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07/17/2016
Matthäus-Passion
John Neumeier (chorégraphie, mise en scène, scénographie, costumes), Johann Sebastian Bach (musique), Hamburg Ballett, Peter Schreier (Evangeliste), Bernd Weikl (Jesus, basse), Mitsuko Shirai (soprano), Marga Schiml (alto), Franz Grundheber (basse), Chor St. Michaelis, Knabenchor Hannover, Knabenchor St. Michaelis, Orchester St. Michaelis, Günter Jena (conductor), Thomas Grimm (réalisation)
Enregistré en public au Festspielhaus Baden-Baden (2005) – 211’
Arthaus Musik deux Blu-ray 109219 (ou trois DVD 109218) – PCM Stereo – Format 16:9 – Region Code: 0 – Notice en anglais, français et allemand


 Sélectionné par la rédaction





Réédition sur deux Blu-ray (ou trois DVD) de la mythique chorégraphie de John Neumeier sur la Passion selon saint Matthieu de Bach qui était déjà parue en DVD chez le même éditeur en 2010. Il est plus que regrettable que n’existe pas dans le commerce (ni, sauf erreur dans les circuits parallèles – mais on peut prier, car la télévision allemande a bien dû retransmettre ce monument à sa création) la trace de ce que furent les débuts de cette chorégraphie créée dans la Sankt-Michaelis Kirche de Hambourg le 29 mars 1980 et qui a ensuite été reprise à l’Opéra de Hambourg et fait le tour du monde avant d’être reprise en 2005 au Festspielhaus de Baden-Baden, où elle a été filmée. C’est heureux, car c’est la dernière fois que John Neumeier figurait la partie du Christ dans sa propre chorégraphie et, même si l’on peut déplorer que ce soit un peu tardif (il avait 65 ans, sa souplesse de danseur n’était plus la même, la crédibilité de l’âge du Christ au moment de la Passion y perd un peu, mais l’expression du visage reste magnifique), il très précieux de posséder l’image de ce qui de son propre aveu est la plus forte expérience de sa carrière de danseur et de chorégraphe. Il s’en explique clairement dans le texte «Je suis chrétien et danseur» édité dans le livret: il y voit à la fois un moyen d’exprimer sa foi par son mode d’expression le plus fort et un retour au caractère rituel de la danse, un peu oublié par la danse occidentale dans son évolution. Un autre texte («Une chorégraphie vivante et 29 ans de souvenirs») de Susanne Mencz, choréologue qui en a réalisé la notation Benesh des pas et assuré de nombreuses reprises, relate la genèse de la création et attire l’attention sur les problèmes purement techniques et sur les facteurs humains qui se posent lors de la transmission de l’œuvre à de nouvelles générations de danseurs.


L’effectif est de quarante-et-un danseurs et l’esthétique est le blanc absolu, sur une scène vide qui utilise très ingénieusement quelques rares accessoires, des bancs principalement. Dans les trois heures et demie que dure cette pièce, il y a une obligatoire relative inégalité de tension, particulièrement dans la première partie. Certaines séquences narratives peuvent paraître un peu fastidieuses, les scènes de groupe (la foule, les disciples) sont toujours saisissantes, certaines images, notamment tout ce qui touche à la mise en Croix et à la mise au tombeau, sont bouleversantes et inoubliables. Neumeier a trouvé aussi pour quelques airs phares de la Passion des illustrations par la danse qui resteront très probablement ce qu’il y a de plus fort dans son œuvre chorégraphique. Sa grande réussite est d’avoir respecté les différents niveaux spatio-temporels et dramaturgiques qui régissent cette partition d’une grande complexité d’écriture qui se maintient au répertoire mondial depuis plus de trois siècles. Cela grâce à une volonté de ne pas caractériser directement tous les personnages, laissant une part à la distanciation et à l’abstraction. On pourra objecter qu’une certaine dose de narcissisme n’est pas exclue pour la partie qu’il s’est réservée. On est dans le monde aux frontières de l’artificiel de la danse...


Pour les représentations successives de cette Passion, il n’a pas été possible techniquement de reprendre le dispositif musical de la création hambourgeoise. Dès les reprises sur scène, Neumeier a opté pour l’enregistrement live de la réalisation de la création sous la direction de Günter Jena. Ses tempi sont parfois trop étirés – on a été éduqué entre temps à écouter des directions plus dramatiques et théâtrales. L’équipe vocale, qui est le reflet du chant allemand des années 1980, n’est pas superlative. Heureusement, Peter Schreier, grand Evangéliste était certes en fin de carrière – la relève, féconde aujourd’hui avec des interprètes comme Prégardien père et fils, Mark Padmore ou Ian Bostridge, n’était pas encore en place – mais toujours excellent, la soprano japonaise Mitsuko Shirai excellente interprète de lieder un peu juste pour la spiritualité des grands airs comme «Aus Liebe», l’alto Marga Schimi trop prosaïque, Bernd Weikl, un Jésus sans charisme et surtout la basse d’opéra Franz Grundheber n’a pas la souplesse vocale pour donner à «Mache dich, mein Herze rein» et son rythme et sa fluidité. L’aspect musical n’est donc pas le meilleur de l’entreprise.


Ce film, qui ne propose aucun bonus mais dont la réalisation pour la télévision par Thomas Grimm est excellente, comporte deux versions. L’une est avec ses partis pris une réalisation de captation suivant l’action; l’autre est filmée de plus loin par une caméra frontale. Il vient augmenter pour notre plus grand bonheur la déjà riche vidéographie du Ballet de Hambourg.


Olivier Brunel

 

 

 

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