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CD, DVD et livres: l’actualité de novembre
11/15/2011



Les chroniques du mois




 Must de ConcertoNet


    Nikolaï Lugansky interprète Liszt


    Deux DVD Lully par Les Arts florissants




 Sélectionnés par la rédaction


    Mahagonny de Weill à Madrid


    Furtwängler dirige sa Symphonie n° 2


    Livre-disques «Bach, la chair et l’esprit»




 Oui!

L’organiste Léon Berben interprète L’Art de la fugue
Le clarinettiste Renato Bieri
L’ensemble Les Muffatti interprète Giuseppe Sammartini
Le pianiste Christopher Falzone
L’œuvre pour alto et piano de Joseph Jongen
Cyprien Katsaris interprète Liszt et Schubert
Diego Fasolis dirige Farnace de Vivaldi
Leonardo García Alarcón dirige Vivaldi
Jan Van der Crabben chante des Mélodies de Debussy
L’ensemble Les Dissonances interprète Beethoven


 Pourquoi pas ?

Le Duo Gazzana (violon et piano)
Conversations avec Tom Johnson
William Steinberg dirige le Pittsburgh Symphony
Le pianiste Frédéric d’Oria-Nicolas
Le violoniste Sasha Rozhdestvensky
Le Quatuor Brentano interprète Beethoven
Le violoniste Jean-Jacques Kantorow
Laurent Korcia dans Korngold et Tchaïkovski


Pas la peine
Alice Sara Ott interprète Beethoven
Hrachya Avanesyan interprète Dvorák
Janowski dirige la Septième Symphonie de Bruckner
Barenboim interprète les Concertos pour piano de Chopin
Documentaire Domenico Scarlatti l’intemporel
Valeriy Sokolov dans Tchaïkovski et Bartók


Hélas !
Trois Concertos pour piano de L.-F. Hérold
Muza Rubackyté interprète Liszt







Le match du mois


         
Concerto pour violon de Tchaïkovski: Nicola Benedetti, Laurent Korcia et Valeriy Sokolov







En bref


Dans les archives mahlériennes
Quatuor Ysaÿe: cinq rééditions
Concertos de Mozart: deux regards féminins
A la recherche de Proust (1)
A la recherche de Proust (2)
Deux grands pianistes chez Universal
Gustave Charpentier et le prix de Rome
Patricia Petibon: échos à Melancolialand
Le «Don Quichotte de l’hispanisme français»
Nathalie Stutzmann: une réédition bienvenue
Archets vagabonds chez Deutsche Grammophon
A découvrir : Vissarion Chébaline
La Corse de Tomasi
Lancement d’un nouveau label: Stermaria
Quoi de neuf ? Bach
Luxueux Bal masqué



Dans les archives mahlériennes


        


En proposant un concert du début des années 1970, Cascavelle rappelle que Jean Martinon (1910-1976) aimait Mahler, ce dont témoigne cette Troisième Symphonie où le chef d’orchestre français met le feu à un Orchestre national alternant souplesse et fébrilité, pour naviguer à corps perdu (sans éviter décalage et ratés) – et avec gourmandise parfois – à travers les espaces gigantesques d’une œuvre encore énigmatique pour le public de l’époque. Le résultat est insolite et imparfait – mais passionnant. Le double album est complété par une Suite de «Lulu» de Berg, où le National est moins impliqué (VEL 3160). Profil Hänssler ressuscite le souvenir du plus éminent des mahlériens, avec la réédition du concert donné par Bruno Walter (1876-1962) à Vienne le 24 mai 1936, c’est-à-dire peu de temps avant son exil français puis américain. Quinze ans avant l’enregistrement impérissable avec Kathleen Ferrier (il s’agit d’ailleurs du plus ancien enregistrement intégral de la partition), disposer d’un live du Chant de la terre par le chef allemand (qui en dirigea la toute première exécution six mois après la mort de Mahler) relève déjà du prodige. La puissance d’une baguette déchaînée crée une atmosphère saisissante de fin du monde, où la contralto suédoise Kerstin Thorborg – une Ortrud ou une Fricka fameuse – marque moins que l’impeccable Charles Kullman (PH 04043). GdH




