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01/07/2010
Giuseppe Verdi : Nabucco
Leo Nucci (Nabucco), Miroslav Dvorský (Ismaele), Giacomo Prestia (Zaccaria), Maria Guleghina (Abigaille), Marina Domashenko (Fenena), Coran Simic (Il Gan Sacerdote di Belo), Walter Rauritsch (Abdallo), Renate Pitscheider (Anna), Chœurs et Orchestre de l’Opéra d’Etat de Vienne, Fabio Luisi (direction), Günter Krämer (mise en scène), Anton Reizenstein (réalisation)
Enregistré à Vienne (2001) – 126’
Arthaus Musik 107 099 (distribué par Intégral) – Format : 16/9 – Region code : 0 (worldwide)





Nabucco, qu’on le veuille ou non, est un péplum en musique. Günter Krämer, on le sait par une Juive – le DVD existe chez DG – qui fustigeait les complaisances de l’Autriche pour Jörg Haider, préfère ancrer les opéras dans notre monde. Il évite pourtant de souligner à l’excès la dimension politique du premier chef-d’œuvre de Verdi, même si l’on sent bien la menace et la persécution, surtout lorsque le chœur montre, au troisième acte, les photos des disparus ou des déportés, même si, au deuxième, des caractères hébraïques sont projetés sur le fond de la scène – sans parler du landau abandonné. Le décor de Manfred Voss et Petra Buchholz est implacablement nu, avec seulement quelques objets, notamment la couronne et l’épée du roi. Un roi, un dictateur, un chef de famille ou de clan, un puissant magnat ? Nabucco devient ici, plus qu’un drame historique, une sombre affaire de famille – le metteur en scène aura de quoi faire avec son Ring parisien, dont on verra cette saison les deux premiers volets. Le spectacle relève moins du détournement que de la modernisation ; il fonctionne fort bien, grâce à une direction d’acteurs affûtée, qui invite les chanteurs à donner le meilleur d’eux-mêmes.


Leo Nucci en impose ainsi en Nabucco, mégalomane roulant des yeux de fou, furieux ou pitoyable – un peu outré parfois. A presque soixante ans, il ne trahit guère qu’un assèchement aggravé d’un timbre qui n’a jamais eu velours ou éclat, surtout au début, la voix restant très sûre, notamment dans l’aigu – un la bémol à l’octave couronne « O prodi miei ». On apprécie surtout une certaine tenue de la ligne, une certaine pertinence stylistique de la part d’un baryton qu’on n’a jamais classé parmi les parangons de beau chant – il est vrai qu’il vaut mieux l’entendre dans des rôles de composition et son Nabucco rappelle son Macbeth. De toute façon, le problème, ici, s’appelle Abigaille, dont Verdi violente la tessiture comme il le fera bientôt avec lady Macbeth, ne serait-ce que dans son unique air, précédé d’un récitatif meurtrier – saut descendant de deux octaves à partir du contre-ut ! -, et s’achevant par une cabalette redoutable, où l’agilité n’exprime qu’une violence hystérique. Comme beaucoup, Maria Guleghina, si elle fait valoir un tempérament dramatique évident, n’assume qu’une partie du rôle : à côté de beaux passages cantabile, où le souffle se maîtrise et la ligne se galbe, certains moments pâtissent d’aigus faux, de vocalises expédiées, de phrasés sommaires. Ainsi, elle rate sa cabalette mais réussit son agonie. Giacomo Prestia, sans avoir la superbe vocale d’un Samuel Ramey, fait valoir un beau grave dans un Zacharia noble et profond, plus intériorisé que de coutume. Plus que Miroslav Dvorský, qui a tendance à prendre les tics des ténors italiens, Marina Domaschenko retient l’attention, opulent mezzo dont la prière, bien qu’elle ressemble un peu trop à un air d’opéra, donne envie de l’entendre ailleurs. Fabio Luisi dirige un superbe chœur de l’Opéra de Vienne et une Philharmonie à laquelle il impose une lecture à la fois claire et passionnée, dans l’esprit de ce Risorgimento qui embrasait le jeune Verdi, aux tempos rapides et aux couleurs vives, moins grand opéra, moins chargée de pathos que celle de Levine – avec déjà Guleghina – au Met la même année.


Didier van Moere

 

 

 

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