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10/27/2007
Francis Poulenc: Dialogues des Carmélites
Christopher Robertson (Le Marquis de la Force), Dagmar Schellenberger (Blanche de la Force ), Anja Silja (Madame de Croissy), Barbara Dever (Mère Marie de l'Incarnation), Gordon Gietz (Le Chevalier de la Force), Laura Aikin (Sœur Constance), Gwynne Geyer (Madame Lidoine), Annamaria Popescu (Mère Jeanne), Sara Allegretta (Sœur Mathilde), Mario Bolognesi (L'aumônier), Giuseppe Altomare (Un officier) , Gregory Bonfatti (Premier commissaire), Ernesto Panariello (Second commissaire), Philippe Fourcade (Le geôlier), Danilo Serraiocco (Thierry), Francesco Musinu (Monsieur Javelinot), Sae Kyung Kim (Une voix de femme), Chœur et Orchestre du Théâtre de la Scala de Milan, Riccardo Muti (direction)
Robert Carsen (mise en scène), Michael Levine (décors), Falk Bauer (costumes), Jan Kalman (éclairages), Carlo Battostoni (réalisation)
Enregistré en public par la RAI au Teatro degli Arcimboldi, Milan (mai 2004) –149'
TDK DVWW-OPDDC (distribué par Intégral)


Avant d’évoquer les mérites de cette publication, je voudrais exhorter les lecteurs de ConcertoNet qui ne connaîtraient pas les Dialogues des Carmélites et qui pourraient être refroidis à l’idée d’écouter un opéra moderne dont qui plus est, le propos est volontairement austère, de découvrir ce qui est un des chefs-d’œuvre les plus originaux et les plus forts du patrimoine français. La musique de Poulenc montre les influences des maîtres modernes, éléments moteurs à la Stravinsky, clarté harmonique debussyste, mais derrière ces inspirations, Poulenc peut se prévaloir d’une originalité de ton, d’une beauté de la ligne mélodique chantée et surtout d’une finesse psychologique qui en font l’héritier d’un Mozart (Poulenc dans sa correspondance avait comparé ses Dialogues à du Monteverdi du XXe siècle). Le texte de Bernanos est exigeant, le sujet traité est celui de la renonciation et du courage. La foi de Blanche de la Force, le personnage principal mais pas la seule protagoniste, est ainsi confrontée à sa famille, à la jeunesse et l’insouciance dans la scène puis à l’hostilité de la foule, de son frère, puis des révolutionnaires. Le Salve Regina de la scène finale où meurent l’une après l’autre les religieuses avec tant de courage et de dignité est un moment d’une rare émotion dans toute la littérature d’opéra. ("La vie imite l’art", disaient les surréalistes, et même s’il ne faut pas voir de portée politique à cette œuvre, comment ne pas penser à ce qui se passe en ce moment en Birmanie?)


Les spectateurs de l’Opéra de Paris qui connaissent les mises en scène du Canadien Robert Carsen ont probablement en tête des grandes machines à l’image de ses Contes d’Hoffmann ou de Russalka, sommets de ces dernières années à la Bastille. C’est une surprise de le découvrir ici plus intimiste et plus dépouillé. Le décor est minimal, permettant de se concentrer sur l’action et surtout sur un découpage de la scène obtenu par de très subtils jeux de lumière dont la responsabilité a été confiée à l’excellent Jean Kalman. La direction d’acteur, si importante pour cette œuvre, est réalisée avec beaucoup de soin. La scène finale est quasiment chorégraphiée à la manière de ce que fait un Peter Sellars, dans un style proche du langage des signes. A chaque coup de baïonnette, une religieuse à son tour s’allonge par terre les bras en croix, une idée si simple et si touchante.


La distribution réunie à la Scala est d’un très bon niveau malgré quelques faiblesses. Dagmar Schellenberger est une Blanche plus forte et peut-être plus orgueilleuse que ne le voulaient Poulenc et Bernanos. Elle a la dimension du personnage et il ne faut que regretter que quelques aigus un peu criés au milieu du troisième acte. Ce n’est pas une surprise mais Anja Silja écrase de sa personnalité ses scènes. La Sœur Constance de Laura Aikin est juste et émouvante. Mais il faut plus parler de réussite de groupe que de prestations individuelles, les chanteuses étant surtout très caractérisées les unes par rapport aux autres. Signalons simplement que le français de certains chanteurs laisse dévoiler leurs origines, soit italiennes, soit allemandes. Rien de grave, mais cela peut un peu lasser à la longue.


C’est enfin un plaisir que d’avoir un chef de la stature de Riccardo Muti au pupitre. Les interludes orchestraux sont de toute beauté et le chef lyrique sait accompagner les chanteurs avec tant de soin, nous rappelant l’attachement que Poulenc avait pour les opéras de Verdi de la maturité. Un demi-siècle après la création de ces Dialogues à la Scala, Poulenc est de retour avec classe et panache sur la scène milanaise.


Antoine Leboyer

 

 

 

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