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01/15/2015
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527
Mariusz Kwiecien (Don Giovanni), Alex Esposito (Leporello), Alexander Tsymbalyuk (Le commandeur), Malin Byström (Donna Anna), Antonio Poli (Don Ottavio), Véronique Gens (Donna Elvira), Elizabeth Watts (Zerlina), Dawid Kimberg (Masetto), Royal Opera Chorus, Stephen Westrop (chef de chœur), Orchestra of the Royal Opera House, Nicola Luisotti (direction), Kasper Holten (mise en scène), Es Devlin (décors), Anja Vang Kragh (costumes), Bruno Poet (lumières), Jonathan Haswell (réalisation)
Enregistré en public au Royal Opera House, Covent Garden, Londres (février 2014) – 182’
Opus Arte Blu-ray OA BD7152 BD (ou DVD OA 1145 D) – Son DTS-HD – Format 16/9 – Region code: 0 – Notice en français, anglais et allemand, sous-titres en français, anglais, allemand, japonais et coréen






Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527
Simon Keenlyside (Don Giovanni), Kyle Ketelsen (Leporello), Eric Halfvarson (Le commandeur), Marina Poplavskaya (Donna Anna), Ramón Vargas (Don Ottavio), Joyce DiDonato (Donna Elvira), Miah Persson (Zerlina), Robert Gleadow (Masetto), Royal Opera Chorus, Stephen Westrop (chef de chœur), Orchestra of the Royal Opera House, Charles Mackerras (direction), Francesca Zambello (mise en scène), Maria Björnson (décors), Paul Pyant (lumières), Robin Lough (réalisation)
Enregistré en public au Royal Opera House, Covent Garden, Londres (8 et 12 septembre 2008) – 202’
Wolfgang Amadeus Mozart : Le nozze di Figaro, K. 492
Erwin Schrott (Figaro), Miah Persson (Susanna), Gerald Finley (Le Conte), Dorothea Röschmann (La Comtesse), Rinat Shaham (Cherubino), Jonathan Veira (Bartolo), Graciela Araya (Marcellina), Philip Langridge (Basilio), Jeremy White (Antonio), Francis Egerton (Curzio), Ana James (Barbarina), Royal Opera Chorus, Renato Balsadonna (chef de chœur), Orchestra of the Royal Opera House, Antonio Pappano (direction), David McVicar (mise en scène), Tanya McCallin (décors), Paule Constable (lumières), Jonathan Haswell (réalisation)
Enregistré en public au Royal Opera House, Covent Garden, Londres (10, 13 et 17 février 2006) – 202’
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Zauberflöte, K. 620
Will Hartmann (Tamino), Dorothea Röschmann (Pamina), Diana Damrau (La Reine de la nuit), Franz-Josef Selig (Sarastro), Simon Keenlyside (Papageno), Ailish Tynan (Papagena), Adrian Thompson (Monostatos), Gillian Webster, Christine Rice, Yvonne Howard (Trois dames), Thomas Allen (Le récitant), Matthew Beale, Richard Van Allan (Deux prêtres), Royal Opera Chorus, Terry Edwards (chef de chœur), Orchestra of the Royal Opera House, Colin Davis (direction), David McVicar (mise en scène), John Macfarlane (décors), Paule Constable (lumières), Sue Judd (réalisation)
Enregistré en public au Royal Opera House, Covent Garden, Londres (27 janvier 2003) – 185’
Opus Arte coffret de cinq Blu-ray OA BD7155 BD (ou coffret de cinq DVD OA 1150 BD) – Son PCM stereo – Format 16/9 – Region code: 0 – Notice en français, anglais et allemand, sous-titres en allemand, italien, français (sauf pour Die Zauberflöte), anglais et espagnol





Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527
Ildebrando D’Arcangelo (Don Giovanni), Andrea Concetti (Leporello), Enrico Iori (Le commandeur), Myrto Papatanasiu (Donna Anna), Marlin Miller (Don Ottavio), Carmela Remigio (Donna Elvira), Manuela Bisceglie (Zerlina), William Corro (Masetto), Coro Lirico Marchigiano «Vincenzo Bellini», David Crescenzi (chef de chœur), Fondazione Orchestra Regionale Delle Marche, Riccardo Frizza (direction), Pier Luigi Pizzi (mise en scène, décors, costumes), Sergio Rossi (lumières), Davide Mancini (réalisation)
Enregistré en public au Teatro Lauro Rossi, Macerata (23-30 juillet 2009) – 174’
C Major/Unitel Classica Blu-ray 717504 (ou DVD 717408) – Son PCM stereo – Format 16/9 – Region code: 0 – Notice en français, anglais et allemand, sous-titres en français, anglais, allemand, italien, espagnol, coréen, chinois et japonais


 Sélectionné par la rédaction





«Nikolaus Harnoncourt Opera Collection»
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527

Rodney Gilfry (Don Giovanni), Laszlo Polgar (Leporello), Matti Salminen (Le commandeur), Isabel Rey (Donna Anna), Roberto Sacca (Don Ottavio), Cecilia Bartoli (Donna Elvira), Liliana Nikiteanu (Zerlina), Oliver Widmer (Masetto), Chor der Oper Zürich, Ernst Raffelsberger (chef de chœur), Orchester der Oper Zürich, Nikolaus Harnoncourt (direction), Jürgen Flimm (mise en scène), Erich Wonder (décors), Florence von Gerkan (costumes), Jürgen Hoffmann (lumières), Brian Large (réalisation)
Enregistré en public à l’Opernhaus, Zurich (2001) – 187’
Wolfgang Amadeus Mozart : Così fan tutte, K. 588
Cecilia Bartoli (Fiordiligi), Agnes Baltsa (Despina), Liliana Nikiteanu (Dorabella), Roberto Sacca (Ferrando), Oliver Widmer (Guglielmo), Carlos Chausson (Alfonso), Chor der Oper Zürich, Ernst Raffelsberger (chef de chœur), Orchester der Oper Zürich, Nikolaus Harnoncourt (direction), Jürgen Flimm (mise en scène), Erich Wonder (décors), Florence von Gerkan (costumes), Jürgen Hoffmann (lumières), Brian Large (réalisation)
Enregistré en public à l’Opernhaus, Zurich (2000) – 192’
Arthaus Musik Blu-ray 108 130 – Son PCM stereo – Format 16/9 – Region code: 0 – Notice en anglais, sous-titres en français, anglais et anglais





Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527
Thomas Allen (Don Giovanni), Ferruccio Furlanetto (Leporello), Matthias Hölle (Le commandeur), Carolyn James (Donna Anna), Kjell Magnus Sandve (Don Ottavio), Carol Vaness (Donna Elvira), Andrea Rost (Zerlina), Reinhard Dorn (Masetto), Chor der Oper Köln, Gürzenich-Orchester Köln, James Conlon (direction), Michael Hampe (mise en scène), Carlo Diappi, Ulrike Zimmermann (costumes), José Montes-Baquer (réalisation)
Enregistré à l’Opéra de Cologne (1991) – 173’
Arthaus Musik DVD 102 319 – Son PCM stereo – Format 16/9 – Region code: 0 – Notice en français, anglais et allemand, sous-titres en français, anglais, allemand et hollandais





Il y a quelque chose d’émouvant à observer la variété des interprétations et des lectures du chef d’œuvre de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), créé à Prague le 29 octobre 1787. Comme l’écrit William Richmond dans l’une des notices, «Don Juan peut être soit un héros, soit un méchant. Il a été un exemple d’insoumis impénitent, de libertin romantique ou politique, d’amant au talent inégalé ou simplement inégalé dans le nombre de ses conquêtes amoureuses. Don Juan est souvent aussi aimable, et parfois même aussi louable qu’il n’est condamnable. Il est un miroir pour chaque époque, dans laquelle il adopte un nouveau visage, proposant ainsi une réflexion morale et philosophique». Le destin de Don Giovanni, dont la «Vita è gioco e rischio», épouse, en effet, aisément toutes sortes d’interprétations et de niveaux de lecture, aucune transposition ne paraissant émousser son impact – semblant même bien davantage affermir sa dimension de chef d’œuvre universel. Ces cinq spectacles, tous filmés en direct, en sont une belle démonstration.


