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07/31/2008
Andreas Scholl, countertenor
Portrait réalisé par Uli Aumüller et Hanne Kaisik. Musiques de Dowland, Buxtehude, Haendel, R. Martin, R. Johnson…


Enregistré en 2002 – 87’
Arthaus 101 445 (distribué par Intégral)





L’intérêt d’une publication en DVD de portraits d’artistes conçus pour une diffusion télévisée nous échappe souvent, tant ces montages hâtifs d’interviews et d’extraits de concerts peuvent s’avérer frustrants, trouvant rarement le bon équilibre entre un discours trop élitaire et l’indispensable côté people qui implique son lot d’images banales où l’on voit la star déambuler dans la rue en jeans, saluer sa vieille concierge, voire cuisiner at home sa recette de pasta favorite…
Insensiblement, pourtant, la présence de ces produits dérivés prend de l’importance sur les rayonnages des points de vente, même si l’on peut légitimement se demander qui va les trouver suffisamment passionnants pour les acheter, à moins d’un attachement indéfectible et inconditionnel pour l’interprète ainsi « documenté ».


On n’en est que plus à l’aise pour signaler l’intérêt de ce portrait du falsettiste Andreas Scholl, interprète bien connu au disque mais plus rare en concert (quarante à soixante soirées en public par an, plus une à deux productions d’opéra, ce n’est en définitive pas énorme…). On apprend ici beaucoup de choses en relativement peu de temps sur un interprète dont même l’indispensable contingent d’images privées, enregistrées dans un petit loft bâlois mal rangé, n’agace pas trop. Le séchoir à linge rebelle qui s’effondre, le vélo d’appartement qui sert de portemanteau, l’ordinateur qui plante et l’appel téléphonique utilitaire sans intérêt qui interrompt l’interview… voilà pour le parfum d’authenticité. Ce n’est pas trop, et c’est bien assez pour cadrer une personnalité solitaire, qui semble sacrifier beaucoup de sa vie relationnelle privée à une carrière vouée pour l’essentiel à l’approfondissement interprétatif d’un répertoire relativement réduit. Un art de miniaturiste (les très beaux Lute songs anglais dont plusieurs exemples sont filmés intégralement ici), et plus récemment un engouement pour l’opéra haendelien que l’on comprend bien, exutoire salutaire à trop de moments d’enfermement méditatif.


Pour des raison pratiques de facilité de tournage c’est essentiellement l’aspect de chanteur de concert qui est mis en valeur, dans des lieux superbes (l’une des salles de concert du Château de Schwetzingen, plusieurs églises luthériennes au charme austère…). Cadrages classiques, caméra qui ne virevolte pas tout le temps, gros plans inquisiteurs mais jamais grotesques : la réalisation est relativement sage et on est loin de s’en plaindre. On apprécie aussi que tous les extraits musicaux soient restitués intégralement, dans de belles ambiances de recueillement qui servent ces musiques pas toutes religieuses mais toutes d’une spiritualité palpable, peut être aussi en raison de la personnalité d’un artiste très particulier.


En passant, ce portrait s’attarde aussi sur l’étrange propension d’Andreas Scholl à se disperser dans un répertoire « pop » sagement décoratif (sa discographie comporte déjà quelques exemples de ces « cross-over » pas vraiment fascinants). Ici l’interprète vous démontre avec candeur qu’une pièce d’Oswald von Wolkenstein (pour mémoire : un compositeur du 14e siècle) peut se transformer en belle chanson pour crooner alto soft, et le pire c’est qu’il a probablement raison ! On oublie juste de nous signaler que c’est en fait par là que la carrière d’Andreas Scholl a commencé : en marge d’un profil sage de petit chanteur dans une chorale paroissiale de haut niveau, une adolescence toute entière vouée aux rythmes rock et à la bidouille musicale sur ordinateur, avec même pour point culminant quelques tentatives d’enregistrement de variétés fadasses pour la firme allemande Polydor… Heureusement qu’entre temps les goûts musicaux d’Andreas Scholl ont considérablement mûri !


Quoiqu’il en soit : un portrait bien équilibré, riche en musiques que l’on prendra plaisir à réécouter et même à revoir. Belle série de bonus (extraits de concert et interwiews) qui prolonge le plaisir de la découverte. Un DVD documentaire à bien des égards réussi, voire exemplaire.


Laurent Barthel

 

 

 

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