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05/21/2008
Gaetano Donizetti : La Fille du régiment
Natalie Dessay (Marie), Juan Diego Flórez (Tonio), Felicity Palmer (la Marquise de Berkenfeld), Alessandro Corbelli (Sulpice), Donald Maxwell (Hortensius), Dawn French (la Duchesse de Crakentorp), Chœur et Orchestre de Covent garden, Bruno Campanella (direction), Laurent Pelly (mise en scène)
Enregistré à Londres (11 janvier 2007) – 132’
Virgin Classics 50999 519002 9 8. Format 16:9. Region code : 0 (worldwide) (distribué par EMI)





Projetée sur beaucoup d’écrans du monde entier le 26 avril, en direct du Met de New York (lire ici), cette production de La Fille du Régiment, encensée par la critique dès sa présentation à Covent Garden (lire ici), finira-t-elle par devenir un « tube » ? C’est probable, tant Laurent Pelly s’y montre efficace, très précis dans sa direction d’acteurs. Répétitif aussi : il nous ressort les poilus de sa Grande Duchesse de Gerolstein (lire ici), avec, en prime, des cartes d’état-major pour le décor. Et l’on doit, une fois de plus, tolérer les tripotages de madame Mélinand, qui a l’art de vous toiletter les livrets, sous prétexte de les mettre au goût du jour. Il n’est pas sûr que l’ouvrage de Donizetti gagne à être ainsi traité sur le mode troupier ou boulevardier, même si le public y trouve visiblement son compte et si, reconnaissons-le, le début du second acte, puis l’apparition de la duchesse de Crackentorp sont plutôt bien troussés. Bref, le metteur en scène traite Donizetti comme il traite Offenbach – qu’il n’a d’ailleurs vraiment très bien traité que dans Orphée aux enfers (lire ici, ici et ici) et dans La Belle Hélène (lire ici, ici et ici) - ce qui ne rend guère service à un opéra-comique de 1840.


Mais le problème de cette Fille du régiment réside surtout dans la relation entre le metteur en scène et la protagoniste. Natalie Dessay, on le sait, a de plus en plus tendance à surjouer, comme on dit, à mettre sa voix et son jeu sous perpétuelle pression. Le rôle de Marie ne justifie pas une telle tension – pas plus qu’il ne justifie sa mue en Poil de carotte. Au lieu de tempérer la chanteuse, Laurent Pelly la pousse à la surenchère : la vivandière en devient névrosée, hystérique – la scène du repassage est à peine supportable. La leçon de chant, au début du second acte, au lieu d’être de l’opéra au second degré – elle se souvient de celle du Barbier de Séville de Rossini –, se situe entre la scène de folie et la scène de torture, faisant presque de Marie une aliénée, entre Lucia et Ophélie. La chanteuse aurait dû, au contraire, être ménagée, tant pour le personnage que pour sa voix. Celle-ci, en effet, a perdu de ses couleurs en se centralisant, avec un suraigu qui semble parfois laborieux – les contre-mi bémol de « Salut à la France » étaient-ils nécessaires ? C’est lorsque le metteur en scène s’efface, que Natalie Dessay redevient chanteuse avant d’être comédienne, que l’on retrouve Marie et Donizetti : le « Il faut partir » confirme la beauté de la ligne, l’intelligence des mots, comme plus tard « Par le rang et par l’opulence ».


Moins naturellement comédien, Juan Diego Flórez, en revanche, ne réserve que des joies raffinées. Pas seulement pour les insolents contre-ut de « Pour mon âme ! Quel destin ! ». Pour le timbre lumineux, l’homogénéité de la tessiture, l’élégance du phrasé : la romance du second acte constitue un moment de grâce assez rare pour les amateurs éclairés de beau chant. Et le duo du premier acte, où il contamine heureusement sa partenaire, est un des meilleurs moments de la production. Merci à Felicity Palmer, impayable en marquise de Berkenfeld, et à Alessandro Corbelli, Sulpice truculent et tutélaire, de ne pas en faire trop. Merci à tous, enfin, de respecter la prosodie de la langue française. Familier de l’œuvre, qu’il a notamment dirigée à l’Opéra-Comique en 1986 avec June Anderson et Alfredo Kraus (production enregistrée par EMI), Bruno Campanella fait tout ce qu’il faut et le fait bien, ne pouvant aller au-delà dans une partition où Donizetti n’a pas mis, reconnaissons-le, tout l’éclat de son génie.


Didier van Moere

 

 

 

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