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CD, DVD et livres: l’actualité de mars
03/15/2012
Les chroniques du mois
 Must de ConcertoNet
 Porpora par Le Parlement de Musique
Sélectionnés par la rédaction
 Giulio Biddau interprète Fauré
 Musique de chambre d’Enesco
Oui!
Luis Fernando Pérez interprète Granados
Zhu Xiao-Mei interprète Schumann
Jean-Claude Pennetier interprète Fauré
Le duo Devoyon-Murata interprète Liszt
Sabine Revault d’Allonnes chante Massenet
Musique sacrée de Francesco Durante
Musique française par Le Trio George Sand
Pierre Lénert interprète Chostakovitch
Musique russe pour piano par David Kadouch
Le duo Berlinskaia-Ancelle interprète Tchaïkovski
Ivan Ilic interprète les Etudes de Chopin/Godowsky
Hugo Reyne dirige Charpentier
Les premiers interprètes de Debussy
Le Concert d’Astrée fête ses vingt ans
«Sinfonia»: Ottavio Dantone dirige Bach
Mikhail Simonyan dans Khatchatourian et Barber
Pourquoi pas ?
Huit solos de Patrick Marcland
Zhu Xiao-Mei interprète Beethoven et Schubert
Récital du pianiste Jérôme Granjon
Abdel Rahman El Bacha interprète Prokofiev
Le duo Bizjak interprète Stravinski
Maurizio Pollini interprète Brahms
Sayaka Shoji interprète Chostakovitch
Oswald Sallaberger dirige Fauré et Wagner
Œuvres de Max d’Ollone
Alexandre Dmitriev et Alexandre Paley dans Enesco
Amiram Ganz et Alexandre Paley dans Enesco
«For ever Fortune» (airs écossais du XVIIIe)
Cyprien Katsaris interprète Chopin
Thomas Bowes interprète Walton et Barber
Pas la peine
Janina Fialkowska interprète les Concertos de Chopin
Zhu Xiao-Mei interprète Bach
François Dumont interprète Chopin
Le pianiste Florian Billot
«Le Clavecin du Roi Soleil» par Jean-Patrice Brosse
Roger Norrington dirige Elgar
«Sand et Chopin, Vie et Passion»
Cyprien Katsaris et Hélène Mercier
Hélas !
Isidro Barrio interprète Soler
Le match du mois
 
Concerto pour violon de Barber: Mikhail Simonyan vs. Thomas Bowes
En bref
Les Enfoirés du baroque
Mirare célèbre Zhu Xiao-Mei
Sayaka Shoji dans Chostakovitch
aeon retourne aux sources de l’interprétation de Debussy
George et Frédéric: l’éternel recommencement
Norrington’s Elgar
Les débuts de Florian Billot chez Loreley
«For ever Fortune»
Fauré et Wagner: un rapprochement inattendu
La main gauche d’Ilic ressuscite le Chopin de Godowski
Encore un outsider de la musique française: Max d’Ollone
Le Chopin de François Dumont chez Artalinna
Patrick Marcland en solo
Cyprien Katsaris en solo et en duo
Les Enfoirés du baroque
Le baroque a ses Enfoirés, même si leur grande cause n’est pas Les Restaurants du cœur mais le programme de recherche «Révolution Cancer» engagé par l’Institut Gustave Roussy: c’est à son profit que Le Concert d’Astrée et sa fondatrice Emmanuelle Haïm ont donné une soirée exceptionnelle en décembre dernier au Théâtre des Champs-Elysées, célébrant les dix ans de l’ensemble, et que sera versée une partie des recettes de la vente du double album enregistré à cette occasion et publié par Virgin sous le titre «Une fête baroque». Un véritable gala: plus de deux heures et demie de musique, vingt-trois chanteurs, dont tous les noms mériteraient d’être cités (Stéphane Degout, Natalie Dessay, Philippe Jaroussky, Patricia Petibon, Sandrine Piau, Rolando Villazón, Anne Sofie von Otter, ...), et quatre compositeurs (Haendel, Lully, Purcell et Rameau), représentés par des extraits leurs ouvrages lyriques et religieux, y compris quelques favoris du public («Les Sauvages» des Indes galantes, air de La Folie de Platée, «Lascia ch’io pianga» de Rinaldo, «Alléluia» du Messie, repris en chœur par la salle). Un beau geste mais pas seulement car avec une telle affiche festive, l’auditeur passe d’agréables moments (50999 956502 2 7). SC
Mirare célèbre Zhu Xiao-Mei
 
