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Le mois du mélomane professionnel 12/01/2012
Cette rubrique a déjà un an. Que le temps passe vite. J’aurais envie de crier : « O temps, suspends ton vol » si un autre ne l’avait pas déjà dit et si bien dit avant moi.
La Cité de la musique nous a offert une soirée pleine de bonheur et de nostalgie avec un concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France où nous avons retrouvé Xenakis et Ligeti. La musique du XXe siècle dans ce qu’elle a de meilleur. Quelle merveilleuse idée que de donner Terretektorh deux fois en nous recommandant de changer de place entre les deux écoutes. Le XXIe siècle était au rendez-vous avec une création de Michaël Levinas et une de Luis Tinoco, les deux très réussies. Un souvenir des années 1970. La Maison de la Radio qui offre une soirée Stockhausen, Boulez et Messiaen. Moins de cinquante personnes dans la salle. Ce fut le sort de la musique contemporaine. Ce fut le temps où il y avait beaucoup de places vides à la Grange de Meslay parce que l’Ensemble intercontemporain y était avec Boulez et Richter. Les choses ont réellement changé depuis et la salle était archipleine pour notre concert. Peut-être que notre travail de journalistes y est pour quelque chose.
Un autre concert à la Cité de la musique avec Marc Minkowski et le Sinfonia Varsovia. Belle découverte d‘un remarquable violoniste, Jakub Jakowicz, dans le Second Concerto de Szymanowski. Technique parfaite et sensibilité «polonaise».
Une seule soirée à Pleyel pour entendre l’Orchestre de Paris interpréter magistralement Le Sacre (voir ici). Bonne introduction au centenaire du «scandale». On attend impatiemment la soirée anniversaire au Théâtre des Champs Elysées.
Reprise de La Cenerentola à l’Opéra (voir ici). Le grand Ponnelle. Souvenir de la trilogie monteverdienne à Zurich et surtout du plus beau Tristan et Isolde à Bayreuth. Je n’aime pas être méchant mais est-ce vraiment impossible de trouver des Angelina qui correspondent mieux par leur beauté et leur poids au coup de foudre de Don Ramiro? Pourtant, Marianna Pizzolato chante très bien. Quel dommage! Je considère Rossini comme un deuxième Mozart et crois qu’on ne lui rend pas suffisamment l’honneur qu’il mérite. Invention, vivacité, joie de vivre, capacité de mélanger le bouffe et le sérieux d’une façon géniale, ensembles rares dans le monde de l’opéra (sextuor du second acte, par exemple).
Un autre opéra et un autre cadre. La cambiale di matrimonio du même Rossini à l’Opéra royal de Versailles. Une découverte de cette magnifique salle après une promenade dans les cours du château éclairé. Un vrai enchantement. Malheureusement, une certaine déception. Peut-être que le cadre n’est pas le meilleur choix pour cet opéra de jeunesse. Et puis, qu’est-ce que l’Académie baroque peut chercher du côté du XIXe siècle ?
L’association Emuna nous a conviés à une soirée «Quatre saisons, de Vivaldi à Piazzolla» à la salle Cortot avec Amandine Beyer. Voilà un mélange très réussi d’une musique hautement «populaire» et d’un vrai chef-d’œuvre. J’ai même eu l’honneur d’écrire un texte sur les saisons dans le programme de la soirée.
Du côté des écrans, une soirée consacrée aux 70 ans de Daniel Barenboim sur Arte et Le Couronnement de Poppée mis en scène par Pier Luigi Pizzi sur Mezzo. J’ai une grande admiration pour Pizzi, surtout depuis un inoubliable Macbeth au Châtelet au début des années 1980. Je me suis demandé tout au long de la soirée comment un grand metteur en scène peut rater une œuvre. Tout était mauvais. Même Jaroussky en Néron.
Pour terminer, un aveu. Etant violoniste, je connais parfaitement la Chaconne de la Deuxième Partita de Bach. Du moins, je le pensais. Je suis tombé sur une analyse de l’œuvre et un texte associant la Chaconne avec la liturgie des fêtes du calendrier qui m’ont fait comprendre à quel point il me reste tout à apprendre. Bonne leçon.
Pour ma prochaine chronique, nous serons déjà en 2013!
Benjamin Duvshani
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