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Le mois du mélomane professionnel
10/01/2013




Une rentrée parisienne en grande force avec la Philharmonie de Berlin sous la direction de son chef, sir Simon Rattle, à Pleyel, dans un programme somptueux. D’abord, La Nuit transfigurée de Schönberg dans sa version pour orchestre. Ce fut tellement beau que même moi, qui préfère la version pour sextuor, ai pu être comblé. Ensuite, Barbara Hannigan est montée sur scène pour nous offrir trois fragments de Wozzeck à vous briser le cœur. L’entracte est bienvenu pour nous permettre de reprendre nos esprits. D’autant plus qu’en seconde partie nous attendait un Sacre du printemps comme on l’entend rarement. Bravo! Vous vous imaginez que la nuit fut perturbée par des rêves baignés de musique. Après le vide de l’été, ce fut réjouissant.


Un week-end France-Italie consacré au violon au Parc floral. D’abord, Sarah Nemtanu avec l’ensemble Syntonia dans des fragments d’œuvres de Franck, Ysaÿe, Saint Saëns, Debussy et, surtout, le Poème de Chausson par la superbe Sarah avec sa sonorité unique. Tout le monde connaît les difficultés de ces concerts «populaires» en plein air où les gosses courent à droite et à gauche et où les gens passent sans respect pour les musiciens. Il faut accepter la règle du jeu et ne prendre que ce qui est à prendre, c’est-à-dire la musique en se consolant par l’idée que quelques futurs mélomanes, des gens qui ne vont jamais au concert et qui n’écoutent jamais de musique chez eux, se trouvent dans le public.


Dès le lendemain, ce fut le violon de Laurent Korcia qui est venu nous enchanter, accompagné par l’Orchestre de chambre de Paris (dont le premier violon solo n’est autre que Deborah, la sœur de Sarah). Rossini avec l’Ouverture de L’Italienne à Alger, la Symphonie en ut majeur de Bizet, ma première œuvre aimée du temps où j’étais un musicien débutant travaillant la clarinette vers 7 ou 8 ans, I palpiti de Paganini avec toutes ses immenses difficultés dont se joue Korcia avec une facilité à rendre jaloux. Et puis la grande déception. Le premier mouvement du Premier Concerto de Paganini «repensé» par Fritz Kreisler. Le violon respecte plus au moins la partition originale mais la partition d’orchestre est complètement transformée – et pas en bien. Que ne donnerais-je, me suis-je dit, pour retrouver l’original! Et pourtant, j’aime et je respecte Kreisler allant jusqu’à trouver que son Liebesleid est l’un des plus beaux morceaux du répertoire violonistique. Dommage!


Encore du violon avec Janine Jansen et l’Orchestre de Paris dans le Second Concerto de Prokofiev. Une grande violoniste. Je lui ai rappelé notre première rencontre, il y a bien des années, au musée d’Orsay, où elle avait joué le Premier Trio de Schubert avec Mischa Maisky au violoncelle et Itamar Golan au piano. Elle semblait si fragile devant ces deux géants. Elle a bien ri quand je lui ai dit qu’elle était devenue une violoniste forte et solide à toute épreuve.


Rendez-vous le mois prochain!


Benjamin Duvshani

 

 

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