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Le mois du mélomane professionnel
07/01/2012


Le mois commence avec le cycle consacré à Philippe Manoury par la Cité de la Musique. Une soirée avec, en première partie, deux œuvres très réussies, La Passacaille pour Tokyo et le concerto pour violon, Synapse, magistralement interprété par Hae-Sun Kang. Beau moment de communication avec la musique de notre temps. Pas de doute, Manoury est un des grands d’aujourd’hui. Déception pour la seconde partie de la soirée consacrée à une création d’Inferno de Yann Robin. Tout est trop. Trop de fortissimos, trop de percussions, trop long. Une impression de vertige en sortant de cet océan de notes. Si c’est ça qui nous attend en enfer, je deviens immédiatement un homme vertueux.


A Pleyel pour entendre une jeune violoniste, Arabella Steinbacher, dans le Premier Concerto de Prokofiev avec l’Orchestre de Paris dirigé par le moins jeune Guennadi Rojdestvenski (je vérifie que j’ai bien écrit le nom). Pourquoi tant de hachures dans le premier mouvement? Une étrange conception du lyrisme de Prokofiev. En seconde partie, la plus belle des symphonies de Chostakovitch, la Dixième, par quelqu’un qui la connaît vraiment. Belle émotion, surtout qu’on ne l’entend pas souvent.


Après France Clidat, c’est Brigitte Engerer. Encore un deuil. The way of all flesh, l’ange de la mort à l’œuvre.


Carmen fut le premier opéra que j’ai vu. J’avais 13 ans et c’était à Jérusalem dans un cinéma transformé en salle d’opéra, chanté en hébreu. Depuis, je n’ai pas cessé d’aimer cet opéra et Bizet. Deux occasions de le retrouver ce mois. D’abord au Louvre, un film tourné à l’Opéra de Paris en 1980 (j’étais dans la salle), avec Domingo, Raimondi et Berganza. Quel beau souvenir! Ensuite, à Anvers, par l’Opéra de Flandre. Dmitri Jurowski au pupitre et un jeune Américain, Daniel Kramer à la mise en scène. Enfin, une conception moderne tout à fait passionnante. Séville n’est plus en Espagne mais aux Etats-Unis. Les soldats sont des marines américains durs, agressifs et violents. Tout baigne dans la vérité du milieu où l’action se déroule. Même Micaëla, magnifique Alexandra Coku, n’est plus une petite villageoise timide mais une amoureuse décidée à reprendre son José à Carmen. Voilà une conception saine de la modernité face à la tradition. Dommage que le metteur en scène ait jugé nécessaire de supprimer le quintette du deuxième acte mais tout lui est pardonné parce qu’il a su nous enchanter avec une Carmen nouvelle et étonnante. Il se fait de belles choses entre Anvers et Gand!


Restons avec Bizet, avec une autre grande réussite, Les Pêcheurs de perles à l’Opéra Comique. Belle mise en scène avec une chorégraphie adaptée au sujet. Des danseurs imitant les mouvements des vagues et des poissons. L’œil est heureux, l’oreille aussi. Peut-être une réserve. L’air de Nadir («Je crois entendre»), chanté par Dmitry Korchak, ne supporte pas bien une dynamique trop riche et surtout pas un fortissimo pour terminer. Et Sonya Yoncheva en Léïla, quelle merveille! Je suis fier d’avoir eu Bizet comme première passion musicale.


Dans le cadre des Journées de la culture juive, un concert de liturgie juive avec des solistes et un chœur. Ayant eu la liturgie juive comme cadre de ma première formation musicale, je ne suis pas neutre. N’empêche qu’à la fin du concert, entendre les centaines de spectateurs se joindre aux chanteurs sur scène pour glorifier Jérusalem, fut un grand moment.


Mauvais mois à la télévision. Deux «horribles» Tcherniakov, Le Trouvère de la Monnaie et Don Giovanni d’Aix. Même le rattrapage par le Don Giovanni de Brook à Aix est gâché par une faute technique qui nous fait voir deux fois le second acte.


Pour terminer, le festival de Saint Denis. Une soirée avec l’Orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Daniel Harding avec une Nuit transfigurée exceptionnelle et une messe de Schubert, et puis, pour terminer le mois, pas plus tard qu’hier soir, un somptueux Requiem de Berlioz. (Enfant, à Jérusalem, je fus toujours au comble du bonheur en entendant l’«In Jerusalem» du début). L’Orchestre national en grande forme, le Chœur de Radio France, le Monteverdi Choir et un magnifique ténor américain, Michael Spyres, pour le «Sanctus». Tout ce monde tenu en main – et quelle main! – par Sir John Eliot Gardiner. L’émotion à son comble. Pour le «Sanctus», le ténor est placé tout en haut, sous les cintres de la basilique. Il est haut placé, les notes chantées sont hautes, très hautes et le contenu est élevé. La sainteté transcendante de Dieu. «Qadhoch, Qadhoch, Qadhoch» comme l’a dit dans l’hébreu original le prophète Isaïe.


Benjamin Duvshani

 

 

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