Le plus récent (2014) vient de Covent Garden. Kasper Holten livre une mise en scène efficace et plastique, à l’esthétique chic mais froide. Il situe toute l’action dans une maison à l’intérieur gris, présentée en coupe, faite d’escalier, de portes et d’étages vides. Et qui tourne. Transformée en petit théâtre d’ombres et de lumières par les incessantes projections vidéo qui habillent la scène au gré de la valse des sentiments: incrustations en graffitis des prénoms des conquêtes de Don Giovanni pendant l’ouverture, tâches rouge-sang lors du meurtre du Commandeur, tâches noir-nuit lors du «Or sai chi l’onore»... La lecture n’apporte certes que peu d’idées neuves (et Donna Anna est – encore une fois – une fausse victime qui repasse à la casserole à la fin du premier acte!). Mais l’on doit reconnaître qu’elle colle particulièrement bien au format vidéo.


Si l’intérêt ne se situe pas sur scène, il ne se situe pas non plus dans la fosse. En effet, classiquement italien, fidèle au texte qu’il ne trahit jamais, le chef d’orchestre de cette production – Nicola Luisotti (qui assure lui-même le continuo) – offre une direction plate sinon mollassonne, occasionnellement sèche, trop lente en ce qu’elle plombe le lyrisme mozartien, jusqu’à le plonger dans l’indifférence (pour autant qu’on puisse dire cela des – toujours très professionnels – instrumentistes de l’Opéra royal de Londres).


La distribution est homogène – ce qui permet aux ensembles de sonner avec charme – mais sans relief particulier. Certes, le couple Don Giovanni/Leporello connaît la chanson et l’on aura du mal à contester le style comme la technique de Mariusz Kwiecien et Alex Esposito, ni leur engagement sur scène. Ainsi du velours du «Deh vieni alla finestra», où la chaleur du baryton polonais ne manquera pas d’émouvoir. Pour le reste, l’Anna de Malin Byström se démène mais ne convainc pas. L’Ottavio d’Antonio Poli est plus faible encore avec ses aigus poussifs, bien qu’il se sorte de ses airs périlleux sans trop de dégâts. Elvira bien hésitante dans son premier air (une tessiture tendue, une justesse aléatoire, un vibrato presque désagréable), Véronique Gens se reprend largement par la suite, pour composer ce personnage noble et héroïque qu’elle sait dominer. Elizabeth Watts présente une Zerlina un peu nunuche mais bien chantante face au Masetto investi mais plutôt vert de Dawid Kimberg. Mentionnons enfin le Commandeur un peu chevrotant d’Alexander Tsymbalyuk.


Six ans plus tôt sur la même scène londonienne (2008), Francesca Zambello signe un spectacle plus classique, qui sent davantage les planches du théâtre italien – façon commedia dell’arte – mais se révèle peu adapté au format vidéo (... on mesure d’ailleurs la rapidité des progrès réalisés en matière d’opéra filmé). Les décors en ressortent souvent lugubres – avec ce vilain mur courbé qui occupe la scène en permanence (mais permet d’habiles transformations théâtrales). Le jeu d’acteurs est soigné (le début du second acte est, à ce titre, un modèle d’intelligence scénique) mais la caméra ne fait pas preuve d’un grand dynamisme et la prise de son est plutôt paresseuse. Ce qui est d’autant plus regrettable que la distribution est de classe mondiale et bénéficie, dans la fosse, de la rigueur du regretté Charles Mackerras, faisant la part belle aux bois et aux vents, dirigeant avec finesse et sobriété.


Le risque avec ce genre de distributions internationales est que l’adéquation des interprètes à leur rôle ne soit pas à la hauteur de leur réputation. Ainsi, l’Anna – appliquée mais peu émouvante – de Marina Poplavskaya et, plus encore, l’Ottavio – solide mais «passe-partout» – de Ramón Vargas ne marquent pas. En revanche, le Commandeur expérimenté d’Eric Halfvarson, la Zerline débordant de charme de Miah Persson ou le Masetto viril de Robert Gleadow ne souffrent aucune critique. Au-delà, Joyce DiDonato met le feu à Donna Elvira qu’elle anime d’une passion contagieuse. Quant à l’association du Don Giovanni de Simon Keenlyside et du Leporello de Kyle Ketelsen, elle offre un couple assez idéal – physiquement comme vocalement –, parfaitement crédible dans le travestissement du second acte et très à l’aise avec la tessiture. Mais elle renforce aussi le manque d’homogénéité et d’harmonie entre les protagonistes.


