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CD et DVD: l’actualité de septembre
09/15/2014



Les chroniques du mois



Must de ConcertoNet


   Notre-Dame de Paris à la Scala (2013)


   Claudio Abbado dirige Bruckner


   Karl Böhm répète et dirige R. Strauss




 Sélectionnés par la rédaction


   Dîner avec Lenny de J. Cott


   L’Opéra de Paris (1900-1960)




 Oui !

Herbert von Karajan dirige à Washington (1955)
Philippe Bianconi interprète Chopin
Jean-Baptiste Fonlupt interprète Chopin
Heinz Holliger dirige Schumann
L’Ensemble vocal de la Radio de Stuttgart
Corey Cerovsek et Paavali Jumppanen interprètent Brahms
Le Comte Ory à Pesaro (2009)
Michael Korstick interprète Debussy
Matteo Fossi et Marco Gaggini interprètent Bartók
Le duo Pestova/Meyer interprète Cage
Charles Munch filmé à Boston (1958-1962)
Les Maîtres Chanteurs à Berlin (1995)
Sakari Oramo dirige Elgar
Markus Stenz dirige Mahler



Pourquoi pas?

Zlata Chochieva interprète Chopin
Vanessa Wagner interprète Ravel
Le pianiste Louis Schwizgebel
Karl-Heinz Steffens dirige Schumann
Erich Leinsdorf dirige et répète Schumann et Wagner
Christian Benda dirige Rossini
Concertos français par le pianiste Florian Uhlig



Pas la peine

Laure Favre-Kahn interprète Chopin
Yundi interprète Beethoven et Schumann
Sunwook Kim et Myung-Whun Chung interprètent Beethoven
Florian Uhlig interprète Ravel
Paul Badura-Skoda en concert
Lise de la Salle interprète Schumann
Robin Ticciati dirige Schumann
Frank Beermann dirige Schumann
Sergey et Lusine Khachatryan interprètent Brahms
Myung-Whun Chung dirige Tchaïkovski
Récital de piano de Myung-Whun Chung



Hélas !

«A Night with Friedrich Gulda»
Michael Gees interprète Schumann





Le match du mois


           

           

Intégrales symphoniques de Schumann: H. Holliger, K.-H. Steffens, R. Ticciati ou F. Beermann?





En bref


Le Mahler quatre étoiles de Markus Stenz à Cologne
Charles Munch en images
Des Maîtres qui respectent la tradition
Sonates pour violon et piano de Brahms: Cerovsek vs Khachatryan
Bartók et Cage à deux pianos
Hänssler: deux pianistes allemands dans le répertoire français
Le Comte est bon
Chung chef et pianiste
Un chef finlandais et un orchestre suédois pour Elgar
Où est passée la flamme de Rossini?
Erich Leinsdorf en répétition et en concert à Baden-Baden




Le Mahler quatre étoiles de Markus Stenz à Cologne





Poursuivant son intégrale avec le Gurzenich de Cologne (lire ici), Markus Stenz (né en 1965) s’attaque aux dernières œuvres de Mahler et confirme les qualités démontrées jusqu’ici: excellence orchestrale, infaillibilité de la battue, sens du rythme et de la virtuosité mahlériens. La Neuvième Symphonie (enregistrée en janvier 2014) est franchement exemplaire. Tour à tour brûlant et glacial, impétueux et immobile, l’orchestre fouille le texte (notamment sa rythmique) sans en trahir l’identité ni la finalité. Une Neuvième admirable – sans le jusqu’au-boutisme d’un Giulini ou d’un Karajan, ni la même ferveur qu’un Bernstein ou un Abbado. Mais du grand Mahler. Ce que confirme l’Adagio de la Dixième Symphonie (enregistré en juillet 2011), qui exagère un peu le pathos – jusqu’au hurlement – mais a le grand mérite de captiver par son éloquence dramatique et son absence de passivité (double album SACD Oehms Classics OC 654). GdH