Quatuor Ysaÿe: cinq rééditions


    


Le Quatuor Ysaÿe rapatrie sous sa propre étiquette Ysaÿe Records cinq enregistrements réalisés en 2003 et 2004 en l’abbaye de l’Epau pour æon (le violoncelliste en était alors encore François Salque): des rééditions à prix moyen mais sans le moindre sacrifice quant à la qualité éditoriale (notices exemplaires de Bernard Fournier ou Jacques Drillon, photographies sépia de Gérard Rondeau), où davantage que des Mozart épurés avec un Michel Portal égal à lui-même (YR504) ainsi que des curiosités et inédits beethovéniens avec l’altiste Shuli Waterman (YR506), se détachent un Opus 54 de Haydn sans fioritures (YR501), un juvénile Opus 41 de Schumann (YR502) et une formidable paire de quatuors français en mi mineur, celui, rare et immense, de Magnard, et celui, ultime et secret, de Fauré (YR505). SC




Concertos de Mozart: deux regards féminins


        


Deux femmes dans Mozart. Deux disques de belle musicalité. Deux regards différents néanmoins. Celui – frais et léger – d’Hélène Grimaud chez DG d’abord, soutenu par un frémissant Orchestre de chambre de la Radio bavaroise (emmené par son konzertmeister Radoslaw Szulc), bien qu’il ne donne des Dix-neuvième et Vingt-troisième Concertos qu’une image juste mais trop univoque pour se distinguer au sein d’une discographie pléthorique – l’album étant complété par l’intervention (bien anonyme et peu idiomatique) de la soprano Mojca Erdmann dans Ch’io mi scordi di te (477 9455). Celui – expert et recréateur – de Mitsuko Uchida chez Decca ensuite, qui ne reproduit pas le miracle de son disque précédent (avec Cleveland, déjà), la faute peut-être à un tempo trop lent ou trop haché et à une contradiction apparente entre la finesse des intentions et la réalité de l’exécution. Voici pourtant des Vingtième et Vingt-septième Concertos capables de gronder comme du Beethoven tout en caressant comme du Schubert, dans un arc-en-ciel d’émotions musicales (478 2596, également chroniqué en anglais). GdH




A la recherche de Proust (1)





La «Sonate de Vinteuil» fait partie de l’imaginaire collectif et devient par conséquent un noli me tangere. Claude Pascal osa cependant le braver en 1946 pour honorer une commande d’Henry Barraud pour l’ORTF, mais, devant sa page inexorablement blanche, ce passionné de Proust finit par composer une Sonate pour violon et piano classiquement sans titre. Le Cercle littéraire proustien de Cabourg-Balbec ne l’entendait pas de cette oreille et la découverte d’un premier manuscrit qui portait encore la mention «Sonate dite de Vinteuil» donna lieu à un concert capté en direct en novembre 2010. La Sonate d’une respiration franckiste touchée par les Six est plutôt bien défendue par les deux jeunes interprètes, Yuri Kuroda et Simon Zaoui. La recherche du temps perdu – nostalgie et regret – colore déjà leur interprétation de la Sonate de Debussy et Zaoui seul interprète la Sonate «Les Adieux» de Beethoven dans un même esprit. Des deux, on a connu des interprétations plus intenses, plus incisives, qui en soulignent les caractéristiques plus aventureuses. Cette entreprise attire néanmoins notre attention (Polymnie 210 579). CL




A la recherche de Proust (2)





