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04/13/2015
«Claudio Abbado’s New Year’s Eve Concert 96/97/98»
«New Year’s Eve Concert 1996: Dances and Gipsy Tunes»
Johannes Brahms : Danses hongroises n° 1, n° 10, n° 7, n° 17, n° 21 et n° 5 – Zigeunerlieder, opus 103 – Gesänge, opus 17: «Es tönt ein voller Harfenklang» – Liebeslieder-Walzer, opus 52
Maurice Ravel : Tzigane – La Valse
Hector Berlioz : La Damnation de Faust, opus 24: Marche hongroise

Maxim Vengerov (violon), Sveriges Radiokören, Maria Wieslander (chef de chœur), Berliner Philharmoniker, Claudio Abbado (direction), Barrie Gavin (réalisation)
«New Year’s Eve Concert 1997: A tribute to Carmen»
Georges Bizet : Carmen: Prélude, Havanaise («L’amour est un oiseau rebelle»), Couplets («Votre toast – je peux vous le rendre»), Chanson («Les tringles des sistres tintaient»), Air («La fleur que tu m’avais jetée») et Chœur et scène («Les voici! Voici le quadrille»
Serge Rachmaninov : Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43
Pablo de Sarasate : Fantaisie de concert sur «Carmen», opus 25
Maurice Ravel : Rapsodie espagnole
Manuel de Falla : El Amor brujo: Danza ritual del fuego
Johannes Brahms : Danse hongroise n° 5

Véronique Gens (soprano), Stella Doufexis, Anne Sofie von Otter (mezzo-sopranos), Roberto Alagna (ténor), Bryn Terfel (baryton), Gil Saham (violon), Mikhail Pletnev (piano), Südtiroler Kinderchor, Gretl Brugger (chef de chœur), Orféon Donostiarra, José Antonio Sainz Alfaro (chef de chœur), Berliner Philharmoniker, Claudio Abbado (direction), Hans Hulscher (réalisation)
«New Year’s Eve Concert 1998: Songs of love and desire»
Wolfgang Amadeus Mozart : Le nozze di Figaro, K. 492: Ouverture et «Deh vieni, non tardar, o gioia bella» – Don Giovanni, K. 527: «Deh, vieni alla finestra», «Fin ch’han dal vino» & «Là ci darem la mano» – Die Zauberflöte, K. 620: «Bei Männern welche Liebe fühlen»
Georges Bizet : L’Arlésienne, Suites n° 1 et n° 2: «Carillon» & «Farandole»
Gioacchino Rossini : La gazza ladra: Ouverture
Giuseppe Verdi : Rigoletto: «E il soldell’anima – Addio sperenza ed anima», «Caro nome che il mio cor» & «La donna è mobile» – Un ballo in maschera: «Eri tu che macchiavi quell’anima» – La traviata: «Libiamo ne’lieti calici»
Hector Berlioz : Le Carnaval romain, opus 9
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Eugène Onéguine, opus 24: Polonaise et Scène de la lettre

Mirella Freni, Christine Schäfer (sopranos), Marcelo Alvarez (ténor), Simon Keenlyside (baryton), Berliner Philharmoniker, Claudio Abbado (direction), Hans Hulscher (réalisation)
Enregistré en public à la Philharmonie de Berlin (31 décembre 1996, 1997 et 1998) – 255’
Coffret de trois Blu-ray EuroArts 2013504 – Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region code 0 – Notice (en anglais, allemand et français) de Jürgen Gauert, Guido Johannes Joerg et Alexandra Maria Dielitz





«New Year’s Eve Concert 1999: Grand Finales»
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 7 en la majeur, opus 92 : Allegro con brio
Antonín Dvorák : Symphonie n° 8 en sol majeur, opus 88 : Allegro ma non troppo
Gustav Mahler : Symphonie n° 5 en ut dièse mineur: Rondo Finale
Igor Stravinsky : L’Oiseau de Feu (Suite, 1919): «Danse infernale du roi Kachtcheï», «Berceuse» & «Final»
Maurice Ravel : Daphnis et Chloé: «Danse générale»
Serge Prokofiev : Alexandre Nevski, opus 78: «L’Entrée d’Alexandre Nevski dans Pskov»
Arnold Schönberg : Gurre-Lieder: «Seht die Sonne»
Paul Lincke: Grigri: Ouverture – Folies Bergères: Marche – Brandbrief-Galopp – Berliner Luft
Siegfried Translateur : Sportpalastwalzer
Ernst Fischer : Sparkling Champagne
Otto Nicolai : Die lustigen Weiber von Windsor: Ouverture
Walter Kollo : Solang noch unter’n Linden