Charles Munch en images





Bon nombre des concerts dirigés par Charles Munch (1891-1968) du temps de son mandat de directeur musical du Symphonique de Boston (1949-1962) ont été filmés: si ces enregistrements vidéo ont débuté dès 1955, les cinq DVD (soit 6 heures et 20 minutes de musique) publiés par ICA Classics au cours des trois dernières années avec des notices très documentées de Richard Dyer (en anglais, français et allemand) et désormais regroupés en un coffret cartonné couvrent la période 1958-1962. Tous ont été captés au Théâtre Sanders de Harvard, de façon plus moins heureuse et aboutie: même si les bandes ont été soigneusement restaurées, certains mouvements de caméra n’en demeurent pas moins hasardeux et la qualité de l’image est variable. «Le beau Charles», qui s’était produit avec l’orchestre dès 1932, est resté dans l’histoire pour ses interprétations de la musique française, de Berlioz à Dutilleux: s’il l’a bien évidemment pratiquée à Boston, ce dont d’autres parutions témoignent chez le même éditeur, sa pratique et sa familiarité avec le répertoire germanique étaient immenses – il avait été le Konzertmeister de Furtwängler et Walter à Leipzig au tournant des années 1920 et 1930. De Haendel à Bruckner, le champ couvert est large et présente en outre l’intérêt de pouvoir découvrir Munch dans des œuvres qu’il donnait plus ou moins souvent en concert mais qu’il n’a pas eu l’occasion – à Boston ou ailleurs – de graver au disque. Egal à lui-même, délivrant une battue énergique et généreuse avec une baguette d’une longueur impressionnante, toujours à la tête d’effectifs énormes (avec bois et cuivres renforcés, voire doublés) et quasi exclusivement masculins, Munch est à son meilleur dans Beethoven (en particulier une Cinquième Symphonie à la démesure berliozienne), Mendelssohn (une Symphonie «Ecossaise» torrentielle, presque violente) ou Schumann (une Ouverture de Genoveva irrésistible de passion). Il ne déçoit véritablement que dans un Bruckner hors sujet et, à un moindre degré, dans des Mozart sympathiques mais qui ont mal vieilli – même les trois extraits de Water Music de Haendel «arrangés» par H. Harty, à écouter comme les Bach revus dans l’entre-deux-guerres par Elgar, Respighi, Stokowski et Schönberg, ne manquent pas d’allure (ICAB 5130). SC




Des Maîtres qui respectent la tradition





La mise en scène assez traditionnelle de Götz Friedrich correspond à l’idée que l’on se fait des Maîtres chanteurs de Nuremberg: une foule de personnages savoureusement croqués et un cadre vaguement Renaissance, sans croix gammée ni sanitaires – c’est finalement mieux comme cela. De la distribution, équilibrée et bien chantante, se démarquent le Sachs posé et sympathique de Wolfgang Brendel, le Walther bien de sa personne et de haute tenue de Gösta Winbergh, l’Eva douce et souriante d’Eva Johansson, le Beckmesser maladroit et touchant d’Eike Wilm Schulte, le Pogner massif et idiomatique de Victor von Halem. La direction sans fioriture de Rafael Frühbeck de Burgos répond également aux attentes. L’enregistrement de ce spectacle du Deutsche Oper (Berlin) de 1995 n’accuse pas son âge et constitue une référence recommandable (Arthaus Musik 102 328). SF




Sonates pour violon et piano de Brahms: Cerovsek vs Khachatryan


        


Comme l’écrit fort justement Jean-Michel Molkhou dans la notice du premier de ces deux albums, les Sonates pour violon et piano de Brahms, «à contre-courant des goûts du moment, ne se présentent jamais comme des morceaux de bravoure ou des pièces à effet, Brahms n’ayant jamais fait dépendre la valeur de l’une d’entre elles de gammes périlleuses ou de démonstrations de virtuosité. Et c’est sans doute là tout leur miracle.» C’est également ce qui fait le prix du disque du duo formé par Corey Cerovsek (né en 1972) et Paavali Jumppanen (né en 1974). Sur le splendide «Milanollo» (Stradivarius, 1728) et dans une prise de son optimale en termes de chaleur et d’intimité, le violoniste canadien réussit le tour de force de livrer une interprétation d’un seul tenant, toujours mesurée et sans chute de tension. Le résultat pourra paraître manquer d’un grain de personnalité pour secouer certains passages – mais quel legato déchirant dans l’archet! Le pianiste finlandais – plus coutumier du répertoire contemporain mais qu’on avait également apprécié dans Beethoven – lui répond avec subtilité et finesse dans la précision du toucher et des nuances (Milanollo Recordings). Une version plus équilibrée que celle de Sergey (né en 1985) et Lusine Khachatryan (née en 1983), la personnalité plus affirmée du violoniste arménien bousculant Brahms à l’excès, celle – trop effacée – de sa sœur rendant l’accompagnement plutôt anonyme. Si les deux artistes ne manquent pas de talent, un excès d’affect et un archet haut en couleur mais presque instable pour cet univers déstabilisent la ligne de chant brahmsienne – ces «chants sans paroles», pour reprendre le mot de Brigitte François-Sappey dans la notice... Le geste talentueux de Sergey Khachatryan est peut-être plus adapté à un répertoire davantage extraverti (lire ici), son «Lord Newlands» (Stradivarius, 1702) lui ouvrant bien des possibilités – y compris celle de revenir à Brahms plus tard dans sa carrière (Naïve V 5314). GdH