Au-delà même de la fantasmagorique «Sonate de Vinteuil» et de sa «petite phrase» aussi insaisissable que fameuse (cf. supra), La Recherche fourmille de références musicales et de considérations sur la musique, langage de la «communication des âmes». D’où l’idée de ce livre-disque intitulé «Marcel Proust, le musicien» faisant alterner extraits des romans confiés à Romane Bohringer, Michael Lonsdale et Didier Sandre, associés à la scène voici peu de temps dans des lectures proustiennes, et pages de Hahn, Franck (la Sonate en la majeur, bien sûr), Saint-Saëns, Wagner, Fauré, Beethoven et Debussy, pour la plupart écrites ou transcrites pour violoncelle et piano. C’est que le duo formé par Anthony Leroy et Sandra Moubarak est, avec plus ou moins de bonheur, au centre de ces deux disques, associé à Tedi Papavrami (pour une frémissante Première Sonate de Fauré) et à Magali Léger (un peu à la peine dans les graves de deux mélodies de Hahn). De brèves séquences, étroitement mêlées au texte, sont par ailleurs interprétées par Böhm, Heifetz et le Quatuor Capet, les deux derniers sans doute parce que leur patine renvoie à l’époque de l’écrivain... (Decca 476 4693) SC




Deux grands pianistes chez Universal


        


Deux pianistes d’exception et deux disques au minutage généreux: voilà ce que propose Universal. On se réjouit notamment que Decca nous rende – dans des conditions techniques optimales (à l’inverse de la récente réédition d’enregistrements publics) – le récital donné par Jorge Luis Prats (né en 1956) le 2 mars 2011 à Saragosse. Un programme «100% latino» (Villa-Lobos, Farinas, Cervantes, Lecuona) pour le pianiste cubain qui connaît une deuxième carrière et que Paul Moseley inscrit dans la lignée des Cherkassky, Bolet et de Larrocha. Pourtant, les Goyescas – qui impressionnent d’autant plus que ces trois quarts d’heure de Granados sont l’écho fidèle d’un live sans montage – apparaissent moins envoûtantes que celles de la regrettée pianiste catalane et n’atteignent pas la profondeur granitique d’un Arrau (478 2732). La branche coréenne de DG publie, quant à elle, des captations brahmsiennes de Kun Woo Paik (né en 1946), gravées en 2009. Avec ses moyens phénoménaux et sa maîtrise implacable de l’instrument, le pianiste coréen livre un Brahms impeccable. Trop peut-être... à force de tranchant et d’objectivité, aussi hautainement glacial dans le Premier Concerto que l’accompagnement d’Eliahu Inbal (à la tête de la Philharmonie Tchèque) est distant. Les deux pièces complétant le disque (Variations sur un thème original, Thème et variations en ré mineur) sont marquées de la même froideur. Un paradoxe pour celui qui sait si bien enflammer Scriabine, Liszt ou encore Prokofiev... (476 3899). GdH




Gustave Charpentier et le prix de Rome





Après Debussy et Saint-Saëns, le troisième volume de la collection «Musiques du prix de Rome» chez Glossa, toujours bien sûr sous les auspices du Palazzetto Bru Zane-Centre de musique romantique française et avec l’Orchestre philharmonique de Bruxelles dirigé par Hervé Niquet, est consacré à Gustave Charpentier (1860-1956). Cette édition numérotée demeure séduisante et luxueuse, même si son format, différent de celui des traditionnels boîtiers, ne rend l’objet guère facile à ranger: les deux disques sont en effet inclus dans un livre (en français uniquement) comprenant une enrichissante série d’articles sur le compositeur et les œuvres. Car que sait-on de l’auteur de Louise? On ne pourra en tout cas plus ignorer grand-chose de son premier grand prix de Rome, depuis La Fête des myrtes, bref chœur d’essai pour le concours 1887, et la cantate (Didon) qui lui valut la récompense suprême la même année, ni de son séjour romain au travers de deux de ses «envois»: sa bien nommée «symphonie pittoresque» Impressions d’Italie, pas encore tout à fait oubliée, à la différence de l’ample et originale «symphonie-drame» La Vie du poète (GES 922211-F). SC