Bel hommage que celui rendu à Zhu Xiao-Mei (née en 1949) par Mirare, qui réédite des enregistrements réalisés à Paris, où la pianiste d’origine chinoise s’est établie en 1984 (à la suite de son émigration aux Etats-Unis) pour s’éloigner définitivement d’un régime qui l’envoya, cinq ans durant, dans un camp de rééducation. Bach est incontournable quand on évoque cette artiste singulière: datant de 1999, les Partitas sont délicates et sereines, originales quoiqu’en définitives assez monotones (MIR 156). Tous deux gravés en 2004, l’Opus 111 de Beethoven, qui se transforme sous les doigts de la native de Shanghai en une méditation introspective et pacifiée («une aspiration au non-être, au néant, au silence»), peine à convaincre pleinement... à l’inverse de l’ultime Sonate en si bémol de Schubert, qui exalte – comme en concert – tous les contrastes du cheminement de l’âme vers la mort (MIR 157). Quant à l’album Schumann, il offre la seule nouveauté de ces publications (une sobre version des Scènes d’enfants, enregistrée en mars 2011 à Poitiers) et surtout l’occasion d’écouter Zhu Xiao-Mei dans une œuvre qu’elle identifie à une «démarche militante et contestataire, quasiment révolutionnaire»: les Danses des compagnons de David (captées en 2002). La pianiste y multiplie les idées originales sans briser l’intimité du recueil: l’imagination au pouvoir! (MIR 158). GdH
Sayaka Shoji dans Chostakovitch
Après un double album d’œuvres pour violon seul de Bach et Reger, Sayaka Shoji enregistre les deux Concertos que Chostakovitch a consacrés à son instrument. Malgré une sonorité plus fine que charnue et un jeu presque trop propre et gracieux pour cette musique, elle en restitue le contenu expressif de façon satisfaisante, même si le «Nocturne» du Premier manque d’angoisse sous-jacente. Admirable mais peu émouvante, son interprétation n’a pas la fulgurance et la puissance attendues – «Passacaglia» un peu trop retenue – mais les moyens s’avèrent considérables comme le prouve la redoutable cadence, qui ne sent pas l’effort. Cependant, dans les pianissimi, les traits gagneraient à être exécutés plus fermement. Le Second correspond mieux au tempérament de cette musicienne qui en souligne les richesses et l’originalité. Dotée d’un texte de présentation de Frans C. Lemaire (en français, anglais et japonais), cette nouvelle publication devrait attirer favorablement l’attention sur cette interprète ainsi que sur le remarquable Orchestre philharmonique de l’Oural placé sous la direction de Dmitri Liss depuis 1995 (Mirare MIR166). SF
aeon retourne aux sources de l’interprétation de Debussy
On doit à Jean-Michel Nectoux (commissaire de l’exposition qu’abrite l’Orangerie jusqu’au 11 juin) le programme de ce triple album publié par aeon. Consacrés aux premiers interprètes de Claude Debussy – dont on célèbre le cent cinquantième anniversaire de la naissance –, les enregistrements s’étalent de 1904 (la voix de Mary Garden avec le compositeur au piano) à 1955 («Nuages» et «Fêtes» par Pierre Monteux à Boston). Evidemment, la restitution sonore n’est pas toujours confortable, mais les bandes sont présentées dans des conditions optimales. Les extraits de Pelléas et Mélisande donnent une fabuleuse leçon de prononciation et de style: il faut connaître les Mélisande innocentes de Marthe Nespoulous et Yvonne Brothier, les Golaud fulminants d’Hector Dufranne et Vanni-Marcoux et surtout le Pelléas ardent de Charles Panzéra. Dans les mélodies, si l’on résiste difficilement à l’abandon contrôlé de Gérard Souzay (fascinant «Colloque sentimental»), l’album donne également l’occasion – rare – de retrouver l’art perdu de la prosodie debussyste avec les voix de Ninon Vallin et Jane Bathori. Les comparaisons sont toutes passionnantes (entre Toscanini et Désormière dans La Mer, entre Garden, Vallin et Irène Joachim dans «Green»). Intelligente, la sélection d’extraits pianistiques diversifie les approches (l’évidence de Benno Moïseiwitsch, la clarté de Ricardo Vines, l’objectivité de Serge Rachmaninov, le luxe d’Arthur Rubinstein, le recueillement de Marcelle Meyer). Au total, bien que l’on regrette l’absence d’interprètes aussi indispensables que Désiré-Emile Inghelbrecht, Walter Gieseking, Jacques Jansen, Suzanne Danco ou Camille Maurane, on touche ici à l’authenticité de Debussy (AECD 1215). GdH
