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07/05/2010
Vincenzo Bellini : La Sonnambula
Natalie Dessay (Amina), Juan Diego Flórez (Elvino), Michele Pertusi (le Comte), Jennifer Black (Lisa), Jane Bunnell (Teresa), Jeremy Galyin (Alessio), Bernard Fitch (le Notaire), Chœur et Orchestre du Metropolitan Opera de New York, Evelino Pidò (direction), Mary Zimmerman (mise en scène), Barbara Willis Sweete (réalisation)
Enregistré à New York en 2009 – 138’
Decca 074 3357 (distribué par Universal) – Format : 16/9 – Region code : 0 (worldwide)





Une pharyngite avait empêché Natalie Dessay de donner, à Bastille, toute sa mesure : ce DVD new-yorkais vient à point. Depuis dix ans, elle s’est approprié ce rôle dont elle déplore la première le peu de consistance dramatique : à Lausanne, en 1999, elle éblouissait par d’insolentes facilités, allant, à la fin, jusqu’à un contre-fa venu des sphères ; au Met, elle émeut par la profondeur de sa composition. Vocalement, ce n’est pourtant pas absolument parfait : pour un médium plus corsé, plus en phase avec la vraie tessiture d’Amina, que les rossignols devraient s’interdire, on entend des aigus moins aisés, surtout au-delà du contre-ut - certaines notes ajoutées pour sacrifier à l’usage et chatouiller le public sont arrachées et chantées trop bas ; le timbre a perdu de sa rondeur charmeuse, est devenu plus mat ; quant à l’assimilation du bel canto, elle nous a toujours laissé un peu sceptique. Il n’empêche : la voix reste homogène, la maîtrise de la dynamique parfaite, avec de superbes nuances, le legato soyeux, la colorature agile ; le personnage, de plus, acquiert une épaisseur parfois presque tragique, moins héroïne romantique que femme atteinte au plus profond d’elle-même, tantôt coquette capricieuse, tantôt au bord de l’aliénation. Juan Diego Flórez, lui, ne connaît pas la moindre difficulté, attaquant ses aigus – même le contre- - avec une incroyable aisance : qui pourrait, aujourd’hui, faire valoir un timbre aussi séduisant, des piani aussi enjôleurs, une ligne aussi élégante, un « Ah ! perchè non posso odiarti » aussi anthologique ? Et si la violence de certains passages, comme dans le finale du premier acte, le conduisent aux limites de sa puissance et de sa capacité de tension, ce qui ne lui arrive jamais chez Rossini, cela montre bien, finalement, à quel point le jeune homme se trouve près de la rupture.

Authentique rossinien de son côté, le Comte de Michele Pertusi en impose par sa noblesse et sa tenue, plus que la Lisa de Jennifer Black, pas toujours très stable, qui savonne ses vocalises au premier acte. Evelino Pidò respire avec la musique, s’engage davantage qu’à Bastille, où il se contentait surtout d’accompagner les chanteurs : ici, les couleurs ressortent, le drame avance, le finale du premier acte trouve sa vérité tragique. Vérité que Mary Zimmerman escamote sous les apparences du concept : tout se déroule dans une salle de répétition, les personnages devenant aussi les artistes qui les incarnent. Une mise en abyme qui, telle qu’elle est conduite, opacifie l’histoire plus qu’elle ne l’éclaire. Quelques gadgets ne sauvent pas l’entreprise : diva branchée, très affairée avec son portable, puis cherchant son aimé parmi les spectateurs, mise à sac des lieux quand on la croit infidèle, chœur entre rock et valse… La fin, où l’on revient au pittoresque helvétique, prête même à sourire. Voilà un bon exemple de certaines productions du moment, prétendument modernes, où une actualisation de façade cache mal une direction d’acteurs superficielle - Natalie Dessay, par ses talents de comédienne, fait heureusement avaler la pilule. Hier temple d’un conservatisme dont Peter Gelb secoue aujourd’hui la poussière, le Met cherche sa voie. Mais ça bouge : tant mieux.


Didier van Moere

 

 

 

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