Patricia Petibon: échos à Melancolialand





Patricia Petibon livre un nouvel opus discographique! Plutôt que de collationner doctement des airs selon la rigueur esthétique et musicologique, elle a préféré esquisser un voyage au pays de la mélancolie, ombragée par les luminosités hispaniques – et brésiliennes avec la fameuse Cinquième Bachianas Brasileiras de Villa-Lobos. Sur ces fragrances de nostalgie, nous voguons ainsi de Granados et de Falla à Montsalvatge, offrant au passage un aperçu de la mélodie espagnole au vingtième siècle. Une page traditionnelle, Ogundé uareré, distille une fascination venue du fond des âges. Les quatre dernières plages sont occupées par les Melodias de la melancoliìa, composées par Nicolas Bacri pour le soprano français, qui en livre le premier enregistrement. La succession de rythmes et d’affects rappelle les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler, l’audace expressive en moins. Le premier chant, «A la mar», le plus inspiré, écume à deux reprises vers un cri extatique aux relents de Concerto d’Aranjuez, avec de revenir à l’expression apaisée des commencements. Un autre écho transparaît dans la «Petenera» de Federico Moreno Torroba, celui de La vida breve, dont on entend un air, «Vivan los que riìen». Le soyeux de la belle rousse a pris au fil des ans quelques galons indurés, qui ne déparent pas l’éclat de ses aigus. On peut regretter la prononciation parfois trop vocalique, privilégiant la couleur à l’intelligibilité (Deutsche Grammophon 477 9447). GC




Le «Don Quichotte de l’hispanisme français»





Alpha ne ménage pas ses efforts pour lever le voile sur des pans obscurs du répertoire. La musique des Espagnols jouée en France au XVIIe siècle reste largement méconnue, faute de documentation. Installé à Paris vers 1614, au tout début du règne de Louis XIII, Luis de Briceno a néanmoins laissé un livre d’airs de cour espagnols accompagnés à la guitare, un instrument moqué, à l’époque, dans les milieux aristocratiques français paradoxalement de plus en plus sensibles à la culture hispanique. Il s’agit en quelque sorte d’un manifeste destiné à défendre cet instrument face au luth, considéré avec davantage d’égards – la guitare finira par s’imposer à la Cour. Le Poème Harmonique a tenté de reconstituer le répertoire de ce compositeur «revendicateur», «trublion», «railleur» et que Vincent Dumestre qualifie en outre de «Don Quichotte de l’hispanisme français». Résultat: une heure et dix minutes d’airs et de danses, souvent rustiques, auxquels se mêlent des pièces anonymes. Comme d’habitude avec ce label, le livret a fait l’objet d’un grand soin (Alpha 182). SF




Nathalie Stutzmann: une réédition bienvenue





Saphir Productions a la bonne idée de rééditer Le Voyage d’hiver de Nathalie Stutzmann paru chez Calliope en 2003 (où elle a ensuite enregistré Le Chant du cygne et La Belle Meunière). Si l’on garde un souvenir ému des barytons dans ce répertoire, de Dietrich Fischer-Dieskau et de Matthias Goerne en particulier, Nathalie Stutzmann n’en sert pas moins bien cette déchirante errance de l’âme. La couleur de sa voix exceptionnelle convient aux denses climats schubertiens et, par sa sensibilité, porte au-delà des mots conçus pour un homme pour atteindre la vérité de ce chant passionnément douloureux. Le contralto exerce un contrôle rigoureux sur les riches timbres de sa puissante voix sombre et sur son intensité expressive, évitant tout pathos, mais, si elle sait éclairer les rares instants plus virevoltants ou lumineux, certains lieder émeuvent aux larmes, «Der Wegweiser», «Das Wirtshaus» et «Die Nebensonnen», d’une retenue sublime. La pianiste Inger Södergren est en parfaite symbiose, son jeu plastique élégant, fluide et finement nuancé. A (ré)écouter d’urgence. (Saphir LVC 1153). CL