George et Frédéric: l’éternel recommencement
La liaison entre Chopin et George Sand continue de fasciner comédiens et pianistes: après «Feu sacré» avec Macha Méril et Jean-Marc Luisada, voici «Sand et Chopin, Vie et Passion» avec Brigitte Fossey et Yves Henry – ce dernier avait déjà lui-même participé voici quelques années à un spectacle similaire avec Marie-Christine Barrault et Alain Duault. Même si le propos, centré sur l’écrivain, se révèle en réalité plus large que ses seules amours avec son «Chip-Chip» (dont la narration n’occupe que le second disque), cet album témoigne d’un spectacle de plus de deux heures conçu de manière on ne peut plus prévisible: des extraits de la correspondance de Sand, lus de façon un peu godiche et complaisante, alternent avec des pages de Chopin, confiées à l’un des meilleurs spécialistes français du compositeur, qui préside depuis l’année dernière aux destinées du festival de Nohant (Soupir S223). SC
Norrington’s Elgar
Durant le mandat de Roger Norrington, de 1998 à 2011, l’Orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart (SWR) a accumulé de l’expérience dans l’interprétation sur instruments d’époque. Ces enregistrements de 2007 et 2010 témoignent de cette approche dans Elgar : cela ne fonctionne pas si mal même si chacun a bien sûr le droit de préférer les exécutions traditionnelles. Les Variations «Enigma» paraissent émaciées mais, de ce fait, elles ne souffrent d’aucune lourdeur. Le chef opte pour des tempi allants, mais pas trop rapides, et caractérise chaque variation avec à propos. Dans cette version inégale (Troisième variation meilleure que la célèbre Neuvième, «Nimrod», par exemple), la musique perd malgré tout un peu de sa substance. L’Introduction et Allegro dévoile des cordes vibrantes et parcourues d’énergie mais leur sonorité reste assez moyenne. Finalement, c’est In the South (Alassio) qui procure la plus grande satisfaction grâce à une interprétation aérée et lumineuse (Hänssler Classic 93.191). SF
Les débuts de Florian Billot chez Loreley
Si l’on en croit son site internet, ce disque est le premier du pianiste d’origine picarde Florian Billot (né en 1981). La cinquantaine de minutes qu’il contient ne permet toutefois pas de juger des qualités d’un interprète qui ne semble pas avoir trouvé son répertoire. Celui qui reçut, tout jeune, les conseils de l’éminent schumannien qu’est Irakly Avaliani a certainement du chemin à parcourir pour offrir des Kreisleriana tout à fait convaincantes: d’une grande sérénité de ton, le climat y demeure trop uniforme et n’évite pas les moments somnolents (... il faut dire que la concurrence discographique est rude!). Mais si l’on ne demande pas à Florian Billot d’être d’emblée un Youri Egorov, on espère le voir s’impliquer davantage dans l’interprétation – comme il le fait d’ailleurs dans un Chopin espiègle (Valse en mi mineur) et funambule (Huitième Nocturne) et surtout autrement plus engagé. Le disque s’achève sur une désordonnée Douzième Rhapsodie hongroise de Liszt, qui tarde à (s’)emballer et peine à affirmer son identité tsigane (Loreley Production LY044). GdH
«For ever Fortune»
Pour ceux qui apprécient le charme de la musique celte, la bonne fortune se trouve au cœur de ce recueil d’airs écossais du XVIIIe siècle ou édités pour une première fois à cette époque. Les six Musiciens de Saint-Julien (patron des ménétriers) sous la direction du flûtiste et sonneur François Lazarevitch se donnent avec une maîtrise toute classique à cette aventure, tout comme le ténor Robert Getchell, qui garde une ligne vocale très pure. Les instruments anciens, sonnant comme un petit orchestre de la Renaissance, sont principalement à cordes, Lazarevitch lui-même ajoutant la touche écossaise avec, en plus, de ses trois flûtes, la douce cornemuse à soufflet (smallpipes). Chants d’amour, pastorales, chansons à boire, gigues, contredanses, airs vifs ou nostalgiques, arrangés pour cet ensemble principalement par Lazarevitch lui-même, gardent tout l’attrait des caractéristiques de la musique pentatonique aux snaps captivants. Le travail de Robert Getchell sur les timbres de la voix et sur l’accent, le phrasé et l’accentuation de l’anglais gaélicisé de l’époque est un savoureux apport aux sonorités de l’ensemble. Notice documentée, textes chantés inclus (Alpha 531). CL