Bartók et Cage à deux pianos


        


Matteo Fossi (né en 1978) et Marco Gaggini (né en 1984) proposent l’intégrale de l’œuvre pour deux pianos de Bartók. Le projet intrigue d’abord, puis déçoit quelque peu, car en fait, le compositeur n’a originellement écrit aucune pièce pour cet effectif: on trouvera donc les arrangements, réalisés pour le duo qu’il formait avec sa seconde épouse, Ditta Pásztory, de la rare Seconde Suite pour orchestre (1907/1943) et de sept numéros de Mikrokosmos (1939/1940), mais aussi une version intégrale du ballet Le Mandarin merveilleux (1919). Seule partition originale, la fondamentale Sonate (1937) associe deux percussionnistes (Federico Poli et Gianni Giangrasso) aux deux pianistes. Pour porter ce double album à une durée décente, les musiciens ont assez logiquement choisi Ligeti, un héritier de Bartók, et son triptyque Monument, Autoportrait et Mouvement (1976). Il ne faut cependant pas s’arrêter au caractère un peu composite du programme, car les Italiens s’investissent pleinement pour offrir de bonnes versions de pages essentielles (Sonate, Ligeti) et, surtout, de nouveaux aperçus de l’œuvre de Bartók – la Seconde Suite, notamment, est assez inattendue avec son mélange d’ironie et de séduction straussienne (album de deux disques Brilliant Classics 94737).
Naxos poursuit dans sa collection «American Classics» son cycle consacré aux œuvres pour deux claviers de John Cage et confié au Duo Pestova/Meyer, formé en 2003 à Amsterdam par la Canado-Néozélandaise (résidant en Grande-Bretagne) Xenia Pestova (née en 1979) et le Luxembourgeois Pascal Meyer (né en 1979). Tout aussi passionnant que le premier, le deuxième volume associe également des œuvres de style très différent: ludique, joyeuse et bariolée dans les Trois Danses (1945) pour deux pianos préparés, destinées au duo Gold/Fizdale (comme A Book of Music l’année précédente); expérimentale, méditative et métaphysique dans Music for Two (1984/1987), au contraire, à l’autre extrémité de l’œuvre du compositeur américain, avatar d’une partition écrite pour dix-sept instruments (dont deux pianos) pouvant être jouées par n’importe quelle combinaison associant tout ou partie de ces dix-sept musiciens. Nul doute que le troisième (et dernier) volume vienne conclure cette entreprise tout à fait remarquable (8.559727). SC




Hänssler: deux pianistes allemands dans le répertoire français


        


Qui a dit que les pianistes allemands ne pouvaient exceller dans le répertoire français? Pas Michael Korstick (né en 1955) en tout cas, qui propose – dans le troisième volume de son intégrale Debussy (après celles consacrées à Beethoven et à Koechlin), un généreux programme (de La Damoiselle élue aux Epigraphes antiques, en passant par l’Hommage à Haydn, le Menuet antique, la Ballade, le Morceau de concours et La plus que lente) – avec une finesse de toucher rarement entendue dans ce répertoire qu’il est si aisé de brutaliser. On admire notamment la souveraineté du doigté dans les Images, qui ne manquent que d’un soupçon d’évanescence pour bouleverser pleinement (Hänssler Classics CD 93.319). Son cadet Florian Uhlig (né en 1974) donne la réjouissante occasion d’entendre des concertos pour piano plutôt rares au disque. Pas le Concerto en sol de Ravel – un compositeur dont il vient de livrer l’intégrale des œuvres pour piano seul –, mais assurément le bref Concertino de Jean Françaix (et son Rondeau charmant), et même l’insolite Fantaisie de Debussy et l’entêtant Concerto de Poulenc. Un peu monocolore, le toucher bondissant du pianiste allemand se combine à la précision de son sens rythmique pour mettre le feu à ces partitions qui ne demandent qu’à s’enflammer. L’accompagnement de la Philharmonie allemande de la Radio de Sarrebruck et Kaiserslautern, dirigée par le chef espagnol Pablo González (né en 1975), est digne d’éloges, même si le Ravel souffre d’une sonorité excessivement brillante qui rend la tonalité générale presque monotone (Hänssler Classics CD 93.302). GdH




