About us / Contact

The Classical Music Network

Editorials

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le mois du mélomane professionnel
05/01/2014





Un mois d’avril riche et passionnant


Tout a commencé par un récital violon- piano donné par deux «géants», Akiko Suwanai et Itamar Golan. Chostakovitch, Beethoven avec la Septième Sonate, si belle avec son ambiance mineure entre joie et tristesse, une création française d’une œuvre de Tanguy (la création mondiale eut lieu au Japon, l’œuvre ayant été écrite pour Suwanai) et la Seconde Sonate de Bartók. Même quand on a quelques réserves sur la combinaison violon (libre) et piano (tempéré), et je suis dans ce cas, on était tout à fait conquis. Une qualité exceptionnelle.


Le Quatuor Artemis après, avec le Premier Quatuor de Brahms et le Quintette à deux violoncelles de Schubert, un des sommets de la musique de chambre, pour lequel Gautier Capuçon est venu prêter main forte au quatuor. Encore du sublime et d’un niveau difficile à dépasser.


La Cité de la Musique a eu la bonne idée de nous offrir cette saison plusieurs weekends «Turbulences». Cette fois-ci avec Bruno Mantovani à l’honneur et l’Ensemble intercontemporain. Que dire de la soirée du samedi en trois parties, avec d’abord un morceau pour flûte solo interprété par Emmanuelle Ophèle, un morceau pour percussionniste solo par Gilles Durot et un concerto pour basson et orchestre par l’inégalable Pascal Gallois? Si mes souvenirs ne me trompent pas, c’est lui qui a créé la Sequenza XII pour basson de Berio au Châtelet il y a quelques années déjà. Ces solistes de l’ensemble! On devrait nous jalouser de les avoir. Début de soirée très réussi, suivi d’une deuxième partie où la musique était partout, dans le Musée, dans l’Amphithéâtre et dans la «Rue musicale». On n’était pas rassasié. Heureusement qu’il y a encore eu cette troisième partie avec le chef-d’œuvre de Steve Reich Music for Eighteen Musicians. A quand les prochaines «Turbulence»?


Exceptionnellement, deux concerts privés. Dans un musée inconnu près de la porte d’Orléans, Naaman Sluchin et Piet Kuijken nous ont offert un autre récital violon-piano avec, cette fois, la Sixième Sonate de Beethoven, souvent travaillée et rarement jouée, la Deuxième Sonate de Schumann et une Romance de Clara Schumann. Et, dans ma rue, où se trouve un musée de langues, cinq amis, mélange d’amateurs et de professionnels, pour Quintette «La Truite» de Schubert. Les deux soirées se sont terminées par un verre de l’amitié, vous mettant de bonne humeur et vous réconciliant avec la vie quand c’est nécessaire. Je ne peux que souhaiter à nos lecteurs d’avoir des amis qui les invitent pour de tels moments!


Pour terminer le mois, Anvers et l’Opéra flamand, qui a été honoré cette année grâce au Parsifal dirigé par Eliahu Inbal dont je vous ai parlé (voir ici): l’idée a consisté à combiner pour une soirée deux œuvres, Le Château de Barbe-Bleue de Bartók et Le Voyage d’hiver de Schubert (je remarque que ce nom revient souvent dans cette chronique: il le mérite!). Les deux œuvres racontent la même histoire, une descente vers le désespoir (voir ici). J’ai aimé Bartók, malgré les réserves que les metteurs en scène aujourd’hui nous obligent à émettre presque systématiquement. Dans cette soirée, le passage du cheminement personnel vers un cheminement social et général ne fut pas toujours convaincant. Les voix étaient belles, la basse du Slovaque Stefan Kocan et le soprano de la Lituanienne Asmik Grigorian. En plus, cette dernière est d’une beauté exceptionnelle, justifiant l’hésitation du comte entre la tendresse et la cruauté, et elle est une comédienne remarquable. L’orchestre fut excellent sous la baguette subtile de Martyn Brabbins. Je suis sûr que vous, mes lecteurs, me pardonnerez de ne pas parler du Voyage. Pour ce faire, je devrais mettre des habits de «méchant» qui ne me siéent pas. Disons quand même que Toby Girling a bien chanté (sauf pour la fin du «Leiermann», qui devrait se chanter en morendo et non en ff) et que le pianiste a bien accompagné. Dommage quand même que dans le choix de dix-sept des vingt-quatre lieder, on ait oublié «Die Krähe», qui est mon préféré. Oui! Oui! On a le droit de ne pas dire ce qu’on a envie de dire, pour éviter de heurter.


Benjamin Duvshani

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com