Klaus Maria Brandauer (récitant), RIAS Kammerchor, Rundkunkchor Berlin, Berliner Philharmoniker, Claudio Abbado (direction), Hans Hulscher (réalisation)
Enregistré en public à la Philharmonie de Berlin (31 décembre 1999) – 108’
EuroArts Blu-ray 2013324 (ou DVD 2013328) – Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region code 0 – Notice (anglais, allemand et français) d’Alexandra Ehmann





De même que les Wiener Philharmoniker donnent chaque 1er janvier leur célèbre Neujahrskonzert, de même leurs cousins allemands, les Berliner Philharmoniker, donnent un concert de gala chaque 30 et 31 décembre, occasion pour l’orchestre de jouer des pages célèbres du répertoire que chacun peut fredonner ou, en tout cas, avoir à l’oreille. Certains concerts ont pu être de purs divertissements (en son temps, Herbert von Karajan a ainsi dirigé, comme il aimait à le faire, des intermezzi et ouvertures d’opéras, des morceaux fort connus comme cette véhémente Cavalerie légère de Suppé ou le Boléro de Ravel sans qu’il soit besoin de recourir à un fil conducteur); d’autres ont au contraire été construits autour d’une même thématique. C’est ce qu’a choisi Claudio Abbado au fil de ces quatre Silvesterkonzerte.


Le premier, présenté au sein d’un coffret rassemblant les éditions des 31 décembre 1996, 1997 et 1998, se voulait un hommage à la musique folklorique hongroise, l’orchestre jouant plusieurs œuvres connues respectivement composées par Brahms, Ravel et Berlioz. Menée tambour battant (occasionnant d’ailleurs de menus décalages au sein des pupitres), la Première Danse hongroise plante le décor: Abbado, tout sourire – une caméra, postée entre les seconds violons et les violoncelles, le filme de face, ce qui nous permet de voir ses expressions et sa gestique en plus d’une occasion –, dirige des Berliner à la vélocité sans faille. Ayant déjà enregistré avec une grande réussite plusieurs œuvres chorales de Brahms (on peut citer Rinaldo mais aussi Nänie ou le Chant des Parques), le chef italien a choisi de nous faire entendre ici les rares Chants tziganes, avec l’excellent Chœur de la Radio suédoise qui, au fil des séquences, sait parfaitement distiller le climat spécifiquement souhaité par chaque partie de ce bel ensemble choral et orchestral. Soliste instrumental de ce concert, Maxim Vengerov se lance ensuite dans un incroyable Tzigane, se jouant des moindres difficultés avec une sérénité étonnante, avant de donner en bis la Septième Danse hongroise, accompagné ici encore par l’orchestre tout entier. La variété des plans visuels (qui se succèdent d’ailleurs parfois un peu trop rapidement) nous permet également de profiter pleinement des solistes du Philharmonique comme l’inégalable Stefan Dohr (au cor) et la tout aussi excellente Marie-Pierre Langlamet (à la harpe) dans le très beau, et là aussi très rare, «Es tönt ein voller Harfenklang» de Brahms, chanté par les seules voix féminines du chœur. Si la Marche hongroise est pétaradante, le sommet de ce concert réside certainement dans La Valse de Ravel où l’orchestre se livre à une véritable démonstration: le résultat est assez renversant!


Un an plus tard, on quitte l’Europe centrale pour se rendre en Espagne pour un concert placé cette fois-ci sous les couleurs espagnoles. Quand on se souvient que Claudio Abbado a gravé ce qui est sans doute aujourd’hui une des plus belles versions discographiques de Carmen, on ne peut qu’être un peu déçu par les différents extraits donnés ici. Certes, les Berliner arborent un charme ravageur – quelle entrée en lice dans le Prélude! – mais ce sont les performances vocales qui déçoivent en raison de sérieux problèmes de prononciation et d’une théâtralité facilement outrancière. A ce petit jeu, c’est Roberto Alagna qui s’en sort le mieux dans un magnifique «La fleur que tu m’avais jetée», Bryn Terfel compensant par sa présence un français tenant davantage du sabir que de la langue de Molière, la performance d’Anne Sofie von Otter devant malheureusement être rapidement oubliée... Pour le reste, ce concert tient également de la démonstration. Comment ne pas être ébahi par les performances du glacial Mikhail Pletnev dans Rachmaninov (un jeu tout en contretemps, les doigts s’animant sur le clavier sans que l’on puisse suivre la vitesse du toucher tellement la partition est endiablée... merci aux caméras de nous faire profiter de ce spectacle en soi!) et, surtout, du chaleureux Gil Saham qui, dans la Fantaisie de Sarasate, s’amuse au milieu de cet Himalaya technique pour le violon (les sourires lancés à Abbado à 61’20!)?


