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01/17/2007
Benjamin Britten : Gloriana
Sarah Walker (Elisabeth I), Anthony Rolfe Johnson (Essex), Jean Rigby (Frances), Richard van Allan (Raleigh), Elizabeth Vaughan (Penelope), Alan Opie (Cecil), Neil Howlett (Blunt), Malcolm Donnelly (Cugge), Lynda Russell (la Dame d’honneur), Norman Bailey (le Chanteur aveugle). Chœur et Orchestre de l’English National Opera, Mark Elder (direction ), Colin Graham (mise en scène)
Enregistré au Coliseum à Londres – 147’
Arthaus Musik 102 097 (distribué par Intégral)


Qui eût cru que Britten le libertaire composerait un opéra pour le sacre de la jeune Elisabeth II ? Gloriana est pourtant un hommage aux deux Elisabeth, la seconde étant sans doute implicitement invitée à suivre l’exemple de la première, qui, déchirée entre la raison d’Etat et son attachement au comte d’Essex, condamna néanmoins ce dernier à être décapité pour trahison. Le sujet avait déjà été traité par Donizetti dans son Roberto Devereux. Britten, lui, emprunte tantôt au grand opéra à numéros, avec ses duos d’amour, ses grandes scènes d’ensemble, tantôt à la musique élisabéthaine, à Purcell, à une tradition spécifiquement anglaise. Il évite aussi bien le pastiche que le patchwork, épiçant son écriture de dissonances très personnelles – quitte à effrayer le public très huppé de la création, fort de son expérience déjà riche de compositeur d’opéras. Si bien que Gloriana, aujourd’hui, peut encore éblouir, mais aussi intriguer par l’ambiguïté des relations entre les deux protagonistes, que Britten, toujours très subtil, se garde bien de lever.
La production vient de l’English National Opera. Une production datée : décors et costumes visant la reconstitution, visage enfariné de la reine vieillissante, chorégraphie et direction d’acteurs convenues, un côté film de cape et d’épée en technicolor. Du travail comme on n’ose plus en faire, efficace et cohérent en tout cas, à prendre comme tel, qui tiendrait moins la route s’il n’y avait les chanteurs et le chef. Sarah Walker impressionne en Elisabeth, scéniquement plus à l’aise en femme qu’en souveraine – elle semble alors montée sur ressorts et fait parfois sourire. On peut trouver des timbres plus séduisants, mais la conduite de la voix, toujours tendue par un rôle éprouvant qui exploite toute la tessiture et notamment le passage, comme l’incarnation de ce personnage souvent contradictoire, dont on se demande toujours s’il se ment ou s’il est sincère, s’il est cruel ou malheureux, n’appellent que des éloges. Les deux monologues, la scène où Essex surprend Elisabeth non apprêtée, sans sa perruque, sont remarquables. Anthony Rolfe Johnson, un des plus beaux ténors anglais de sa génération, se montre digne de sa royale partenaire, lui aussi hésitant et contradictoire, à la fois parfaitement stylé et très investi, ni mièvre ni bravache. Le reste de la distribution réunit des chanteurs parmi les meilleurs du moment – excellente Elizabeth Vaughan, par exemple -, tous membres de la troupe de l’ENO, sous la direction d’un Mark Elder aussi théâtral que nuancé, évitant toute distorsion entre l’intimisme et le spectaculaire, qu’il coule dans un seul élan.
Un Britten peu fréquenté mais très séduisant, qu’on ne connaissait jusqu’ici que par le disque de sir Charles Mackerras, le compositeur n’ayant jamais gravé Gloriana.



Didier van Moere

 

 

 

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