Signalons que ce spectacle fait l’objet d’une reparution au sein d’un coffret dont il est le maillon faible et qui permet de voir (ou revoir) deux productions mozartiennes – deux «must» – du talentueux David McVicar, également filmées à Covent Garden. Une réjouissante Flûte enchantée (2003), qui avait marqué son époque (lire ici). Et d’admirables Noces de Figaro (2006), qui ont pour cadre un château français d’après la Révolution française (vers 1830) et dont la distribution apporte bien des joies: un Figaro plus vrai que nature (Erwin Schrott), une Susanna très juste (Miah Persson), un Conte truculent (Gerald Finley), une Comtesse crédible (Dorothea Röschmann), un Cherubino à croquer (Rinat Shaham)... Le tout mis en musique avec souplesse et vivacité par Antonio Pappano. Une conclusion s’impose: il aurait mieux valu compléter ce coffret par une vidéo du Don Giovanni monté par David McVicar à Bruxelles.


Au cœur de l’été 2009, le vieux maître Pier Luigi Pizzi tente le Don Giovanni de la liberté, du plaisir et du sexe, faisant débuter l’opéra dans la chambre à coucher du libertin, à moitié nu, qu’habille avec une tendresse charnelle son valet (... lequel n’hésite pourtant pas à coucher avec Elvira lors de l’«air du catalogue»). Les villageois se tripotent allègrement, Zerline et Masetto se réconcilient dans les galipettes, l’amour est libre et sans tabou, et le lit de Don Juan revient régulièrement figurer l’intimité comme la volupté des choses. Un spectacle attachant et intelligent, aux décors minimalistes mais respirant l’Italie, qui resserre le message sur quelques idées fortes et qui frappe par sa cohérence, sa concentration et son sens de la liberté. Dommage que, de la scène intimiste du Théâtre de Macerata à l’écran, l’impression de compression de l’image se renforce (ce qui se ressent aussi dans l’étroitesse de la prise de son). Rien qui n’endommage le plaisir néanmoins.


Si la distribution n’égale pas le niveau des deux précédentes, un esprit de troupe est à l’œuvre – et ça change tout. L’équipe bénéficie, au demeurant, de l’expertise et du charisme d’Ildebrando D’Arcangelo dans le rôle-titre – un baryton à la voix beaucoup plus sombre que les deux précédents, à la présence plus masculine aussi. Une évidence en Don Juan. Avec sa voix d’envergure moyenne mais franche et ensoleillée, Andrea Concetti est idéal pour le Leporello séducteur, complice et narquois imaginé par Pizzi. Superbement investie, Myrto Papatanasiu est une Donna Anna très touchante, presque vibrante. Si Manuela Bisceglie et Marlin Miller chantent une Zerlina et un Ottavio de bonne tenue, l’Elvira de Carmela Remigio devrait soigner son vibrato et surveiller la justesse de son chant, alors que William Corro est un Masetto vocalement moyen. Rien à reprocher, en revanche, au Commandeur d’Enrico Iori. La Fondazione Orchestra Regionale Delle Marche assure l’essentiel, même si Riccardo Frizza plombe parfois l’action par des tempos erratiques (et peine de temps à autre à assurer la bonne synchronisation avec les chanteurs). Le résultat n’en reste pas moins d’une grande fraîcheur et ce spectacle charnel et attachant trouble par son magnétisme envoûtant.


En regard, le Don Giovanni monté par Jürgen Flimm à Zurich en 2001 est un objet assez étrange, hésitant entre plusieurs options et plusieurs styles – et notamment entre un respect de l’esprit de Da Ponte et une figuration du héros plus proche de la froideur de Brett Easton Ellis que de la chaleur de Séville. Un objet plutôt difforme et qui ne laisse pas d’empreinte.