Le Comte est bon





A l’instar de Bayreuth, le festival de Pesaro est la Mecque des inconditionnels du compositeur. Ce Comte Ory (1828) de 2009 permet de passer un moment agréable. Lluís Pasqual imagine un jeu de rôle sur des tréteaux éclairés par des lustres somptueux: une mise en scène pensée et travaillée qui confère à la représentation un rythme soutenu. Sur le plateau règne un véritable esprit de troupe: les chanteurs (Yijie Shi, Maria José Moreno, Laura Polverelli, Roberto de Candia, Lorenzo Regazzo), qui, pour la plupart, prononcent correctement le français, affrontent les vocalises rossiniennes sans trébucher et jouent la comédie avec conviction, sans s’épargner ni délivrer des gesticulations aussi ridicules que vaines. Paolo Carignani dirige un Orchestre du Théâtre communal de Bologne plutôt mat mais suffisamment léger, précis et allant (Arthaus Musik 101 649). SF




Chung chef et pianiste


         


On sait le musicien accompli qu’est Myung-Whun Chung (né en 1953), qui continue d’enregistrer avec diverses formations orchestrales et publie aujourd’hui son premier disque de pianiste en solo.
Comme pour ses récents Beethoven, Debussy et Ravel, Chung dirige le Philharmonique de Séoul sous étiquette jaune (dans le cadre d’un contrat de dix albums principalement destinés au public asiatique). Malgré les mérites de l’orchestre (souplesse, finesse, sensibilité) lors de ce concert donné dans la capitale sud-coréenne en août 2011, le résultat n’est pas très probant. Le chef coréen livre une Sixième Symphonie «Pathétique» de Tchaïkovski à la déclamation tremblante et aux couleurs floues, faisant du surplace dans le premier mouvement (plombé par d’incessantes chutes de tension), mais parvenant à donner du Finale une lecture sobre. L’Allegro con grazia se fourvoie, en revanche, dans la minauderie, tandis que l’Allegro molto vivace pétarade dans l’insouciance. La brève Vocalise de Rachmaninov (dans l’adaptation de Clinton Nieweg) qui complète le programme ne convainc pas de l’utilité de ce disque d’à peine 54 minutes (Deutsche Grammophon 476 490-2). Le répertoire choisi par Chung pour son album soliste est un florilège de partitions célèbres sur lesquelles «son toucher et sa sensibilité jettent un nouvel éclairage», d’après l’éditeur. Certes, on peut trouver une éloquence nouvelle au Huitième Nocturne (Chopin) ou au Chant d’automne (Tchaïkovski). Mais l’ensemble de ce «best of» manque cruellement d’épaisseur – le squelettisme de la Lettre à Elise (Beethoven) ou de l’Arabesque (Schumann) – comme de magnétisme – l’architecture bancale du «Clair de lune» (Debussy). Et l’on mesure – dans les Deuxième et Troisième des Impromptus D. 899 (Schubert) ou dans l’Ah! vous dirai-je, Maman (Mozart) – que la technique du chef coréen est loin d’être souveraine au clavier. Pour les fans de Myung-Whun Chung uniquement (ECM New Series 2342 481 0765). GdH




Un chef finlandais et un orchestre suédois pour Elgar





A la tête de l’ Orchestre philharmonique royal de Stockholm, dont il est depuis 2008 chefdirigent et conseiller artistique (tout en étant chief conductor de l’Orchestre symphonique de la BBC depuis 2013), Sakari Oramo (né en 1965) livre une version dynamique, concentrée et intense de la Première Symphonie d’Elgar, qui évolue avec adresse entre un la bémol majeur noblement serein et un mineur plus tourmenté. Elgar attendit l’âge de 50 ans avant de s’attaquer au genre symphonique proprement dit, ses œuvres orchestrales étant jusqu’en 1907 des évocations obliques de personnes, de personnages ou de lieux, comme Cockaigne (In London Town) (1901), ici en complément de programme. La partition évoque la vie à Londres, pays de cocagne, et la truculence des Cockneys des quartiers populaires. C’est une explosion de vie colorée aux humeurs changeantes jusqu’à la tendresse. Le chef finlandais et la phalange suédoise en réussissent le grand souffle effervescent, leur jeu «enjoué, robuste et coriace» en accord avec l’image que se faisait le compositeur de son ouverture de concert. La Symphonie est par définition d’une autre envergure. Maintenant une tension permanente, l’interprétation en souligne l’urgence et le mordant sans en occulter le mystère ou le caractère parfois aérien. Le deuxième mouvement est un scherzo à trois faces souvent traité de manière plus extérieure mais les Suédois, sous la baguette d’Oramo, redonnent une logique infaillible aux volte-face entre le fiévreux, la douceur lyrique et la puissance, gommant à bon escient le marcato de rythmes potentiellement martiaux. Malgré la tenue de l’ensemble, la récente version d’Edo de Waart (PentaTone), qui alterne une délicatesse rêveuse et un majestueux détaché, n’évite pas ici, par exemple, l’écueil d’une référence trop directe aux grandes Marches antérieures. Bien servis par une prise de son ample et lumineuse, les musiciens de Stockholm atteignent sur l’ensemble de la Symphonie une intensité qui met en mémoire les paroles du compositeur, disant y avoir mis ses espérances et sa «vaste expérience de l’existence humaine». (SACD BIS 1939). CL




