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12/04/2007
Karl Amadeus Hartmann : Simplicius Simplicissimus

Claudia Mahnke (Simplicius Simplicissimus), Frank von Aken (l’Ermite), Heinz Göhrig (le Gouverneur), Michael Ebbecke (le Lansquenet), Mark Munkittrick (le Capitaine), Helmut Berger-Tuna (le Paysan), Márcia Haydée (la Dame), Orchestre et chœur de l’Opéra de Stuttgart, Kwamé Ryan (direction), Christof Nel (mise en scène)
Enregistré en 2004 à Stuttgart – 1h25’

Arthaus 101 255. Format : 16:9. Region code : 0 (worldwide) (distribué par Intégral)


Sans la moindre complaisance pour le régime et l’idéologie nazies, Karl Amadeus Hartmann, surtout connu pour l’admirable ensemble de ses huit Symphonies et son Concerto funèbre, choisit « l’émigration intérieure », totalement boycotté par les autorités, s’enfermant au bord du lac Starnberg, pas arrêté néanmoins comme il le craignait à chaque instant. C’est dire à quel point son opéra de chambre en trois parties Simplicius Simplicissimus, composé en 1934-1935 d’après le roman de Grimmelshausen (1668), créé en 1949 seulement, constitue un acte, sinon de résistance, du moins de dénonciation, de l’injustice, de la violence, de la guerre – un des co-librettistes de Hartmann est son maître, un certain Hermann Scherchen. Le héros – ou plutôt l’anti-héros – est un enfant pris dans les horreurs de la guerre de Trente Ans, dont la famille a été massacrée et qui porte bien son nom. Un ermite le recueille dans une forêt, l’initie avant de se donner la mort. Il devient ensuite bouffon d’un gouverneur grotesque, renvoyant les puissants à leur indignité. La fin fait figure d’hymne aux lendemains qui chantent l’égalité. On voit bien à quel point s’impose le rapprochement avec l’actualité de l’époque, autorisé par Hartmann lui-même : « Désemparé, l’individu était livré à la dévastation d’une époque retournant à l’état sauvage, dans laquelle notre peuple avait une fois déjà été près de perdre le noyau de son âme. »


L’œuvre, plutôt brève, ne s’apparente pas à l’opéra traditionnel, il y des passages parlés, du mélodrame, on n’est pas très loin parfois de Weill, de Stravinski - on repère des citations du Sacre du printemps ou de L’Oiseau de feu – ou d’un certain Schoenberg, sans parler de références à Bach. Le pathétique côtoie le grinçant. L’écriture est tendue, implacable, mais parfois lyrique, jamais sèche en tout cas : la mort de l’Ermite, la fin sont émouvantes. La production de l’Opéra de Stuttgart est remarquable, de la direction acérée et précise de Kwamé Ryan au Simplicius parfait de Claudia Mahnke, voix lumineuse, dont la tessiture n’a rien à craindre des aigus de la troisième partie – un emploi long et difficile, ce qui est souvent le cas des rôles éponymes des opéras courts. Une belle distribution homogène l’entoure, en particulier l’Ermite poignant de Frank van Aken et le Gouverneur ridicule de Heinz Göhrig. On regrette seulement que la mise en scène, certes impeccable, soit un peu statique et conventionnelle dans sa modernité façon Regietheater : un sujet tel que celui de Simplicius méritait plus une réalisation plus inventive.


« Celui qui résiste jusqu’à la fin sera un bienheureux. »




Didier van Moere

 

 

 

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