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06/13/2014
Anton Bruckner : Symphonie n° 5 en si bémol majeur (édition Haas)
NDR-Sinfonieorchester, Günter Wand (direction), Hugo Käch (réalisation)
Enregistré en public à la Musik- und Kongresshalle, Lubeck (11 juillet 1998) – 82’
DVD Arthaus Musik 107 243 – Son PCM Stereo – Format NTSC 4:3 – Region Code 0


 Sélectionné par la rédaction







Anton Bruckner : Symphonie n° 7 en mi majeur (édition Nowak)
Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim (direction), Elisabeth Malzer (réalisation)
Enregistré en public à la Philharmonie de Berlin (25 juin 2010) – 72’21
Blu-ray Accentus Music/Unitel Classica ACC 102177 (ou DVD ACC 202177) – Son PCM Stereo – Format NTSC 4:3 – Region Code 0







Carlo Maria Giulini: Rehersal and concert
Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur (édition Nowak)

Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, Carlo Maria Giulini (direction), Agnes Meth (réalisation)
Enregistré dans les studios de la SWR [répétitions] et au Kongresszentrum Liederhalle de Stuttgart [concert] (septembre 1996) – 123’
DVD Arthaus Musik/EuroArts 108 089 – Son PCM Stereo – Format NTSC 4:3 – Region Code 0





L’intérêt pour les Symphonies d’Anton Bruckner (1824-1896) ne se dément pas. Les salles de concert les affichent régulièrement, les disques (nouveaux ou anciens) se multiplient et le mélomane peut également profiter de nombreux concerts filmés comme ce fut le cas, encore récemment sur Mezzo, avec la Neuvième dirigée au Concertgebouw d’Amsterdam par Mariss Jansons. Voici trois grands chefs connus pour leurs affinités avec Bruckner qui, avec trois très bons orchestres qui ne font pas pour autant partie des plus prestigieuses phalanges en activité, donnent ici le meilleur d’eux-mêmes chez un de leurs compositeurs fétiches.


Commençons par le duo le plus connu dans Bruckner: Günter Wand (1912-2002) et son cher Orchestre de la NDR dans la monumentale et très complexe Cinquième Symphonie. Wand connaît bien cette œuvre, qu’il a abordée sur le tard (à plus de 60 ans) tant il la révérait. L’ayant plusieurs fois enregistrée au disque notamment à la tête de l’Orchestre de la WDR de Cologne (voir ici) et des Berliner Philharmoniker dans le cadre d’un concert tardif, voici donc un nouveau témoignage vidéo de Wand la dirigeant, en l’espèce à l’occasion du Festival du Schleswig-Holstein de 1998: le vénérable chef avait alors 86 ans! Gagnant son podium d’une démarche frêle – il s’appuie d’ailleurs sur le bras d’un employé du festival – mais volontaire, Wand s’impose immédiatement tant à l’orchestre qu’au spectateur. Dès le début du premier mouvement (Introduction. Adagio - Allegro), on est saisi par ce regard perçant (à 1’50), ombrageux plus qu’autoritaire, digne de quelque rapace... A ce titre, on ne peut que saluer le parti pris de certaines prises de vue qui, cadrant au plus près le visage de Günter Wand, nous permettent de ne rien rater de sa physionomie si attachante. Le chef allemand ne se départira d’ailleurs guère de cette physionomie sérieuse tout au long du concert, néanmoins parfois éclairée par un sourire (dans le même mouvement à 12’07) ou, tout simplement, comme abandonnée dans une douce rêverie, ses yeux dirigeant presqu’autant que sa gestique, toujours très claire et précise. Ainsi, on admirera la conduite de certaines phrases du premier mouvement (à partir de 7’20), ou dans le finale (à partir de 1’15’00), ne relâchant jamais l’attention et sachant à l’évidence parfaitement là où il souhaite aller alors qu’il est si facile de se perdre dans cette symphonie.


Ici encore, l’assez grande variété des plans permet au téléspectateur de profiter d’une direction tout en finesse, la main gauche appelant les interventions de l’orchestre en maintes occasions, sollicitations auxquelles il répond instantanément comme dans ce Scherzo mené tambour battant. Les musiciens du NDR-Sinfonieorchester, au sein desquels on reconnaît deux membres du Philharmonique de Berlin (le clarinettiste solo Wenzel Fuchs et le timbalier Rainer Seegers), se hissent ainsi sans problème au niveau exigé par Wand même si les pupitres de cordes n’ont pas la cohésion des Münchner Philharmoniker ou des musiciens de l’Orchestre du Festival de Lucerne. Il n’en demeure pas moins que voilà un témoignage de tout premier plan qui s’ajoute à ceux, disponibles sur Youtube, où Günter Wand dirige notamment les Quatrième, Huitième et Neuvième.


