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06/28/2007
Giuseppe Verdi : Stiffelio
Plácido Domingo (Stiffelio), Sharon Sweet (Lina), Vladimir Chernov (Stankar), Peter Riberi (Raffaele), Paul Plishka (Jorg), Charles Anthony (Federico), Margaret Lattimore (Dorotea). Chœur et Orchestre du Metropolitan Opera de New York, James Levine (direction).
Enregistré à New York en novembre 1993 – 116’.
DG 00440 073 4288. Format : 4:3. Region code : 0 (worldwide).


Histoire d’un pasteur trompé, qui, malgré ses pulsions vengeresses, finit par pardonner alors qu’il lit en chaire l’histoire de la femme adultère, Stiffelio reste méconnu. C’est pourtant un Verdi très fort, très concentré, très tendu où, à côté du lot de cabalettes obligées, on entend déjà les plaintes d’Amalia – Lina vient, elle aussi, prier au cimetière où la retrouve son séducteur – et les fureurs d’Otello. Un an avant Rigoletto, Verdi hésite encore, dans ce « dernier opéra de ses années de galère », entre la nostalgie du belcanto et les audaces d’une déclamation restituant l’exacte vérité des passions humaines, choisissant, comme pour Traviata, son sujet dans la réalité contemporaine – on voit même le couple signer son divorce. La censure, elle, apprécia peu que le pasteur fût cocu et que son beau-père trucidât l’amant : Verdi dut remanier et, agacé, déplaça l’action des environs de Salzbourg en Ecosse, transformant Stiffelio en Aroldo, dont le héros est un croisé qui, rentrant chez lui après une longue absence, découvre que sa femme eut la chair faible.
En 1993, Plácido Domingo célèbre ses vingt-cinq ans de carrière au Met en abordant Stiffelio, parfaitement adapté à ses moyens d’alors : pas trop d’aigus, un personnage tourmenté, un rôle de composition. La fréquentation d’Otello, loin de lui nuire, le sert : les accès de violence restent canalisés par l’élégance du phrasé, les moments où Verdi s’affranchit du chant traditionnel sont rehaussés par l’intelligence du texte, comme dans le sermon final. Il reste qu’on sent la prise de rôle : la chanteur n’a pas cette liberté, cette aisance qui le caractérisent dans les emplois auxquels il s’identifie vraiment. Sharon Sweet est moins heureuse en épouse adultère : faute de souplesse et de stabilité dans l’émission, elle peine dès que Verdi renoue avec le belcanto, surtout s’il faut vocaliser, a parfois du mal à souder ses registres, beaucoup plus à l’aise dans les pages plus dramatiques, émouvante en tout cas dans cet emploi de femme torturée que son père contraint au silence – malgré un physique assez inadéquat. Chanté par Vladimir Chernov, ce dernier, « ancien colonel et comte d’Empire », en impose aussitôt par l’autorité d’une voix très assurée, à l’émission un rien tubée parfois, implacable mais jamais désordonné, plutôt stylé dans les cabalettes vengeresses, évitant toujours, à défaut de trouver les secrets les plus cachés du chant verdien, les raideurs de certains de ses compatriotes lorsqu’ils sont confrontés au répertoire italien. Pilier du Met, Paul Plishka, s’il bouge un peu, joue les fanatiques avec une conviction qu’on ne lui connaît pas toujours.
James Levine prend l’œuvre à bras-le-corps, lui imprime un souffle digne des grands Verdi de la maturité, impressionnant de puissance dans les finales – les timbales, dans celui du deuxième acte, sont saisissantes . Il ne rompt pas pour autant le fil qui rattache Stiffelio aux opéras précédents, avec une baguette qui sait rester légère quand il le faut et, surtout, créer des atmosphères : dès l’Ouverture, qui lorgne encore vers Donizetti et la Sémiramis de Rossini, le drame commence. Ce drame est d’ailleurs plus dans la fosse que sur la scène : fidèle à lui-même, Gian Carlo del Monaco signe une mise en scène efficace, pas très inventive sur le plan de la direction d’acteurs, toujours juste de ton néanmoins, avec un sens indéniable des effets, notamment à la fin, quand la femme adultère, abîmée devant la chaire du jugement, se relève, « pardonnée », comme dans la Bible.
C’est, sauf erreur, le seul DVD de Stiffelio disponible sur le marché. Malgré les réserves que suscite la prima donna, il n’en a que plus de prix.



Didier van Moere

 

 

 

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