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03/19/2010
Giacomo Puccini : Turandot (Final complété par Luciano Berio)
Gabriele Schnaut (Turandot), Robert Tear (Altoum), Paata Burchuladze (Timur), Johan Botha (Calaf), Christina Gallardo-Domas (Liù), Boaz Daniel (Ping), Vincente Ombuena (Pang), Steve Davislim (Pong), Orchestre Philharmonique de Vienne, Valery Gergiev (direction), David Pountney (mise en scène), Johan Engels (décors), Marie-Jeanne Lecca (costumes), Jean Kalman (lumières)
Enregistré en public au Festival de Salzbourg (août 2002)
Arthaus 107094 (distribué par Intégral)





Déjà publiée par TDK en 2003, cette Turandot salzbourgeoise, l’un des fleurons de l’ère directoriale de Peter Ruzicka, réapparaît chez Arthaus, nantie cette fois d'un label «Festspieldokumente» qui lui assurera, on l’espère, une certaine pérennité au catalogue.


Magnifiquement filmée par Brian Large, la mise en scène de David Pountney déploie des trésors d’imagination (l’imagerie chinoise conventionnelle détournée, dans une optique mécaniciste froide à la fois impressionnante et esthétisante) mais aussi de sensibilité. Le décorateur Johann Engels exploite toute la largeur de la scène du Grosses Festspielhaus, tout en récupérant par ailleurs l'idée naguère proposée par Jean-Pierre Ponnelle : une énorme statue centrale, à la fois visualisation symbolique de l’héroïne et dispositif habité par celle-ci d’une façon très spectaculaire. En définitive, et aussi parce que le montage est particulièrement habile, on ne décèle dans cette production aucun moment faible, hormis certains automatismes gestuels des chanteurs qui n’ont pas pu être éliminés, mais qui gênent peu.


Certes la Turandot de Gabriele Schnaut peut difficilement revendiquer la « divina bellezza » que lui prête le livret, et l’obésité de Johan Botha constitue un handicap non négligeable. Cela dit, on finit par oublier ces particularités et par se laisser vraiment prendre par cette histoire d’amour pour le moins particulière, dont David Pountney révèle bien les ambiguïtés affleurant sous l’apparente simplicité du conte. Quant au plaisir dispensé par une distribution vocale exceptionnelle, pour une fois digne de la réputation du lieu, il est quasiment constant, même si on pourra toujours discuter ponctuellement certaines particularités. On déplorera simplement quelques idées peu pertinentes chez Valery Gergiev, tellement soucieux de souligner tel ou tel détail qu’il en oublie de soutenir ses chanteurs (Johan Botha, ténor par ailleurs remarquablement lumineux, manque de s’étouffer dans un Nessun dorma, que Gergiev lui cisèle certes magnifiquement, mais beaucoup trop lent et statique).


Dernier atout : le nouveau Final composé par Luciano Berio en 2001, expressément pour cette production. Un travail bien différent, on s’en doute, de la reconstitution effectuée en son temps par Franco Alfano, mais où l’on retrouve sensiblement le même matériau puccinien résiduel, incorporé dans une sorte de « liant » post-moderne d’une fascinante beauté (le savoir-faire orchestral et vocal de Berio à son meilleur…). Que cette alternative à la routine de l’ouvrage ne se soit pas davantage imposée depuis lors est relativement compréhensible, ne serait-ce que pour des raisons de facilité. Mais cette version Berio n’en demeure pas moins à connaître absolument, ne serait-ce que par l’éclairage nouveau qu’elle impose rétrospectivement à l’ensemble de l’ouvrage de Puccini, perspective plus ouverte et finalement plus féconde que la conclusion tonitruante proposée par Alfano.


Voilà donc une bien passionnante réédition. Pas forcément la version de référence de Turandot qui continue à nous manquer en DVD, mais un document exceptionnel, chaleureusement recommandé.


Laurent Barthel

 

 

 

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