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Le mois du mélomane professionnel
05/01/2013
Retrouvailles avec la Symphonie en ré mineur de César Franck, pas assez fréquemment jouée. Sans aucun doute, une des plus belles symphonies du XIXe siècle. L’Orchestre de Paris sous la direction de Louis Langrée est tout à fait à l’aise pour offrir une version riche et émouvante.
Toujours à Pleyel, une Messe en si de Bach somptueuse par les English Baroque Soloistes, le Monteverdi Choir et sous la baguette de John Eliot Gardiner. Il est à la fête ce temps-ci et c’est tant mieux car il mérite tous les applaudissements. Souvenez-vous du Requiem de Berlioz à Saint Denis? Profond quand il le faut et léger quand il le faut. Un grand chef!
Et encore à Pleyel, la suite de l’intégrale de la musique de chambre de Brahms avec les solistes des Berliner. Une découverte, le Trio pour clarinette, violoncelle et piano opus 114 avec Wenzel Fuchs à la clarinette. Eh oui. On peut être un musicien et mélomane depuis des dizaines d’années, amoureux depuis toujours de Brahms et ne pas connaître une de ses œuvres. Superbe Deuxième Sonate pour violon et piano par Guy Braunstein et Alexei Volodin. Elle n’a pas la grandeur de laTroisième mais elle est si belle!
Beaucoup d’opéras en ce mois d’avril. A Luxembourg, le Parsifal de l’Opéra de Flandre sous la baguette d’Eliahu Inbal. D’abord, une conférence d’introduction remarquable de Jean-Paul Bettendorff, d’une richesse rare, sur le sujet sous tous ses aspects. Ensuite, une mise en scène «moderne» de Tatjana Gürbaca, heureusement pas excessive. Il y a des opéras dont le contenu peut être de tous les lieux et de tous les temps et permettent une lecture actualisée. Ce n’est pas le cas de Parsifal. La sexualité telle qu’elle est représentée dans cet opéra ne peut certainement pas nous toucher aujourd’hui, nous qui avons assimilé les enseignements de Freud et qui avons vécu les révolutions sexuelles du XXe siècle. Mention spéciale pour Susan Maclean, une Kundry exceptionnelle et pour le chant et pour la présence scénique.
Je n’ai pas aimé Hänsel et Gretel à Garnier. Un opéra écrit pour les enfants sur une histoire qui leur est destinée, traité avec une lourdeur psychanalytique, kafkaïenne et certaines incohérences. Comment se fait-il qu’une famille bourgeoise aisée ne puisse se nourrir? Où est la forêt, un élément essentiel de l’histoire? Encore une fois, on croit aller à l’opéra et on se retrouve sur les bancs d’un amphithéâtre de faculté de psychologie en train de préparer un doctorat. C’est peut-être pour cela que l’opéra n’a pas prévu de représentations en matinée. Un vrai plaisir, en revanche, de retrouver Anja Silja en Knusperhexe. Difficile d’imaginer la parenté de la musique de Humperdinck avec celle de Wagner en écoutant cette musique et pourtant...
Don Giovanni aux Champs-Elysées, un des éléments des célébrations du centenaire du théâtre. Tout pour l’oreille, peu pour les yeux. Jérémie Rhorer et Le Cercle de l’Harmonie entièrement satisfaisants ainsi que les voix des jeunes chanteurs. Peut-être un bémol pour le manque de légèreté de Zerlina mais cela se rattrape dans le duo Leporello-Zerlina du second acte, que l’on ne voit jamais et où Zerlina est dans un rôle de domination qui contraste avec ce qu’elle est par ailleurs. Avez-vous déjà vu cette scène? Elle est, il est vrai, dans la partition. Excellente idée que de diffuser le spectacle en direct sur Mezzo et Mezzo HD dans quarante-quatre pays. J’ai donné rendez-vous à une amie à l’autre bout du monde pour regarder en même temps et pour passer l’entracte ensemble par Skype, un verre à la main.
Double déception à la télévision. La Flûte enchantée de Baden-Baden, marquée par un déséquilibre entre l’esprit complètement populaire de la création et la présence des Berliner avec Rattle ainsi que les trois dames chantées par des stars. Déception aussi pour Les Troyens de La Fura dels Baus à Valence, avec une Didon si laide que l’on comprend pourquoi Enée s’en va. C’est encore plus grave à l’écran avec les gros plans.
A tous, un brin de muguet virtuel en ce 1er mai!
Benjamin Duvshani
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