L’orchestre – au sein duquel on a presque du mal à reconnaître le tout jeune Emmanuel Pahud! – peut ensuite briller seul avec une Rapsodie espagnole de grande tenue. Jouant d’une gestique tantôt directive, tantôt suggestive, Abbado (dont on connaît les affinités avec ce répertoire) conduit un orchestre au grand complet (avec xylophone, clarinette basse, contrebasson, deux piccolos...) dans une «Malaguena» conquérante, concluant triomphalement sur une «Feria» qui s’emballe pour le plus grand plaisir d’un public aux anges. Signalons que la notice du Blu-ray omet de préciser le dernier bis accordé par les musiciens avant de les voir se congratuler et quitter la scène: une Cinquième Danse hongroise de Brahms, comme une sorte de petit rappel de l’année précédente.


En 1998, c’est Mozart qui ouvre le concert de la Saint-Sylvestre. Dans une disposition assez étonnante – les chanteurs se présentant sur une sorte de promontoire s’avançant presque au milieu de l’orchestre, en fond de scène –, Claudio Abbado et le Philharmonique enchaînent quelques airs célèbres tirés des Noces, de La Flûte enchantée et de Don Giovanni. Christine Schäfer, toute de rouge vêtue, et Simon Keenlyside, dont le cabotinage trouve ses limites dans la configuration non scénique du concert, sont assez convaincants et nous permettent d’apprécier les Berliner dans un répertoire qui ne fait guère figure de pain quotidien pour l’orchestre. On pourra néanmoins trouver la voix de Christine Schäfer parfois un peu trop diaphane, manquant de ce fait de présence (il en ira d’ailleurs de même dans son air tiré de Rigoletto). En 1978, Karajan avait déjà choisi de donner plusieurs extraits de L’Arlésienne; ici, Abbado, plus au fait de l’œuvre que le maître autrichien, nous entraîne notamment dans une «Farandole» étourdissante où les deux flûtistes Andreas Blau et Hans-Wolfgang Dünschede (à qui est généralement confiée le piccolo) font montre de toute l’étendue de leur technique. La variété des plans nous permet d’admirer les moindres détails orchestraux comme dans cette ouverture ébouriffante de La Pie voleuse, qu’Abbado avait déjà choisie pour ouvrir l’édition 1991 du Neujahrskonzert qu’il avait alors dirigé à Vienne. Quant au reste du programme, il est dominé par le long extrait d’Eugène Onéguine où Mirella Freni, elle aussi de rouge vêtue, se distingue par sa grâce et sa sensibilité (à 78’55), couvée par un Abbado totalement impliqué.


Enfin, le 31 décembre 1999, c’est un programme assez original qui est donné puisque consacré au final de plusieurs œuvres célèbres. En vérité, ce concert se décompose assez clairement en deux parties: si la première (qui se termine par l’extrait des Gurre-Lieder) correspond effectivement au titre du thème alors choisi, la seconde nous renvoie davantage au concert du Nouvel An viennois, les pièces choisies rendant hommage à la valse et aux opérettes berlinoises. Et c’est d’ailleurs tout ce qui fait le sel de ce concert! Car la première partie nous laisse une impression mitigée: certes, les Berliner Philharmoniker offrent à chaque extrait une démonstration de leurs talents et de leur époustouflante technique – qui n’est d’ailleurs pas sans éprouver les musiciens eux-mêmes comme le montre la caméra lorsqu’elle montre le basson solo, Daniele Damiano, en train de tirer la langue au sens propre du terme à 94’10! – mais l’enchaînement des extraits présente finalement assez peu d’intérêt. On passe ainsi d’un Beethoven est un peu trop rapide à un Stravinsky impressionnant via notamment par un Dvorák peu enjôleur. La seconde partie, elle, est d’un tout autre intérêt puisqu’on connaît assez peu l’opérette berlinoise – à ce titre, on saluera la brève mais fort éclairante et instructive notice accompagnant le Blu-ray: le fait de programmer Ernst Fischer, Paul Linke ou Walter Kollo était une excellente idée! Et, finalement, c’est là que le Philharmonique s’amuse le plus, qu’il s’agisse de siffler dans la marche des Folies bergères, à l’image de la violoniste Suzanne Calgéer, ou de seulement agiter en mesure les baguettes, comme le font les deux timbaliers Wieland Welzel et Rainer Seegers, pour accompagner le rythme entraînant du Champagne pétillant d’Ernst Fischer (à 99’55)! Les balcons de la Philharmonie, recouverts de feuilles d’or puis de lampions, brillent de mille feux à l’image de cet orchestre fêté par son public, notamment lors du célèbre Berliner Luft joué sans chef, Abbado regagnant à cette occasion les coulisses, le public applaudissant en mesure et sifflant à qui mieux-mieux. Plus que jamais, la fête est à l’honneur: champagne!


Sébastien Gauthier

 

 

 

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