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09/18/2015
Jean-Philippe Rameau : Les Indes galantes
Amel Brahim-Djelloul (Hébé, Fatime, Phani), Benoît Arnould (Bellone, Alvar), Eugénie Warnier (Roxane), Olivera Topalovic (Amour, Zima), Judith Van Wanroij (Emilie, Atalide), Vittorio Prato (Osman), Anders Dahlin (Valère, Tacmas, Carlos, Damon), Nathan Berg (Huascar), Thomas Dolié (Adario), Chœur de l’Opéra national de Bordeaux, Les Talens Lyriques, Christophe Rousset (direction musicale), Laura Scozzi (mise en scène et chorégraphie), Olivier Simonnet (réalisation)
Enregistré en public à Bordeaux (2014) – 175’
Blu-ray Alpha 713 (ou DVD Alpha 710) (distribué par Outhere)





Créée en 2012 à Toulouse et reprise à Bordeaux en 2014 à l’occasion de l’année Rameau, cette production des Indes galantes a été globalement bien accueillie en ces deux occasions. Signée pour la musique par Christophe Rousset, qui était l’assistant musical de William Christie en 1990 pour son célèbre spectacle d’Aix-en-Provence avec Andrei Serban, sa réalisation utilise la version dite «de Toulouse», fondée sur un manuscrit de 1750 conservé à la bibliothèque de cette ville, curiosité contenant quelques variantes, ajouts et retraits par rapport à la version parue chez Durand et réalisée par Paul Dukas en 1902. L’Italienne Laura Scozzi, déjà auteur de la chorégraphie de mises en scènes lyriques en vue, dont la Platée de Laurent Pelly toujours au répertoire de l’Opéra de Paris, en assure la mise en scène pour sa première collaboration avec Rousset.


Parfaitement filmée par Olivier Simmonet, cette mise en scène spectaculaire se regarde comme du cinéma, tant la direction d’acteurs millimétrée semble plus réglée pour la caméra que pour le spectateur de théâtre qui regarde le spectacle frontalement dans son fauteuil. Son appréciation est affaire de goût. Laura Scozzi détourne chaque tableau – hormis le Prologue, dans lequel, prônant un urgent retour rousseauiste à la nature, elle laisse ses danseurs évoluer nus en une chorégraphie un peu relâchée – au profit de l’actualité du monde. Rameau invitait les spectateurs du dix-huitième siècle qui n’avaient pas la télévision à un voyage imaginaire. Scozzi nous invite à allumer notre téléviseur et ne pas oublier l’actualité brûlante de monde de notre vingt-et-unième siècle si perturbé. Le Turc généreux est un affreux macho qui se livre de surcroît au trafic de migrants, les Incas du Pérou des trafiquants de cocaïne, les Perses des méchants qui obligent leurs femmes à se voiler ou à commettre d’immondes sacrilèges et les Amérindiens des «sauvages» qui saccagent l’écologie du monde. Bref on n’est plus là pour rêver et on peut s’en consoler en se disant que pour une fois, cela ressemble plus aux actualités qu’aux séries télévisées. Au-delà de l’appréciation purement gustative ; on ne peut s’empêcher de penser que tant de spectaculaire surcharge l’œil et distrait trop l’oreille.


Dans le cas de ce spectacle, c’est un moindre mal car, pour avoir regardé le DVD sans sous-titrage, on confirme que la diction française d’aucun des chanteurs n’est compréhensible. La distribution, très inégale, comporte cependant de bons éléments, comme Amel Brahim-Djelloul, qui chante plusieurs rôles, et Nathan Berg, qui chante Huascar. Christophe Rousset ne met dans son orchestre ni la fantaisie ni les couleurs qu’y offrait William Christie. Tout est un peu plat et rectiligne dans son discours musical. A la fin de ce long parcours, on a l’impression d’avoir vu un film un peu trop agité et on se dit que la version Christie/Serban, dont le DVD a été publié par Opus Arte, a encore de beaux jours devant elle.


Olivier Brunel

 

 

 

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