Archets vagabonds chez Deutsche Grammophon


        


Dans des programmes composites («The Romantic Violinist» et «Echoes of Time»), deux jeunes violonistes viennent enrichir leur catalogue sous étiquette jaune. Dans un album en hommage au glorieux Joseph Joachim (1831-1907), Daniel Hope (né en 1974) propose une interprétation découpée au scalpel du Premier Concerto de Bruch (révisé par Joachim), bien suivi dans son approche par Sakari Oramo et Stockholm – à la véhémence incendiaire dans les mouvements extrêmes, au romantisme à fleur-de-peau dans l’Adagio. En toute logique, l’hommage au violoniste austro-hongrois fait la part belle à Brahms... jusqu’à inclure la rare Berceuse spirituelle composée pour la naissance du premier enfant de Joachim (interprétée à l’alto par Daniel Hope, avec le renfort d’Anne Sofie von Otter). Un splendide album à programme qui succède à deux remarquables disques Vivaldi et Mendelssohn (477 9301). Succès moindre pour Lisa Batiashvili (née en 1979), avec un album sans queue ni tête, où le sucré (Vocalise de Rachmaninov, Valse lyrique de Chostakovitch) côtoie... l’angoissant Premier Concerto de Chostakovitch, superbement dominé mais sans aspérités (on s’ennuie dans le Scherzo!) ni identité véritable (la baguette ultra-analytique et objective de Salonen contribuant à dépersonnaliser et finalement lisser le discours). Du coup, les épures signées Kancheli (V&V) et Pärt (Spiegel im Spiegel, avec une magnétique Hélène Grimaud au piano) tirent leur épingle du jeu (477 9299). GdH




A découvrir : Vissarion Chébaline





Elève de Miaskovski, Vissarion Chébaline (1902-1963) assura la fonction de directeur du Conservatoire de Moscou à partir de 1942, mais la «politique artistique» de Jdanov contraignit ce pédagogue estimé à quitter son poste six ans plus tard. Pourtant, il ne figurait pas parmi les compositeurs les plus modernistes, même s’il manifesta un certain intérêt pour ce courant. Doté d’une notice en anglais, ce disque permet de découvrir ce musicien qui laisse un catalogue abordant quasiment tous les genres (cinq Symphonies, neuf Quatuors à cordes, deux opéras), y compris la musique chorale a cappella dont voici l’intégrale, enregistrée pour la première fois. Rarement exécutées, même en Russie, ces œuvres ont été écrites entre 1949 et 1963, alors que cette victime du réalisme socialiste connaissait de préoccupants problèmes de santé. A réserver aux spécialistes du genre et de la musique russe. Les autres risquent de ressentir une certaine lassitude à l’écoute de ce disque, malgré un minutage plutôt bref (53’12). (Toccata Classics 0012) SF



La Corse de Tomasi





Par delà son goût pour l’exotisme (Tam-Tam, Féerie laotienne) et son engagement tiers-mondiste (Chant pour le Viêt-Nam, Symphonie du Tiers-Monde), la Corse de ses origines est toujours restée au centre de l’œuvre d’Henri Tomasi (1901-1971). Regroupant deux brefs cycles de six et quatre pièces respectivement ainsi qu’un extrait d’un troisième cycle, tous originellement écrits pour voix et orchestre, cette parution du toujours intéressant label Indésens!, assortie des textes et de leur traduction (en français et en anglais), vient opportunément rappeler qu’il ne fut pas seulement l’auteur du premier opéra en langue corse (Sampiero Corso). Accompagnée avec une rare subtilité par l’excellent Laurent Wagschal, Johanne Cassar, dont le nom révèle des ascendances méditerranéennes (quoique plus maltaises que corses), s’approprie, d’une voix claire et agréable mais un peu dure et serrée dans l’aigu, ces mélodies corses d’inspiration populaire dont il faut toutefois attendre moins de couleur locale que d’impressionnisme teinté de folklorisme, dans la lignée des Sept Chansons populaires espagnoles de Falla ou des Mélodies populaires grecques de Ravel. En complément, les Deux Mélodies sur des poèmes de Paul Fort et les deux poèmes tirés des Clairières dans le ciel de Francis Jammes témoignent d’une vraie sensibilité, moins évidente durant les vingt minutes de Cyrnos, Sodi Braide se joignant à Laurent Wagschal pour ce «poème symphonique» pour piano et orchestre» donné ici dans sa version pour deux pianos (INDE037). SC




