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Un mois dans la vie d’un mélomane
04/01/2012


Le seul problème avec le Parsifal de l’Orchestre national fut le souvenir de l’exceptionnelle soirée, inoubliable, que nous a offerte l’Opéra de Munich avec Kent Nagano l’année dernière. Il fallait être à cette hauteur-là. Nous n’étions pas déçu, à part quelques faiblesses au départ et le fait que Kurt Rydl a vieilli et avec lui sa voix. (Ma mère disait toujours que la seule façon de vivre longtemps est de vieillir). Gatti est à son aise avec Parsifal qu’il dirigeait déjà à Bayreuth. Certainement plus à l’aise qu’avec Mahler dont le cycle ne m’a pas enchanté. La Maîtrise de Radio France sous la direction de Sofi Jeannin tout simplement sublime dans son intervention à la fin du premier acte. Toujours le même étonnement devant le charme, l’enchantement, que procure Parsifal malgré la longueur et le sujet.


Peut-on aimer beaucoup quelque chose et détester certains éléments qui en font partie? Oui, si je me réfère au Pelléas à l’Opéra de Paris avec la mise en scène de Robert Wilson qui est totalement réussie. Mais quel sens donner à la barbe de Golaud qui pique Yniold quand il n’y a pas de barbe, aux cheveux longs et abondants de Mélisande avec lesquels joue Pelléas mais qui sont absents ou à Mélisande se levant et marchant une fois morte? J’ai renoncé à trouver la réponse. Mention spéciale à Anne Sofie von Otter, une Geneviève sobre et émouvante, rôle qui nous change de la Carmen qui lui convient si mal.


Une grande foule pour la soirée offerte par l’Orchestre philharmonique de Radio France qui avait invité un orchestre nord-coréen. Toujours la curiosité pour l’événement qui n’est pas uniquement un événement musical comme le prouvent les applaudissements entre les mouvements. Des pièces de musique coréenne, le premier violon solo coréen qui interprète très agréablement l’Introduction et Rondo capriccioso de Saint Saëns (dommage qu’il ait joué en détaché les traits staccato qui nous servaient justement d’exercice pour acquérir la technique de ce coup d’archet) et la Première Symphonie de Brahms (celle qu’on appelait «la Dixième de Beethoven» dans ma jeunesse), de préférence à la Neuvième du même, jugeant qu’il était trop tôt pour chanter la fraternité avec la Corée du Nord.


Le Concertgebouw d’Amsterdam, toujours parfait, sous la direction de Gergiev. De même Leonidas Kavakos dans le Concerto de Sibelius. En seconde partie, la Cinquième de Prokofiev, certainement la plus belle. Souvenir de jeunesse: 1950, Serge Koussevitzky vient à Tel-Aviv pour la diriger avec l’Orchestre philharmonique d’Israël. Jeune étudiant à l’Académie de musique, j’accours. Il n’y a de place. Il a fallu que quelqu’un remarque mon immense déception pour qu’on me trouve une chaise supplémentaire. Ça ne s’oublie pas.


Dois-je parler de la soirée «Amore e Morte» à Cortot à la programmation de laquelle j’ai pris part? Nora Amsellem, Xavier Mauconduit et l’ensemble musical Emouna (Eveil, Musique, Nature) mené par Naaman Sluchin et avec Olivier Dauriat au piano et aux arrangements. Tous excellents et émouvants autour du thème de la mort vaincue par l’amour. Une bonne idée (pas de moi!) de demander au comédien Philippe Mercier de lire des textes de Leopardi, de Wagner, de Prévert et de Shakespeare sur le sujet.


L’Orchestre national d’Ile de France, en grande difficulté budgétaire comme on nous l’a expliqué durant une conférence de presse, nous offre la Quatrième de Mendelssohn précédée de l’ouverture Les Hébrides, avec, en première partie, le Concerto pour violon de Brahms par un violoniste que je ne connaissais pas, Yossif Ivanov, remarquable d’aise et de contrôle et avec, puisque j’ai parlé de coups d’archets, un spiccato parfait, à rendre jaloux tous les violonistes présents. Il faut sauver cet orchestre qui fait un travail formidable là où la musique ne vient pas.


Des conférences de presse pour présenter la saison 2012-2013 à l’Opéra de Dijon et au Théâtre des Champs-Elysées, qui célèbre son centenaire et, du même coup, le centenaire du scandale du Sacre. Promesses de beaucoup de grands moments de musique pour l’année prochaine.


Je termine le mois hier soir avec, sur Mezzo, La Walkyrie de la Scala avec Barenboim, mise en scène de Guy Cassiers. Nina Stemme est Brünnhilde. Elle m’a récemment enchanté dans le rôle d’ Aïda. Waltraud Meier, ce phénomène de la voix, chantant avec la même maîtrise en soprano, mezzo et alto, est Sieglinde, donnant envie à tout homme sensible, surtout s’il est mélomane, d’être son Siegmund.


Benjamin Duvshani

 

 

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