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Le mois du mélomane professionnel
07/01/2013





J’espérais vous parler de cette magnifique journée du solstice d’été où nous célébrons la grande lumière solaire d’un côté et la musique de l’autre. Eh bien, à part en regardant le calendrier, nous sommes passés à côté. Une année pourrie, comme on l’entend fréquemment. Heureusement, il y a eu de grands moments de musique les autres jours.


A commencer par un exceptionnel Voyage d’hiver à la Cité de la musique, chanté par le ténor Christophe Prégardien, accompagné par Michael Gees au piano. Une compréhension profonde de l’œuvre avec une voix merveilleusement placée. «Der Leiermann» comme je désire toujours l’entendre et, ce qui est rare, sans effet de dynamique ni de rythme, comme on joue le fameux thème du Concerto pour violon de Beethoven après la cadence du premier mouvement. Bouleversant! Mais comme la perfection n’est pas de ce monde, j’ai passé un mauvais moment pendant les applaudissements à tout rompre du public, totalement justifiés, quand le pianiste s’est remis à son clavier en vue d’un encore (ou un bis). J’ai juste eu le temps de fuir la salle. Après Le Voyage, il n’y a que le silence. Erreur de sensibilité chez quelqu’un qui n’en manque pas.


Au Théâtre des Champs Elysées, qui fête son centenaire, nous avons retrouvé un des grands de l’année, Verdi, avec un Requiem offert par l’Orchestre national de France sous la baguette de Daniele Gatti. Juliana di Giacomo a remplacé au pied levé Barbara Frittoli, souffrante. Sonia Ganassi, qui doit être un merveilleux mezzo, n’était pas à sa place à cause de son manque de puissance, qui a déséquilibré l’ensemble des solistes. Quelle joie de retrouver Matti Salminen malgré l’affaiblissement de sa voix. Beau Requiem quand même.


Puisque j’ai mentionné Verdi disons quelques mots de Wagner. C’est la dernière fois cette année, c’est promis. A partir de maintenant, il n’y en aura que pour Alkan, Britten, Lutoslawski et Verdi. Le Crépuscule à la Scala, le même à New York et le même à l’Opéra de Paris. L’indigestion. Il paraît que le Ring «à la Bayreuth» en une semaine fut un grand succès. Il y avait même des encas et des boissons aux entr’actes (par générosité ou parce que c’était dans le prix du billet?)


A Anvers pour la première de Candide de Bernstein. Voilà une soirée de bonheur comme on voudrait en vivre souvent. Yannis Pouspourikas a mené l’orchestre et le chœur de main de maître. Mention spéciale pour la Cunégonde de Leah Partridge, qui nous a gratifiés d’un «Glitter and be gay» époustouflant en plus d’une inénarrable présence scénique. La mise en scène de Nigel Lowery sans aucune exagération, tout en mesure. Et puis, cette habitude de l’Opéra de Flandre de faire suivre les premières d’une réception au foyer où l’on peut rencontrer tout le monde, discuter, critiquer, complimenter. Un vrai plaisir!


Je ne terminerai pas cette chronique sans mentionner un autre grand moment de bonheur musical. La scène de la mort de Sénèque dans Le Couronnement de Poppée à l’Opéra de Lille avec Emmanuelle Haïm, Le Concert d’Astrée, la mise en scène de Jean-François Sivadier et la voix de Paul Whelan. Je n’ai pas honte de dire que mes yeux se sont remplis de larmes.


La musique a eu de quoi nous rattraper de la misère de ce solstice raté.


Je serai là, à Paris, pendant l’été. Pour les vacances, on verra plus tard.


Benjamin Duvshani

 

 

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