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Le mois du mélomane professionnel
11/01/2012





Programme très chargé à Pleyel en ce mois d’octobre. A commencer par l’Orchestre de Paris sous la baguette de Tomás Netopil, qui nous fait découvrir une soprano tout à fait exceptionnelle, Anja Harteros, dans les Quatre derniers Lieder de Strauss comme on les entend très rarement. Une émotion totale. Elle nous rappelle les grands moments de Schwarzkopf. Un mot pour le solo de violon de Roland Daugareil: quelle merveilleuse idée de Strauss que d’ajouter ce chant sublime du violon dans cette œuvre destinée à la voix!


Retour à Pleyel quelques jours après pour un autre moment de bonheur que nous offre Janine Jansen, accompagnée de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Valery Gergiev, dans le Premier Concerto de Szymanowski. On l’entend trop rarement et c’est dommage car il est très beau et hautement violonistique. De toute façon, toute cette idée d’un cycle Brahms-Szymanowski est très réussie. Surprise pour l’encore. Mademoiselle Jansen invite le Konzertmeister à se joindre à elle pour un moment de grâce avec le premier mouvement de la Sonate pour deux violons de Prokofiev. Ensuite, la Première de Brahms un peu décevante mais il est vrai que Brahms n’est pas le point fort de Gergiev.


Et encore à Pleyel pour un hommage à Sir Georg Solti par l’Orchestre de Paris avec Christoph von Dohnányi. La Quatrième de Mendelssohn que le maître aimait tant et une version concert du Château de Barbe-Bleue de Bartók. Je dirai d’emblée mon sentiment. Je pense que c’est la meilleure façon de rendre toute la richesse de cette œuvre, aucune mise en scène n’étant capable d’y ajouter de l’émotion. Ajouter les voix de Matthias Goerne et d’Elena Zhidkova et vous comprendrez que les bonheurs pleyeliens n’étaient pas finis.



Et ils ne le sont pas car quelques jours après nous y trouvons l’Orchestre Pasdeloup dont nous gardons un souvenir ému. Ils étaient là tous les dimanches à 17h45 dans les années 1950 où nous étions en train de former notre mélomanie. Le chef est Mykola Dyadyura et le soliste Nemanja Radulovic dans une époustouflante interprétation du Premier Concerto de Paganini. Fallait-il gâcher notre plaisir en choisissant comme encore la sempiternelle Sarabande de la Deuxième Partita de Bach? Une bonne Quatrième de Tchaïkovski nous prouve que l’orchestre garde encore, malgré son âge, toute sa vigueur.


Le temps de prendre un sandwich au Beaucour et nous étions de nouveau dans la salle pour un Tristan et Isolde assez exceptionnel grâce à l’Orchestre philharmonique de Radio France, à son chef Mikko Franck qui a remplacé royalement Chung retenu auprès de son fils, et à Nina Stemme. Elle domine son sujet. Elle est exceptionnelle, réussissant même à être une merveilleuse Aïda quand il le faut.


Le Théâtre des Champs-Elysées fut le parent pauvre ce mois. Il y a eu quand même de belles soirées dont une, par l’Orchestre de chambre de Paris, consacrée au Requiem de Mozart. Une de ces œuvres dont on ne se lasse jamais. Fallait-il donner, en première partie, le Miserere d’E. T. A. Hoffmann, qui dure plus de quarante cinq minutes? Une symphonie ou un concerto auraient été mieux choisis. Et puis, quand donnera-t-on le Requiem en arrêtant après la huitième mesure du «Lacrymosa», avec une minute de silence derrière?


A la télévision, une retransmission depuis la Scala de Siegfried dirigé par Daniel Barenboim. C’est un apport considérable à la musique que ces diffusions télévisées qui permettent à des milliers de gens de voir ce qu’ils n’auraient jamais vu autrement. Siegfried nous amène à parler de Wagner et d’un petit fascicule de Pierre René Serna, L’Anti-Wagner sans peine (PUF). On peut aimer ou détester mais une chose est sûre: avant le déferlement tsunamique du bicentenaire qui nous menace dès le début 2013, il était bon que quelqu’un tempère la wagnérolâtrie attendue. C’est fait avec humour et avec une affirmation de la reconnaissance de la grandeur musicale du maître.


Et je termine par une découverte étonnante. Le violoniste hongrois Emil Telmányi (1892-1988), qui joue les Sonates et Partitas de Bach avec l’«archet Bach» qui permet une polyphonie en temps réel plutôt qu’arpégée. Je ne sais quoi en dire n’ayant pas encore formé mon opinion. Peut-être en saurai-je plus après plusieurs écoutes supplémentaires.


Benjamin Duvshani

 

 

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