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12/02/2006
Wolfgang Amadeus Mozart: La Betulia liberata, K. 74c [118]
Jeremy Ovenden (Ozia), Marijana Mijanovic (Giuditta), Julia Kleiter (Amital), Franz-Josef Selig (Achior), Irena Bespalovaite (Cabri), Jennifer Johnson (Carmi), Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Münchner Kammerorchester, Christoph Poppen (direction)
Enregistré à Salzbourg (18 août 2006) - 130’
2 DVD Deutsche Grammophon 073 4248 (zone 0)


Pour son édition 2006, le festival de Salzbourg a programmé l’intégralité des opéras de Mozart (lire ici): les plus connus ont été présentés en version scénique, les autres en version concertante comme La Betulia liberata qui n’est d'ailleurs pas à proprement parler un opéra mais plutôt une “azione sacra” dans la droite ligne de l’oratorio italien. Cette œuvre est assez rarement donnée alors qu’elle possède de très belles pages que les solistes, principalement Jeremy Ovenden et Marijana Mijanovic, mettent bien en relief.



Jeremy Ovenden incarne le prince de Béthulie, Ozia, avec une assurance et une humanité remarquables. Sa prestation devient de plus en plus convaincante au cours de la soirée: le premier air “D’ogni colpa “ est très difficile à exécuter d’emblée et le chanteur est un peu en retrait. Mais un sentiment de soulagement se lit sur son visage lors de la reprise de l’air où il chante ses vocalises avec beaucoup plus d’habileté et d’aisance: les aigus, notamment, sont solaires en fin de phrase. Ozia est un personnage un peu faible, du moins au début de l’opéra, et Mozart souligne ce trait avec un duo Ozia-chœur très doux “Pieta, se irato sei”: le chanteur distille les notes, utilise le mezza-voce, etc… L’air “Se Dio veder tu vuoi” est interprété avec raffinement et sincérité jusque dans les ornementations un peu conventionnelles de Mozart. Le personnage se réveille et devient plus arrogant dans la seconde partie de l’air.
Marijana Mijanovic est égale à elle-même dans la mesure où avec deux notes, elle parvient à créer une ambiance, à placer les décors de l’intrigue comme en témoigne le récitatif qui marque son entrée en scène. La voix, toujours aussi profonde et ténébreuse, convient bien au personnage déterminé qu’est Judith: les notes parfois un peu laides et crues enrichissent son portrait. Elle montre toute la vaillance de la veuve de Manassé dans l’air “Parto interne…” avec des notes pleine de force et d’engagement: son crescendo sur le premier “parto” est tout à fait impressionnant.
Julia Kleiter est une très sensible Amital. La voix est souple, claire et lumineuse. Dans son premier air “Non hai cor”, elle tente de convaincre Ozia d’agir et elle exprime une rage et une colère qui transparaissent parfaitement dans son interprétation. Elle est aidée en cela par le chef qui choisit un rythme énergique et fougueux. La chanteuse possède une force expressive qui se distingue aussi dans “Quel nocchier che in gran procella” où peu à peu elle s’anime.
Franz-Josef Selig est un Achior souverain. Il utilise de multiples nuances pour camper son personnage: des retards presque effrayants quand il exprime la colère, des notes piquées pleines de sous-entendus, un phrasé aérien… L’air “Te solo adoro” est rempli de bonté et de douceur malgré des vocalises pas toujours impeccables.
Irena Bespalovaite ne démérite pas en Cabri. Son air “Ma quel virtù non cede” est interprété avec finesse, mais la musicienne n’apporte toutefois pas une réelle dimension au personnage. La voix est parfois assez aigre et manque de rondeur dans les vocalises.
Carmi est interprété par Jennifer Johnson, jeune chanteuse dont il faudra suivre le parcours avec attention. Elle possède un instrument de toute beauté et elle ne craint pas de s’engager vocalement et musicalement. Elle décrit parfaitement la terreur des ennemis à la fin de l’œuvre.


Le chef Christoph Poppen sait maintenir l’énergie pendant toute la représentation. Dès les premières notes, il impose un tempo intense, vif et soutenu et il montre une grande fougue et un enthousiasme réel à défendre cette partition.



Cet enregistrement de La Betulia liberata est donc de grande qualité car les chanteurs essaient de tirer le maximum d’une partition qui, certes, est loin d’égaler ce qu’écrira plus tard Mozart.



Un bonus d’une dizaine de minutes accompagne le DVD: les chanteurs s’expriment sur leur vision du personnage et on les voit répéter. Plus intéressant est le commentaire du chef des chœurs, que l'on voit par ailleurs en répétition.


Manon Ardouin

 

 

 

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