Fauré et Wagner: un rapprochement inattendu
A priori, réunir Fauré et Wagner paraît hasardeux mais ce disque prouve le contraire. Comment? En complétant par Siegfried-Idyll la musique de scène de Pelléas et Mélisande (opus 80 et non 180 comme indiqué sur le digipack), quelques mélodies orchestrées et l’Elégie. L’écoute en continu révèle un même climat. A la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen, dont il fut le directeur musical de 1998 (année de sa fondation) à 2010, Oswald Sallaberger, qui bénéficie dans la notice d’une biographie dithyrambique et sirupeuse, traduit remarquablement la pureté, la poésie, la délicatesse et, par moments, l’insouciance de cette musique. De dimension modeste, la formation affiche un niveau de jeu dans l’ensemble estimable, malgré une mise en place relative et des cordes qui ne comptent sûrement pas parmi les plus belles et les plus souples de l’Hexagone – les bois, en revanche, se montrent excellents. Karine Deshayes a déjà enregistré pour le même label Zig-Zag Territoires (ZZT 090902), mais avec piano, trois des six mélodies retenues ici – Soir, Les Roses d’Ispahan (opus 39 et non 139 comme indiqué) et Le Parfum impérissable – tandis que François Salque vient de graver l’Elégie (dans la version pour piano) avec Eric Le Sage pour Alpha, label appartenant également au groupe Outhere: inutile dès lors de s’attarder sur ces interprétations de bonne facture. Un joli disque, artisanal (au sens noble du terme), sans doute pas essentiel mais plaisant (ZZT300). SF
La main gauche d’Ivan Ilic ressuscite le Chopin de Godowski
Après un Debussy riche en promesses, Ivan Ilic (né en 1978) transforme l’essai chez Paraty avec ce programme qui sent bon «l’âge d’or» du piano. Il ressuscite, en effet, les Etudes d’après Chopin, pour la main gauche seule où Leopold Godowski (1870-1938) – cherchant à «changer l’opinion généralement admise que la main gauche soit moins à même d’être développée que la droite» – use de toute sa créativité pour transcender tout à la fois le langage chopinien et la technique pianistique... à l’image de ce qu’il arrive à faire avec la toute Première Etude de Chopin (voir ici). Comme on peut s’en rendre compte en vidéo, le défi technique et stylistique est relevé avec brio par Ivan Ilic («En travaillant ces études, je me suis approché des limites de ma dextérité. Et j’ai fini par les dépasser.»), qui rend ainsi le plus bel hommage à «Mr. God» (311.205). GdH
Encore un outsider de la musique française: Max d’Ollone
Grâce au Palazzetto Bru Zane (toujours lui), des petits labels permettent de (re)découvrir des compositeurs français oubliés, comme Max d’Ollone (1875-1959), élève, entre autres, de Massenet et Gedalge, condisciple de Schmitt, Koechlin, Hahn, Enesco, ami de Rabaud, comme en témoigne une correspondance passionnante, et titulaire en 1897 du premier prix de Rome (voir par ailleurs ici. Membre de la Société musicale indépendante, directeur de l’Opéra-Comique durant la Seconde Guerre mondiale, il a mené une carrière d’enseignant, notamment au Conservatoire de Paris, et, plus tard, d’inspecteur de l’enseignement musical. Créé par Gaston Poulet, interprété sur ce disque par son fils Gérard, le Trio pour piano, violon et violoncelle (1920) repose sur une écriture dense qui, dans une certaine mesure, évoque celle de Fauré. S’il mérite d’être connu, l’ouvrage s’avère inégal puisque si le Presto final présente par ses thèmes et son harmonie une certaine originalité, l’Adagio montre le compositeur en panne d’inspiration, surtout en regard des mouvements qui l’encadrent. Effectuée dans une