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Le mois du mélomane professionnel 04/01/2013
Pour laisser l’exclusivité du 1er avril au poisson d’avril sportif de ConcertoNet, j’ai hésité entre le 31 mars, seul jour de l’année où je regrette de ne pas être catholique et le 2 avril, anniversaire de mon fils aîné. Comme Pâques est venu remplacer cette année la saint Benjamin et comme mon fils a décidé de ne plus célébrer ses anniversaires, j’ai décidé de maintenir le 1er avril en espérant que mes lecteurs ne prendront pas ma chronique pour un poisson d’avril.
Un mauvais mois pour la musique en salle. Les vacances scolaires, d’un côté, et le froid persistant, de l’autre, ont eu raison de la programmation et du courage de sortir. Il reste quand même trois événements à signaler.
Dans une très belle soirée organisée par l’association Emuna (Eveil Musique Nature) sous le signe des «Mouvements du corps et de l’âme» en rapport avec l’idée de variation, on m’a demandé de faire une petite intervention sur cette idée. Après avoir parlé de La folia de Corelli, de la Chaconne de Vitali et du quatrième mouvement de la Quatrième Symphonie de Brahms, je me suis embarqué dans un cours magistral sur la modulation avec des parenthèses sur le tempérament et sur la nécessité d’être parfois imprécis et un peu faux pour ouvrir la voie à la variation et éviter l’ennui. Ce n’était plus une petite intervention. Comme le centre de la soirée fut les Variations Goldberg dans une transcription pour trio à cordes de Sitkovetski, je m’y suis référé comme un exemple parfait, insistant sur la reprise de l’Aria, pour rappeler que tout voyage, aussi riche en imagination qu’il fût, doit se terminer par un retour.
Reprise de La Walkyrie à Bastille. Pas beaucoup de changements par rapport à la version de départ malgré les critiques qu’a eu à subir Günter Krämer. J’ai assez aimé, surtout après l’immense déception de La Walkyrie de Bayreuth avec une Brünnhilde aussi laide et aussi mal habillée et des jumeaux qui auraient bénéficié d’un régime amaigrissant. L’opéra est aussi fait pour le regard.
Un beau moment à Pleyel avec l’Orchestre de Paris et son chef Paavo Järvi et le merveilleux Gil Shaham qui continue son exploration des concertos pour violon des années 1930. Cette fois-ci ce fut le Second Concerto de Bartók qu’il avait enregistré avec Boulez et l’Orchestre de Chicago. Ce fut parfait, absolument parfait. En début de soirée ce fut la Première Symphonie de Dutilleux, avec sa richesse en variations, premier et dernier mouvements, et pour clore la soirée «ma» Première Symphonie de Beethoven, première œuvre que j’ai dirigée dans ma classe de direction d’orchestre à l’Académie de musique.
Il reste les écrans, TV et PC. Les Huguenots de Meyerbeer de Berlin avec la Staatsoper et de Sydney avec une Sutherland au mieux de sa forme. Lohengrin de Munich avec le couple mythique Kaufmann-Harteros dans une mise en scène qui laissait à désirer. Capriccio de Strauss au Metropolitan avec la ravissante Renée Fleming, qui nous a raconté ses émotions de jeunesse devant la scène finale. Je n’en ai pas eu autant mais c’est certainement parce que je ne suis pas une femme. Etonnement devant la manière de conduire de Barenboïm pour la Carmen de la Scala. On a l’impression par moment qu’il ne fait rien et on se demande comment l’orchestre sait ce qu’il veut. On est quand même heureux d’avoir les chaînes musicales à la télévision et YouTube, Arte et le reste sur l’ordinateur.
Je vous souhaite un excellent mois d’avril et serai de retour avec vous pour fêter le 1er mai.
Benjamin Duvshani
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