Lancement d’un nouveau label: Stermaria





Pari osé pour l’agence Mascarel, qui se lance dans l’édition avec le label Stermaria, au terme d’une réflexion qui «rejoint celle des labels actuels pour lesquels le nombre de concerts d’un artiste est autant de visibilité pour leurs investissements». Une belle occasion pour Maciej Pikulski (né en 1969) – qu’on connaît davantage comme accompagnateur de chanteurs renommés (à commencer par José van Dam) – de publier un enregistrement capté en octobre 2008 au Haras de la Cense (Yvelines). Le disque vaut surtout pour un Rachmaninov d’une étonnante sensibilité, où le pianiste d’origine polonaise prend son temps pour donner à six Préludes et trois Etudes-Tableaux des reflets debussystes dans un geste d’une délicatesse presque fauréenne (quand il ne se raidit pas excessivement): un Rachmaninov «plus délicat qu’athlétique» comme ConcertoNet l’avait déjà relevé en concert. On oubliera, en revanche, une Deuxième Sonate de Chopin vraiment trop lisse (distribué par Codaex). GdH




Quoi de neuf ? Bach





La mention «Premier enregistrement mondial» apposée sur cet enregistrement du Clavier bien tempéré par Sébastien Guillot ne laisse pas d’étonner. La première surprise passée, il apparaît toutefois qu’il s’agit du «manuscrit autographe original» de la Seconde Partie (1744), du moins d’une copie, de la main de Jean-Sébastien et Anna Magdalena, acquise par la British Library en 1896. Dans la notice, en complément d’une présentation générale de l’œuvre par Gilles Cantagrel, le claveciniste explique brièvement en quoi cette «version A», sans doute substantiellement plus ancienne que celle en usage aujourd’hui, datée de 1744 et résultant d’une copie effectuée par le gendre de Bach, Johann Christoph Altnickol, s’en différencie par des variantes mélodiques, rythmiques et ornementales, au travers d’un «processus de correction» qui, faute de version définitive, peut être considéré comme inachevé. Honnête mais trop linéaire et dépourvue de relief, l’interprétation (sur un Olivier Fadini 1993 d’après un François-Etienne Blanchet de 1733) attise toutefois une partie de l’intérêt suscité par cette curiosité (Saphir Productions LVC 1136). SC




Luxueux Bal masqué





Précédemment édité chez TDK, ce Bal masqué de 1990 est la reprise d’une production qui devait être dirigée l’année précédente par Karajan. Suite au décès du maestro, Solti l’a remplacé presque au pied levé dans la fosse du Festspielhaus. Il va sans dire que sous sa direction, les Wiener Philharmoniker livrent une prestation magistrale et dramatique à souhait. La distribution comporte un autre monstre sacré, Plácido Domingo, qui ne décevra pas ses (nombreux) admirateurs – inutile de revenir sur ce timbre, cette tenue vocale et cette présence scénique exceptionnels. Quant au reste du plateau, il ne démérite pas, loin de là (Leo Nucci en Renato, Josephine Barstow en Amelia, Florence Quivar en Ulrica, Sumi Jo en Oscar). La mise en scène de John Schlesinger? Rien que du très classique mais les décors hollywoodiens frappent par leur luxe insensé. En ce sens, ce spectacle, filmé par l’incontournable Brian Large, paraît d’un autre temps (Arthaus 107 271). SF




La rédaction de ConcertoNet

 

 

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