église, la prise de son est confuse et déséquilibrée, au point que le pianiste donne parfois l’impression de jouer dans une pièce à côté. Le reste du programme comporte quelques pages pour piano d’intérêt variable: enregistrées pour la première fois, les Six Etudes de concert (1904) dispensent un certain agrément, notamment la Deuxième, absolument ravissante. Pour autant que les œuvres proposées sur ce disque soient représentatives de son métier, Max d’Ollone ne compte pas parmi les novateurs, mais sa musique a de la tenue. Interprétation suffisamment au point et inspirée de Gérard Poulet, Dominique de Williencourt et Dimitris Saroglou (Europ & Art EA1110). SF
Le Chopin de François Dumont chez Artalinna
Bienvenue au nouveau label Artalinna, qui a capté en août 2010 – dans la belle acoustique de la salle de musique de La Chaux-de-Fonds en Suisse – le Chopin de François Dumont (né en 1985), un pianiste dont on a déjà souligné les nombreux talents. Ce disque ne présente malheureusement qu’un portrait en demi-teinte du lauréat des concours Reine Elisabeth de Bruxelles (2007) et Chopin de Varsovie (2010). En près de 32 minutes, la Troisième Sonate exprime des sentiments sincères mais pâtit d’une exécution un peu heurtée et excessivement alanguie – défaut qui assoupit également le Treizième Nocturne. Comme en concert, la Polonaise «Héroïque» démontre une solidité du toucher, sans brutalité aucune (à l’image de la douceur de la Berceuse et de la Barcarolle) mais aussi sans entrain. A noter: l’éditeur indique offrir quatre plages bonus en cas d’achat de l’album par téléchargement (ATL-A001). GdH
Patrick Marcland en solo
Le regroupement de huit pièces de durée fort différente écrites entre 1978 et 2011 par Patrick Marcland (né en 1944) et destinées chacune à un instrument en solo évoque les Sequenze de Berio, d’autant qu’on retrouve dans cette anthologie publiée par Sismal quelques-uns des musiciens de l’Ensemble intercontemporain qui ont brillamment illustré le cycle du compositeur italien. Par ordre chronologique, Stretto (pour harpe), The Dancer (pour contrebasse), Walk-Sonata (pour violon, la plus développée, en quatre parties), Cello-Solo, Rythmes, Lumière, Espace (pour flûte basse), Alto-Solo I, Alto-Solo II (avec électronique en temps réel) et Saxo-Solo (avec séquences préenregistrées) combinent exigence artistique et haut degré de virtuosité, peut-être parce qu’elles sont pour la plupart liées à une démarche théâtrale ou scénique (SR006). SC
Cyprien Katsaris en solo et en duo
 
Cyprien Katsaris (né en 1951) poursuit son odyssée discographique, grâce à son épatant label Piano 21 (lire ici). Composé à partir de diverses captations (principalement en concert) étalées entre 1978 et 2010, l’album consacré à Frédéric Chopin alterne tubes et raretés. Un style franc et sûr, des tempos qui ne s’alanguissent pas (d’où un CD copieusement rempli), un doigté souvent motorique, une musicalité jamais prise en défaut: telles sont les qualités de ce Chopin sans faute de goût... mais un peu chiche en émotions – même si l’arrangement pour piano du Larghetto du Second Concerto émeut sincèrement, résumant à lui seul toute la science de l’interprétation de l’artiste franco-chypriote (P21 043-N). Dans un autre disque, le natif de Marseille s’associe à une Montréalaise d’origine – Hélène Mercier (née en 1962) – pour une Sonate pour deux pianos de Johannes Brahms de moindre intérêt, les deux complices peinant à maintenir la tension d’un discours sans exaltation et un tantinet académique. Ils paraissent davantage inspirés par les métamorphoses du dernier mouvement et par le Quintette de Robert Schumann. Dans cet Opus 44 (arrangé pour piano à quatre mains par Clara Schumann), on regrette toutefois quelques temps morts, un deuxième mouvement qui ne retrouve pas les fêlures et les déchirements de la partition d’origine et un Scherzo qui se traîne quelque peu (P21 044-N). GdH
La rédaction de ConcertoNet
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