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Entretien avec Steve Roger 11/25/2012
S. Roger, A. Leboyer
Votre nom est familier aux Genevois qui connaissent la musique, mais sans doute pas à l’ensemble des lecteurs de ConcertoNet. Pourriez-vous vous présenter ?
Mon nom est Steve Roger. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, je ne suis pas Américain mais Français. J’habite en Suisse depuis 15 ans. Je suis arrivé comme régisseur général de l’Orchestre de la Suisse romande. Je venais de l’Orchestre national de Lyon, où j’avais tenu le même poste pendant 5 ans. J’avais auparavant fait un passage à l’Opéra de Lyon, où je m’occupais des chœurs. J’ai été pendant une douzaine d’années le directeur général de l’Orchestre de la Suisse romande, institution que j’ai quittée en février dernier pour rejoindre l’agence Caecilia, qui est une agence de concerts et de spectacles qui représente également des artistes. Je fais partie des deux associés qui gèrent cette agence. Nous sommes présents à Genève et à Zurich.
Que sont les domaines de compétence du directeur général d’un orchestre ?
Cela dépend des orchestres. En ce qui me concerne à l’Orchestre de la Suisse romande, c’était un métier varié. Le directeur général gère tout. Il a du personnel pour cela qui a une certaine compétence. Le directeur général doit avoir des compétences dans tous les domaines à gérer, des compétences qui vont du domaine technique au domaine financier et bien sûr artistiques. Mais c’est très varié comme métier.
Vous avez travaillé avec beaucoup de chefs d’orchestre et d’artistes. Comment pourriez-vous résumer cette expérience ?
Les chefs avec lesquels j’ai travaillé sont nombreux. Sur plus de vingt ans entre l’Opéra de Lyon et l’Orchestre de la Suisse romande, il s’agit de Kent Nagano, Emmanuel Krivine, Armin Jordan, Fabio Luisi, Pinchas Steinberg et Marek Janowski. Ce sont les directeurs musicaux avec qui j’ai été en contact et ai travaillé. Ils sont tous très différents mais la seule chose qu’ils ont tous en commun est l’augmentation de la qualité des orchestres avec lesquels ils travaillent. Ils ont par contre une relation avec la musique et une manière de travailler avec l’orchestre et l’administration qui sont très différentes. Cela se ressent également dans leur direction et c’est clair, quand on voit au pupitre Marek Janowski et que l’on a vu auparavant un Armin Jordan, qu’ils sont différents dans leur direction et dans leur vie privée.
Comment est le public genevois ?
C’est un public qui aime découvrir les œuvres mais il faut le faire d’une certaine façon. Il faut les enrober d’œuvres qu’ils connaissent. Ils sont assez réceptifs à la musique contemporaine ou à des œuvres qu’ils ne connaissent pas mais pour les attirer dans la salle, là il faut entourer d’œuvres plus connues mais c’est le cas dans beaucoup d’endroits.
Quelles sont vos ambitions chez Caecilia et quels sont vos projets ?
J’ai la chance d’avoir repris une agence créée en 1958 et qui est déjà en très bonne forme. Donc l’objectif est pour moi le même qu’auparavant, qui est de développer cette maison. J’ai envie d’avoir un peu plus d’orchestres qui soient des grands orchestres dans le monde. On commence en novembre avec les Berliner Philharmoniker, qui étaient déjà venus à Genève il y a 17 ans par l’intermédiaire de Caecilia. Un passage tous les 17 ans, ce n’est pas assez, notamment pour le public et pour nous. J’espère que l’on pourra également faire venir de grands orchestres américains qui viennent finalement relativement souvent en Suisse à Lucerne mais ne font pas le crochet par Genève, ce qui est regrettable.
En dehors de la musique symphonique, quels sont vos autres projets ?
C’est la musique de chambre. Nous avons une très belle saison de quatuors au conservatoire de Genève pour dix concerts. Ce domaine est une découverte pour moi qui viens du symphonique et de l’opéra. Je découvre la musique de chambre, dont Marek Janowski m’avait dit que c’est la base de la musique classique et il a raison. Quand je vais à un concert de musique de chambre, j’en sors vraiment transformé. On voit véritablement le travail d’homogénéité de quatre personnes dans un quatuor. S’il y en a un qui n’est pas à la hauteur de l’autre, on l’entend tout de suite.
Quels sont les quatuors que vous allez faire venir ?
Il y a un nouvel ensemble suisse qui va venir, le Quatuor Gémeaux. Le Quatuor Dissonances vient de rejoindre l’agence Cacelia et on aura l’occasion de l’entendre à Genève. Il y a également de grands quatuors. Nous venons d’ouvrir la saison avec le Quatuor Hagen, qui est un des grands quatuors d’aujourd’hui. C’est également le cas du Quatuor Emerson. Notre objectif principal est vraiment d’engager et de faire entendre les meilleurs quatuors qui soient.
la programmation est elle aussi variée que pour l’OSR?
On a un peu plus de contraintes puisque l’on invite des ensembles en tournée qui ont leur propre programme. On peut refuser ou discuter mais on est tributaire de programmes donnés en tournée. Tout organisme qui n’a pas sa propre structure est tributaire de programmes donnés en tournée.
Quels sont vos derniers grands concerts ?
Il y en aurait beaucoup. J’ai assisté à un concert fabuleux à Lucerne par l’Orchestre et les Chœurs de la Scala dirigés par Daniel Barenboim et un plateau vocal qui réunissait chez les hommes Jonas Kaufmann et René Pape et chez les femmes Anja Harteros et Elina Garanca. Voilà 23 ans que je travaille avec des orchestres et je n’ai jamais entendu un tel plateau pour le Requiem de Verdi. Le dernier récital à Genève de Radu Lupu, qui est un artiste que j’adore, était un autre moment exceptionnel.
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[Propos recueillis par Antoine Leboyer]
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