Avec la Septième, on poursuit le cycle des symphonies de la maturité de Bruckner que Daniel Barenboim a gravées pour la vidéo à la tête de son orchestre de la Staatskapelle de Berlin. Ainsi, on a pu apprécier d’excellentes Quatrième, Cinquième et Sixième, en attendant les Huitième et Neuvième qui ont d’ailleurs déjà été télédiffusées. Le concert qu’il nous est ici donné de voir et d’écouter présente les mêmes qualités que les précédents volumes, à commencer par une image parfaite, une variété de plans fort intéressante nous permettant de voir tant les clins d’œil ou sourires de Barenboim (à l’attention du hautbois solo dans le premier mouvement à 13’12 ou des Wagner-Tuben dans le deuxième à 31’17) que, par exemple, la hargne avec laquelle le timbalier solo Torsten Schönfeld intervient (à 39’30). Les caméras nous font également bénéficier d’une succession de plans extrêmement dynamique: à cet égard, la manière de filmer la fin du premier mouvement (Allegro moderato) est exemplaire (à partir de 20’20). Musicalement, le résultat est plus que convaincant, Barenboim n’en faisant pas trop en dépit d’une gestique qui s’avère en plus d’une occasion quelque peu emphatique ou, à notre sens, inutilement spectaculaire; tout au plus regrettera-t-on quelques lourdeurs dans le premier mouvement (vers 6’40) et un Scherzo qui ne claque peut-être pas assez, pris avec trop de retenue et une dynamique des nuances surprenante par endroits. Les cuivres, à commencer par l’excellent pupitre de cors emmené par Hans-Jürgen Krumstroh, sont brillants et puissants, les cordes faisant pour leur part preuve d’une cohésion sans faille: ici encore, un grand cru de cette série brucknérienne captée à la Philharmonie de Berlin.


Enfin, autre grand brucknérien, autre grand maître de la direction d’orchestre dont on fête cette année le centenaire de la naissance, Carlo Maria Giulini (1914-2005). On connaît bien évidemment ses gravures brucknériennes au disque: les enregistrements superlatifs des trois dernières symphonies avec les Wiener Philharmoniker (Deutsche Grammophon) mais aussi, de nouveau, les Septième et Huitième avec les Berliner (Testament), sans oublier, entre autres, à notre sens la plus belle gravure disponible de la Deuxième (Testament), à la tête des Wiener Symphoniker. Le DVD qui est proposé ici nous présente Giulini à la fois en répétition et en concert dans la Neuvième à la tête du Radio-Sinfonieorchester de Stuttgart, le temps imparti à chaque séquence (répétition et concert) étant à peut près équivalent. S’exprimant en allemand, n’ayant avec lui que la partition de poche, le chef italien adopte avant tout la figure du pédagogue, expliquant aux musiciens comment il va battre la mesure, le moment où il donnera tel ou tel départ, quelles nuances doivent être adoptées en dépit, le cas échéant, des indications portées sur la partition... Ainsi, il veille, notamment dans le premier mouvement, à ce que les musiciens fassent bien la différence entre piano et pianissimo, entre forte et fortissimo. Dans le Scherzo, il différencie très clairement les notes qui doivent être accentuées et celles qui doivent être piquées, avant de se lancer dans plusieurs explications, pour l’Adagio, à l’attention des cuivres, du hautbois solo et des cordes, précédant un «Maintenant, faisons de la musique» esquissé dans un léger sourire. L’assez grande variété des plans visuels nous montre un Giulini à la gestique toujours mesurée: le chef ne cesse par ailleurs de chanter avec l’orchestre, les musiciens étant visiblement ravis de travailler avec lui. On regrettera néanmoins un sous-titrage plus qu’approximatif – Giulini s’adressant aux altos et le sous-titre parlant des violes, le chef rappelant aux musiciens qu’ils doivent jouer avec le cœur et non avec la cour comme c’est écrit – qui confine parfois à l’amateurisme.


La seconde partie du DVD est consacrée au concert issu de ces répétitions. Giulini bénéficie d’une caméra qui cadre son visage, toujours très expressif, en gros plan (à 1’01’17, par exemple, ou à 1’43’00); par ailleurs, la réalisation, assez dynamique tout en offrant des plans classiques (vues en détail de certains pupitres ou solistes, de l’orchestre dans son ensemble, du chef seul ou avec les musiciens), nous fait profiter de chaque pupitre dans des cadrages parfois inhabituels, comme ce plan original sur les seuls pavillons des tubas à 1’38’40. Le résultat musical est excellent, d’une grande unité, très intériorisé, sans effusion excessive même si les cuivres de Stuttgart sont parfois un peu trop secs (les trompettes dans le Scherzo): on ne se privera pas pour autant de ce très beau témoignage sur un des chefs les plus emblématiques du XXe siècle. Signalons enfin que ces répétitions donnèrent lieu à deux concerts dont l’un, enregistré très exactement le 20 septembre 1996, est disponible au disque (Hänssler Classic).


Le site de l’Orchestre symphonique de la NDR
Le site de l’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin
Le site de l’Orchestre de la SWR de Stuttgart


Sébastien Gauthier

 

 

 

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