Où est passée la flamme de Rossini?





«Voici du feu qui nous arrive. L’éteindrons-nous? » écrivait Stendhal dans sa Vie de Rossini à l’écoute du deuxième acte du Barbier. Car, effectivement, telle est bien souvent la marque de fabrique du natif de Pesaro qui, avec humour et étincelles de chaque instant, a ravi les théâtres pendant plus d’un siècle et demi. Le présent disque, quatrième d’une série proposée par Naxos, poursuit l’exploration des Ouvertures de ses opéras, mêlant le très connu (Le Barbier de Séville) avec le plus confidentiel (Le Turc en Italie) voire le totalement inédit, sauf pour les plus avertis (Bianca e Falliero). L’orchestration de Rossini, bien que reconnaissable entre mille, fait intervenir toute la panoplie des instruments disponibles (la trompette dans l’ouverture du Turc, le cor, la clarinette et le piccolo dans la Sinfonia en mi bémol majeur) et la joie de vivre transparaît à chaque morceau quand bien même l’Ouverture de Ricciardo e Zoraide débuterait de façon quelque peu ténébreuse, voir inquiétante. Même si le Sinfonia de Prague pourrait être plus vivace et la direction du très professionnel Christian Benda plus imaginative, force est de constater que ces artistes défendent ces partitions avec énergie et un plaisir somme toute assez communicatif. Mais, comme on pouvait le pressentir tant au regard des ouvertures enregistrées ici que des trois précédents volumes, c’est surtout l’intérêt du défrichage qui s’impose ici. Car comment obtenir d’une autre façon ces ouvertures qui ne sont jamais enregistrées sauf en de rares occasions? Privilégions donc l’aspect musicologique de ce quatrième disque sur sa dimension purement musicale, qui fait figure tout de même de flamme assez tiède (8.572735). SGa




Erich Leinsdorf en répétition et en concert à Baden-Baden





Importante figure de la vie musicale aux Etats-Unis, Erich Leinsdorf (1912-1993) est aujourd’hui un peu oublié. Né dans une famille juive de Vienne, il fut l’assistant de Walter et Toscanini à Salzbourg. En 1937, il part exercer les mêmes fonctions au Met, où, dès 1939, il remplace Bodanzky dans le répertoire germanique. Naturalisé américain en 1942, il reste avant tout comme un chef d’opéra même s’il fut notamment, entre Munch et Steinberg, directeur musical du Symphonique de Boston (1962-1969). Le programme de ces films réalisés en 1989 à Karlsruhe avec l’Orchestre symphonique du Südwestfunk de Baden-Baden (du temps où Michael Gielen en était le Chefdirigent) traduit bien le tropisme opératique de Leinsdorf: à l’instar de Stokowski, il a cousu les Préludes et des interludes orchestraux de Parsifal afin de former un long poème symphonique (comme il l’avait également fait pour Pelléas de Debussy). Figurait au même concert la Quatrième Symphonie de Schumann, avec un effectif restreint et, surtout, dans sa version originale de 1841 – un choix assez inattendu, quelques années avant le retour en grâce de cette première mouture à l’instigation de chefs tels que Gardiner, Harnoncourt, Rattle et Sawallisch. L’interprétation manque malheureusement de tonus et de saveur alors que le travail de répétition, qui fait l’essentiel de l’intérêt de ce DVD, réalisé par János Davras sans grande originalité et en accordant une forte prééminence au chef, montre une personnalité attachante: très disert, tour à tour cabotin et pince-sans-rire avec son délicieux accent viennois, Leinsdorf démontre en même temps un grand souci de méthode et une attention scrupuleuse au texte (EuroArts 2001338). SC



La rédaction de ConcertoNet

 

 

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