (1881-1967), auquel CPO consacre son tout premier disque. Parmi les rares enregistrements consacrés au compositeur suédois, Bis nous avait gratifié en 1998 de l’enregistrement de la Deuxième Symphonie, couplée à la Dalarapsodi – une de ses œuvres les plus connues, très sibélienne dans l’élégante transparence des textures. Si des études à Leipzig permettent à Kallstenius de se familiariser avec les musiques de Reger, Debussy et Schreker, cette influence va de pair avec un certain pessimisme, très présent dans les différentes œuvres ici présentées. Dans cette lignée, la Première Symphonie porte bien son surnom de «sinfonia concentrata», autour de courtes cellules rythmiques reprises par les différents pupitres de l’orchestre dans une ambiance assez austère. Ce ton sérieux et intellectuel, mal accueilli à la création en 1926, explique pourquoi Kallstenius remit l’ouvrage sur le métier en 1941 – c’est cette seconde version qui est enregistrée ici. En écartant le recours à l’orchestration originale de cette première symphonie, la Deuxième Sinfonietta (1946) force plus encore le trait d’un rigorisme aussi réservé que prudent. La prestation du directeur général de la musique de Chemnitz, Frank Beermann, en habituel défricheur de raretés pour CPO, se révèle impeccable pour pousser un orchestre un peu à la peine dans les différentes saillies individuelles. A noter le premier enregistrement mondial de la Musica sinfonica (1953-1959), transcription symphonique d’une œuvre d’abord écrite pour les cordes seules, qui n’apporte malheureusement rien de plus à la gloire de Kallstenius (777 361 2). FC




Brahms: Baráti/Würtz vs Dumay/Lortie


        


La discographie des trois Sonates pour violon et piano de Brahms s’enrichit de deux nouvelles versions, peu de temps après les récentes gravures signées Khachatryan, Cerovsek/Jumppanen/A> et Manoukian/Süssmann. Le duo hongrois formé par le violoniste Kristóf Baráti (né en 1979) et la pianiste Klára Würtz (née en 1965) livre une version subtile, qui caresse la Première Sonate sans bousculer son fragile équilibre ni taire sa face dépressive (jusque dans l’Allegro molto moderato). Le piano pourrait s’abandonner davantage dans la Deuxième Sonate, mais la caresse des cordes émeut toujours autant. Quant à la Troisième Sonate, elle plonge dans le symphonisme brahmsien avec mesure mais intelligence (Brilliant Classics BC 94824). Déception, en revanche, avec l’album de l’éminent attelage franco-québécois constitué d’Augustin Dumay (né en 1949) et Louis Lortie (né en 1959). Le propos paraît plus terne, la faute à des tempos assez apathiques dans les deux premières sonates, qui font du surplace. Le toucher, lui, n’est évidemment pas terne – mais le sentiment d’une version qui tourne à vide prédomine. Un sentiment que ne parvient pas à effacer une admirable Dernière Sonate – puissante et, en même temps, finement hédoniste. Dommage, car l’éditeur a fort bien fait les choses avec ce livre-disque très soigné (complété par un vibrant Scherzo en ut mineur) et superbement enregistré (Onyx 4133).GdH




78 minutes avec Alisa Weilerstein





Alisa Weilerstein (née en 1982) poursuit sa collaboration avec Decca en enregistrant cette fois des œuvres en solo. La violoncelliste américaine possède la maturité et la maîtrise pour affronter la Sonate pour violoncelle seul de Kodály dont elle livre une interprétation assurée, vigoureuse, profonde mais aussi un peu trop ronronnante et languissante. Le reste du programme présente nettement moins d’intérêt. Omaramor (1960) d’Osvaldo Golijov, la Suite pour violoncelle (1926) de Cassadó et Seven Tunes Heard in China (1995) de Bright Sheng se laissent écouter sans déplaisir mais, avec la meilleure volonté, force est de constater que ces pages n’ont pas le souffle et la profondeur de l’œuvre de Kodály. Or, l’interprétation de celle-ci dure 32 minutes, le disque 78 (478 5296). SF




Knappertsbusch face au répertoire germanique





Le grand Hans Knappertsbusch (1888-1965) reste évidemment célèbre pour ses enregistrements wagnériens, mais le connaît-on dans Mozart? Certes, il a enregistré Les Noces (un live à La Haye en octobre 1940 est depuis longtemps disponible chez Tahra) ainsi que, toujours en concert, les trois dernières symphonies mais on ne peut pas dire que ce soit là son compositeur de prédilection. Et cela se vérifie avec cette version inédite du Concerto pour clarinette qui, malgré l’absence de toute précision sur la notice du présent disque (qui ne compte aucune information autre que l’année d’enregistrement), ne peut que correspondre au concert donné le 6 janvier 1962 à Munich, avec l’Orchestre philharmonique de Munich, et qui avait déjà été publié dans le cadre notamment d’un coffret dédié au grand chef allemand (Golden Melodram). Le clarinettiste Wolfgang Schröder (et non Schlöder, comme indiqué par erreur) est plutôt agréable à écouter dans le deuxième mouvement mais tant la sonorité que la netteté des attaques et des détachés sont des plus hasardeuses dans le troisième. Quant à l’accompagnement, il est tranquille et ne distille guère l’enthousiasme alors que le premier mouvement pouvait laisser penser qu’on aurait droit à une version à tout le moins honorable. La seconde œuvre au programme de ce disque est la Cinquième Symphonie de Beethoven, qui a déjà connu les honneurs de la publication, couplée avec la Quatre-vingt-huitième de Haydn (Tahra 213), deux œuvres enregistrées le 20 mars 1962 à la tête de l’Orchestre symphonique de la Radio de Hesse (Francfort). Cette interprétation se caractérise avant tout par une extrême lenteur (9’53 pour le seul premier mouvement alors que, à la même époque, Karajan l’enlevait en 7’13!) qui est absolument rédhibitoire. Le début du deuxième mouvement ne manque pas de grandeur mais, là encore, Knappertsbusch s’enlise (nous en sommes tout de même à 2 minutes de différence par rapport à Karajan avec Berlin) et la beauté plastique se mue rapidement en ennui profond. Le pire réside néanmoins dans le quatrième mouvement, qui fait de cet enregistrement et, en vérité, de ce disque un objet à destination des seuls admirateurs du grand Kna (IDIS 6684). SGa




