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05/22/2015
Michel Legrand : Les Parapluies de Cherbourg
Marie Oppert (Geneviève Emery), Vincent Niclo (Guy Foucher), Natalie Dessay (Madame Emery), Laurent Naouri (Roland Cassard), Louise Leterme (Madeleine), Jasmine Roy (Tante Elise, Madame Germaine, Une fille), Franck Vincent (Monsieur Dubourg, Aubin, Ouvrier déménageur, Haut-parleur), Franck Lopez (Bernard, Pierre, Garçon de dancing, Facteur, Ouvrier au garage, Apprenti), Arnaud Léonard (Jean, Client du garage, Client du magasin de parapluies, Passant, Patron du café), Valentin Johner, Salem Sobihi (Marins), Elsa Dreisig (Jenny), Orchestre national d’Ile-de-France, Michel Legrand (direction musicale), Vincent Vittoz (mise en espace), Denis Caïozzi (réalisation)
Enregistré en public à Paris (septembre 2014) – 100’
Erato Blu-ray 2564611762 (ou DVD 2564611764) – Son PCM Stereo 2.0/Dolby Digital 5.1 – Format NTSC 16:9 – Region Code 0 – Sous-titres en français et en anglais





Il est difficile aujourd’hui d’imaginer ce que fut le retentissement à sa sortie, en février 1964, des Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy et Michel Legrand. C’était le premier film entièrement chanté de Demy, qui y voyait un «opéra populaire» – le second, Une chambre en ville ne sortit qu’en 1982. Il traitait pour une des premières fois au cinéma le sujet sensible de la guerre d’Algérie encore proche, celui délicat des filles-mères; l’esthétique, notamment le choix des couleurs, a été très controversée, mais il a cependant reçu le prix Louis Delluc et la palme d’or du Festival de Cannes avant de connaître un succès international considérable et de nombreuses adaptations scéniques.


En janvier 2012, devant le triomphe de deux concerts consacrés à Michel Legrand avec Natalie Dessay et un orchestre symphonique, Jean-Luc Choplin proposait au compositeur, pour célébrer le cinquantième anniversaire du film d’aller plus loin musicalement que lors des adaptations théâtrales toutes réalisées avec des orchestres modestes. Ainsi prit forme le projet de la création de la version symphonique, «de concert», de cette très singulière partition au succès planétaire. Mis en espace par Vincent Vittoz avec une imagination débordante et une intelligence du moindre détail, ce spectacle a été donné en septembre 2014 sous la direction du compositeur et fort heureusement filmé en direct par Denis Caïozzi.


Le résultat est épatant, la simplicité et l’efficacité étant les maîtres-mots de cette réalisation qui sans jamais vouloir singer le film se révèle comme un formidable complément et une étonnante actualisation un demi-siècle plus tard. Si les éléments visuels, accessoires multicolores, panneaux dessinés poétiquement en noir et blanc (et signés par rien moins que Sempé), éclairages savants, sont réduits à l’élémentaire, l’imagination n’en est que mieux stimulée. Chaque acteur, principal, figurant ou petit rôle, participe au changement continu de «décor» dans un grand espace libre devant l’orchestre symphonique placé au fond de la scène. A l’époque du film, les acteurs étaient doublés. Aujourd’hui, une jeune génération d’acteurs, chanteurs, danseurs est totalement crédible et l’actualisation ne consiste qu’à montrer de façon plus explicite – cinquante ans ont passé – les rapports d’amour, de lutte, de manipulation entre les différents protagonistes.


Pour rendre crédible au XXIe siècle cette romance d’amour brisée par la guerre dont le rafistolage sous la pression sociale par une mère manipulatrice et désabusée conduit à deux mariages boiteux, le choix des interprètes était primordial. Le couple Geneviève-Guy qui, dans la mémoire du cinéphile, restera éternellement l’apanage de Catherine Deneuve et Nino Castelnuovo, est ici incarné par deux jeunes premiers, Marie Oppert et Vincent Niclo, tellement crédibles et engagés dans leur histoire que leurs faiblesses vocales relatives passent vraiment au second plan. De même les qualités vocales des deux professionnels de la scène lyrique que sont Natalie Dessay et Laurent Naouri donnent plus d’étoffe à leurs personnages plus mûrs et font oublier une tendance bien connue à surjouer pour elle, ce qui la fait passer à côté de l’ambiguïté du personnage de Madame Emery, et une balourdise qui ne dépare pas le rôle du diamantaire pour lui. Chaque petit rôle est très soigné: on est plus que dans le film touché par la Madeleine de Louise Leterme et on admire la versatilité de Franck Vincent qui endosse plusieurs rôles. L’Orchestre national d’Ile-de-France fait scintiller cette chatoyante partition réorchestrée pour une formation symphonique que le compositeur aujourd’hui octogénaire dirige avec la tendresse qu’un père mettrait à aimer un enfant retrouvé. Il semble – et on fait en cela confiance à Jean-Luc Choplin – que ce ne soit là qu’un début.


Olivier Brunel

 

 

 

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