About us / Contact

The Classical Music Network

DVD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

05/04/2012
Giancarlo Menotti : Goya
Plácido Domingo (Goya), Michelle Breedt (Le Duchesse d’Albe), Iride Martinez (Maria Luisa, Reine d’Espagne), Christian Gerhaher (Martin Zapater), Radio-Symphonieorchester Wien, Emmanuel Villaume (direction), Kasper Bech Holten (mise en scène)
Enregistré au Theater an der Wien (2004) – 101’
Arthaus 101576 (distribué par Intégral)




Notre perception des ouvrages lyriques de Menotti doit faire abstraction de tellement de malentendus et d’idées reçues que l’on éprouve quelque appréhension à rajouter encore sa propre contribution à cette montagne de considérations tantôt indulgentes, tantôt méprisantes, tantôt oiseuses. Le mieux est sans doute de juger chaque opéra de Menotti pour ce qu’il éveille en nous : résonances, plaisir, matière à réflexion aussi. Car ici les livrets sont en général très bons, voire excellents (Le Consul, Le Téléphone, Le Medium...), et la musique sait se faire tout à la fois discrète et indispensable. Maintenant, qu’il n’y ait rien eu dans la carrière lyrique de Menotti qui soit susceptible d’effaroucher par des audaces sonores renversantes, on veut bien l’admettre. Que cette musique soit parfois d’une vulgarité remarquablement efficace, avec ce sens très direct du tutoiement du public que l’on pratique avec tant de bonheur à Broadway, on veut bien l’admettre aussi. Et ensuite ? Qu’importe finalement ce terreau un peu lourd et commercial (car Menotti a su toujours très bien se vendre, l’emploi d’artiste incompris nourrissant rarement son homme), si à l’arrivée les opéras produits sont bons ? Et de combien de créations lyriques des cinquante dernières années peut on affirmer quelques sont vraiment, non pas géniales (il y a en a eu effectivement quelques-unes, si peu en fait !) mais simplement bonnes, c’est à dire susceptibles d’être reprises régulièrement pour le plaisir d’un large public?


Même si Menotti y paraît en assez petite forme (beaucoup de sirop américain, un peu de jolie Espagne bien troussée autour, et aussi quelques signatures mélodiques parfois heureuses), Goya, créé en 1986 (la date est sans importance, l’ouvrage aurait pu être composé de la même manière quarante ans plus tôt), fait sans doute partie de ces bonnes partitions lyriques de répertoire que l’on peut éprouver un certain plaisir à voir, parce que le livret fonctionne, que les situations sont clairement organisées, que quelques airs donnent lieu à de bonnes compositions dramatiques pour peu qu’on les distribue à des chanteurs de qualité. C’est tout, mais finalement c’est toujours bon à prendre. Et ceux qui froncent le nez devant les prétendues vulgarités de Menotti n’ont qu’à passer leur chemin. Ici ce bon spectacle filmé en 2004 à Vienne, en présence du compositeur, aligne beaucoup d’atouts pour séduire, avec évidemment une vedette incontournable dans un rôle titre écrit quasiment « sur mesure », mais aussi une excellente Michelle Breedt qui lui donne la réplique dans un emploi intéressant d’aristocrate passionnée, et puis une production plutôt jolie qui manie le costume d’époque conventionnel avec un savoir-faire certain.


On oubliera peut-être assez vite ce Goya sur une étagère, d’autant plus que, quand même, il y a du Menotti bien plus intéressant à écouter prioritairement, mais au moins on aura passé ici une soirée agréable. Qui oserait en dire autant à propos de quelques-unes des nos dernières créations, signées (allons, au hasard, Mantovani ou Fénelon...), sans que son nez risque de s’allonger ?


Laurent Barthel

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com