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10/15/2007
Giacomo Puccini : Tosca
Fiorenza Cedolins (Tosca), Marcelo Álvarez (Mario Cavaradossi), Ruggero Raimondi (Il barone Scarpia), Marco Spotti (Cesare Angelotti), Fabio Previati (Il sagrestano), Enrico Facini (Spoletta), Giuliano Pelizon (Sciarrone), Chœur et orchestre de l’Arena di Verona, Daniel Oren (direction), Hugo de Ana (mise en scène, décors et costumes)
Enregistré aux Arènes de Vérone (juillet 2006) – 119'
TDK DVWW-OPTOV Zone 0 (distribué par Intégral)


Même s’il paraît difficile de restreindre le gigantisme des arènes romaines de Vérone aux dimensions dérisoires d’un écran de télévision, avouons que la visualisation de ce DVD n’a étonnamment rien de frustrant. On éprouve d’abord une certaine difficulté à s’orienter, le dispositif filmé souvent de biais paraissant à la fois trop encombré et d’utilisation restreinte en surface par rapport à la largeur exceptionnelle de la scène. Et puis les accessoires se raréfient et on prend mieux conscience de la pertinence d’un décor qui se résume en définitive à la tête de la gigantesque statue qui donne son nom au Château Saint-Ange, dont la présence devient progressivement écrasante. Il y a dans cette production un très beau sens du suspense visuel, créé évidemment avec des moyens lourds (les dimensions hors normes du lieu n’incitent pas au culte du détail) mais que les caméras ont su efficacement traduire.


Cela dit, Tosca est aussi un opéra intimiste, centré pour l’essentiel sur trois personnages seulement. Et là c’est le spectateur du DVD qui se retrouve nettement avantagé, ce d’autant plus que la réalisatrice Loorena Kaufmann a choisi de multiplier les gros plans sur le jeu très fouillé de chanteurs/acteurs qui ne se contentent pas d’une gestique sémaphorique pour les derniers gradins. Au prix de certains détails qui paraissent dès lors disproportionnés, tels l’immense traîne ou l’énorme croix pectorale qu’arbore Tosca voire les gigantesques fleurs brodées sur l’habit de cour de Scarpia, qui nous rappellent que toute la production a été conçue pour être vue d’assez loin, les caméras nous plongent paradoxalement au cœur d’un drame vu et ressenti de très près. Tout le deuxième acte est d’une terrible tension, l’affrontement Tosca/Scarpia restant le plus remarquablement physique et violent que l’on ait pu voir depuis longtemps. L’éclat métallique aveuglant du couteau de Tosca, le sang qui coule abondamment jusqu’à maculer le sauf-conduit salvateur signé par Scarpia, les mouvements brusques et égarés de Tosca autour du cadavre de sa victime, voire les quelques morts-vivants en habits sacerdotaux qui viennent se glisser dans une procession du Te Deum vaguement délirante… du Grand-Guignol, certes, mais indiscutablement pertinent.


Cette surcharge passerait certainement moins bien si l’engagement des chanteurs principaux ne lui conférait pas une indéniable crédibilité. On admire tout particulièrement Fiorenza Cedolins, chanteuse intuitive et imprévisible, parfois agaçante dans d’autres emplois, mais dont l’incarnation de Tosca convainc de bout en bout. L’adéquation physique est parfaite : une vraie prestance, des yeux de braise qui roulent dans tout les sens, un corps qui n’hésite pas à se plier en deux, et par dessus tout un chant incandescent, qui n’hésite devant aucune prise de risque. L’une des vérités possibles du rôle semble vraiment là : une femme d’un caractère fort, diva certes mais populaire voire un peu vulgaire, bigote mais ni prude ni facile à déstabiliser… typiquement le genre de tempérament auquel Scarpia aurait mieux fait de ne pas se frotter. La voix n’est pas toujours contrôlée, Vissi d’arte bouge un peu sur le notes tenues, mais les apartés de Tosca pendant l’exécution de Cavaradossi sont ce qu’on a pu entendre de plus vibrant et engagé à ce moment clé : du très grand mélo. Brava Fiorenza s’écrient les stentors de service depuis les derniers gradins. Ils ont bien raison.


Malgré son statut de vétéran, Ruggero Raimondi est un Scarpia toujours aussi inquiétant, parfois plus encore que par le passé, le metteur en scène l’ayant manifestement incité à une certaine sobriété de la mimique. La voix est un peu grise, surtout au début, et on peut se demander ce que les spectateurs des arènes en ont vraiment perçu, mais qu’importe : c’est sans doute ici que cet interprète remarquable du rôle a été le plus efficacement immortalisé. Quant à Marcelo Alvarez, si sa crédibilité physique n’est pas optimale (tour de taille florissant et constants mouvements d’embrassement des bras), son chant concilie idéalement éclat solaire et subtilité; musicalement c’est grisant. Aucune réserve non plus pour l’orchestre flamboyant de Daniel Oren. Un passionnant DVD d’opéra, proposé de surcroît en ce moment à petit prix sur le site d'Integral distribution. Certainement la très bonne affaire lyrique de cette rentrée.


Laurent Barthel

 

 

 

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