La direction de Nikolaus Harnoncourt situe l’interprétation à un niveau d’exigence instrumentale plus élevé que dans les autres interprétations: le chef autrichien met des inflexions partout, exigeant des musiciens zurichois ce que – fort heureusement – ils sont en mesure de lui offrir. Une excellence sans paresse ni facilités, qui fait vivre la partition dans un style équilibrant harmonieusement les vertus de l’authenticité et celles de la modernité sonore d’un orchestre contemporain. Mais l’on déplore, en revanche, des tempos qui s’alanguissent – rédhibitoires jusqu’à l’ennui –, et aussi trop de sérieux dans la conduite de l’ensemble.


Si l’on avait trouvé épatante l’Elvira de DiDonato, celle de Cecilia Bartoli est carrément décapante (quoiqu’à la limite de l’hystérie) et parvient, à maintes reprises, à procurer le grand frisson. Elle apporte, en tout cas, de la vie à une distribution qui en manque cruellement et qu’elle domine sans partage. Ainsi, Laszlo Polgar, Leporello trop sage, déçoit franchement. Isabel Rey livre une Anna qui vocalise avec vitalité sinon fureur, mais les aigus se tendent outre-mesure. Peu aidé par la lenteur de la battue, Roberto Sacca peine à stabiliser la ligne de chant mais parvient à dominer le périlleux rôle d’Ottavio. Si Liliana Nikiteanu offre une Zerlina charmante et Matti Salminen un Commandeur parfait, Oliver Widmer ne fait rien de Masetto. Enfin, Rodney Gilfry dresse de Don Giovanni un portrait plutôt froid, presque anonyme (un comble dans ce rôle!) mais conforme à la brutalité perverse voulue par le metteur en scène. Mais un Don Giovanni où l’on s’ennuie, peut-on vraiment le recommander?


Généreux, le Blu-ray héberge également un Così fan tutte de 2000, avec une équipe proche mais un résultat autrement plus probant. Renvoyant les amants à l’école (au sens propre du terme), la mise en scène de Jürgen Flimm fait preuve de beaucoup d’ingéniosité, alors que la direction de Nikolaus Harnoncourt s’anime enfin d’une passion constante. Et, si elle reste archi-dominée par Cecilia Bartoli (qui prête son tempérament de feu et sa voix de volcan au charme espiègle de Fiordiligi), la distribution – plus homogène que dans Don Giovanni, notamment dans les ensembles (avec un quintette du premier acte à faire pleurer les pierres) – est une incontestable réussite.


Enfin, un mot rapide sur la vidéo – plus ancienne et donc de qualité médiocre (des couleurs laides, un dynamisme faible, une précision aléatoire... mais fort heureusement un son net et suffisamment riche) – qui nous redonne à voir un spectacle de Michael Hampe, capté à l’Opéra de Cologne (en 1991) et porté par la direction noire et intensément dramatique d’un James Conlon des grands soirs. Une vision au conformisme désormais daté, filmé de surcroît de manière tellement statique voire paresseuse que l’image passe comme en arrière-plan, alors qu’elle devrait être la clef de tout. C’est dommage pour le puissant Don Giovanni de Thomas Allen – grand titulaire du rôle – et pour le Leporello à la voix chaleureuse et puissante de Ferruccio Furlanetto, deux incarnations marquantes. Ça l’est moins pour l’Ottavio larmoyant de Kjell Magnus Sandve, le Commandeur routinier (mais impérial) de Matthias Hölle ou le Masetto pataud de Reinhard Dorn, ainsi que pour la noblesse féminine. Certes, Carolyn James n’est sans charme dans Donna Anna, mais le format massif de la voix étrangle quelque peu l’émotion, de la même manière que Carol Vaness est une Elvira au chant fiable mais au tranchant peu poignant. Andrea Rost donne, en revanche, à Zerlina une fraîcheur absolument délicieuse.


Une fois n’est pas coutume, c’est donc le spectacle monté sur la scène la moins prestigieuse (celle du Teatro Lauro Rossi de Macerata, dans la région des Marches, au cœur de l’Italie) qui emporte la mise. On le doit à un homme – Pier Luigi Pizzi – qui connaît son sujet pour avoir débuté à l’ombre de Giorgio Strehler (en 1951) et signé sa première mise en scène d’opéra avec ce même Don Giovanni (en 1977, à Turin). Cela confirme une chose: comme le bon vin, Mozart mûrit avec les années.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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