Carmignola et le Concerto Köln: un Bach trop sage





Fondé en 1985, le Concerto Köln s’est rapidement fait connaître par son importante et régulière production discographique, tournée tout d’abord vers le baroque avant d’embrasser le répertoire négligé des petits maîtres contemporains de Haydn et Mozart. Des découvertes stimulantes pour l’amateur, qui avaient donné une identité forte à cet ensemble sur instruments d’époque – aux côtés des disques sur instruments modernes des London Mozart Players. Depuis cinq ans, la formation allemande est revenue à ses premières amours baroques, se consacrant principalement à Haendel et Bach. Ce retour aux sources s’accompagne d’une évolution stylistique progressive, les musiciens réduisant plus encore leur vibrato tout en diminuant l’intense vie rythmique des cordes – une caractéristique de cet ensemble. Pour ce nouveau disque consacré aux œuvres concertantes pour violon de Bach (les deux concertos, le Double Concerto ainsi que la «reconstruction» de deux des concertos pour clavecin, BWV 1052 et BWV 1056), c’est cette optique chambriste d’une intériorité sincère qui domine, éminemment sérieuse par son refus de tout effet. Mais le manque de couleurs engendre une sécheresse et une certaine langueur, à laquelle le violon de Giuliano Carmignola offre une lumière particulièrement bienvenue. Le violoniste italien déploie son art avec une émouvante concentration, à la limite du murmure dans les mouvements lents, plus réactif dans les passages vifs bien maîtrisés. Un disque globalement satisfaisant, mais trop sage. On ne peut que souhaiter au Concerto Köln de retrouver à l’avenir un son plus personnel, avec davantage de caractère, pour nous emporter pleinement Archiv Produktion 479 2695). FC




Même réduit, Poulenc reste grand





Jean-Pierre Armengaud a enregistré Les Animaux modèles, Les Biches et Aubade de Poulenc dans une adaptation pour piano. Fidèle et habitée, l’interprétation ne peut être recommandée qu’à titre documentaire, la version pour orchestre demeurant bien sûr prioritaire. Néanmoins, le pianiste, qui témoigne d’une intime compréhension de ce langage reconnaissable entre tous, apporte de la vie, de l’esprit et du piquant à ces arrangements. Ce n’est pas la sonorité la plus belle mais ce jeu à la pointe sèche convient parfaitement (Naxos 8.573170). SF




Falstaff à Salzbourg: un beau gâchis!





Ce Falstaff de Verdi affiché à Salzbourg en 2013 dans le cadre idéal de la Haus für Mozart (ex-Kleines Festspielhaus) est l’exemple parfait du spectacle qui, disqualifié par une mise en scène stupide malgré un niveau musical excellent, ne devrait, sinon pour montrer le mauvais exemple, pas laisser trace dans la vidéographie déjà riche d’un chef-d’œuvre de l’art lyrique. Comme Verdi, lorsqu’il composait Falstaff, avait aussi en tête la construction de la maison de retraite pour artistes qui porte aujourd’hui encore son nom (Casa Verdi), l’idée directrice de la mise en scène de Damiano Michieletto consiste à situer l’action dans le grand salon de celle-ci. Dans ce décor unique, il s’agit d’un long rêve de Falstaff – plutôt d’un des pensionnaires, qui revit son rôle, allongé dès le lever de rideau sur un canapé – et les personnages sont quasi toujours en scène (ainsi que des figurants qui parfois doublent les rôles). L’idée capote vite et on est obligé de modifier l’action pour y pourvoir comme d’inventer pour la farce finale un enterrement du chanteur du rôle-titre. Qui ne connaît pas son Falstaff ne comprendra rien. Ceux qui le connaissent et qui souhaitent le reconnaître ne seront pas plus avancés Le mélange des costumes d’aujourd’hui et du XIXe siècle tardif n’aide en rien. C’est d’autant plus dommage que musicalement il s’agit d’une version excellente avec un Falstaff (Ambrogio Maestri) très crédible en truculence et beauté vocale. L’ensemble de la distribution, quasiment entièrement italienne, est très bon, notamment Fiorenza Cedolins (Alice) ainsi que le couple d’amoureux Javier Camarena (Fenton) et surtout l’exquise Eleonora Buratto (Nanetta). La direction de Zubin Mehta est extrêmement raffinée, attentive au moindre détail, à la tête de Wiener Philharmoniker en état de grâce et d’un chœur (malheureux choristes obligés de marcher grimés en vieillards avec des déambulateurs) superlatif. Un beau gâchis! OB



[La rédaction de ConcertoNet]

 

 

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