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Le mois du mélomane professionnel
06/01/2013





Un mois triste. Un grand créateur nous a quittés. Je me souviens de cette soirée de 1985 où Isaac Stern a créé le Concerto pour violon «L’Arbre des songes» de Dutilleux. Dans la salle d’abord et ensuite, à la maison, pour le réécouter grâce à l’enregistrement rendu possible par la diffusion en direct. Un nouveau concerto pour violon pour un violoniste! Quel bonheur!


A la Cité de la Musique pour écouter le Brussels Philhramonic sous la baguette de Michel Tabachnik dans la Sinfonia de Berio et la Première Symphonie de Mahler, dans le cycle «Mémoire et création». Je laisse le public avoir le dernier mot sur ce concert. Il a obligé l’orchestre à rejouer une partie du deuxième mouvement de la symphonie, chose qui n’arrive pas souvent.


Un autre concert à l’Opéra où, sous la direction de Philippe Jordan, l’orchestre a interprété l’Adagio de la Dixième Symphonie de Mahler, trop lentement, puis la Treizième Symphonie «Babi Yar» de Chostakovitch. Trop lentement car la tristesse de ce mouvement et le goût de la mort menaçante qui y règnent exigent en contrepartie un certain allant pour laisser une place, aussi petite soit-elle, à l’espoir. Que dire du sentiment tragique que peut provoquer chez le Juif que je suis l’écoute de cette symphonie de Chostakovitch. Là, l’orchestre, le chœur réunissant le Chœur de l’Opéra et le Chœur philharmonique de Prague, sont tout à fait parfaits et Alexandre Vinogradov, le soliste, bouleversant.


A l’Opéra pour voir La Gioconda de Ponchielli. Ce n’est pas un des opéras que j’aime le plus et pourtant il comporte des moments de plaisir de l’écoute de la voix. Il y a aussi la «Danse des heures», qui peut être d’un ennui mortel ou tout à fait ridicule comme dans Fantasia de Disney et qui, dansé ici par un couple de merveilleux danseurs, qui plus est nus, fut un enchantement. Un bonheur que de retrouver ce ballet sur YouTube, dans la production du Liceu.


Un vrai événement de théâtre musical que j’ai vu deux fois, une fois à Anvers avec des sous-titres en néerlandais et une fois à Paris avec des sous-titres en français, fut la création de Tragedy of a friendship par l’Opéra de Flandre. Conçu par Jan Fabre, le génial provocateur, avec une musique de Moritz Eggert et des bribes de Wagner et un texte de Stefan Hertmans. Tout est nouveau, le texte, la musique et la conception. Dois-je avouer le plaisir que j’ai eu à voir ce spectacle qui est un mélange de délire et de rêve où il ne faut pas tout comprendre pour être tout à fait au courant de la relation ambiguë entre Wagner et Nietzche? Paroles, chants et danses qui évoquent pour moi le théâtre tel qu’il doit être aujourd’hui, tellement plus convaincant que certaines mise en scène «modernes» sur des textes archi-connus qui peuvent décaler complètement la perception. Trois heures vingt sans entractes et pas une minute d’ennui!


La cerise sur le gâteau musical de ce mois de mai, commencé avec l’espoir du muguet et terminé dans le froid et des trombes d’eau, fut, sans aucun doute, le centenaire du Sacre du printemps de Stravinski au Théâtre des Champs-Elysées. Une soirée double. D’abord, la chorégraphie de Nijinski, d’une perfection absolue, qui permet de maintenir sans cesse l’intérêt et qui convainc à chaque fois davantage. Ensuite, en seconde partie, celle de Sasha Waltz, où je me suis ennuyé par moments. Devait-elle accepter la proposition de le faire? Toucher à une œuvre comme Le Sacre est dangereux. Fallait-il commencer la soirée par cette nouvelle chorégraphie et garder le Nijinski comme évocation historique pour clore la soirée?


Une méchanceté, pour terminer: le film présenté par Arte sur Wagner n’avait pas sa place sur cette chaîne qui a la prétention de la qualité. Et puis, jusqu’à quand Wagner? Il y a aussi Verdi, Alkan, Lutoslawski, Britten et d’autres que j’oublie.


Benjamin Duvshani

 

 

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