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11/29/2006
Antonio Vivaldi : Airs extraits de Orlando finto pazzo, Giustino, Ottone in villa, L’Olimpiade

Philippe Jaroussky (contre-ténor), Ensemble Matheus, Jean-Christophe Spinosi (violon et direction)
Enregistré à Brest (3-10 juillet 2006) - 63’15
1CD Virgin Classics 3634142


Spinosi, Jaroussky, Vivaldi…Trois vieux amis pourrait-on dire, tellement leur association est fructueuse et riche d’émotion. Après de nombreux concerts exceptionnels où les deux musiciens ont rendu hommage au "prêtre roux" et quelques enregistrements qui font déjà date dans la discographie vivaldienne, Philippe Jaroussky et Jean-Christophe Spinosi partagent ce récital qui comprend parmi les plus grands airs du compositeur.



La voix de Philippe Jaroussky évolue rapidement et si elle garde encore sa spécificité, à savoir les notes éthérées et cristallines (début de l’air de Giustino “Vedrò con mio diletto” plage 2), le medium s’est corsé et elle est plus ronde, voluptueuse dans les graves. La musicalité du contre-ténor s’est également améliorée, il prend maintenant à bras-le-corps la partition et les textes, marque son engagement, alors qu’au début de sa carrière, il semblait effleurer l’aspect théâtral d’un air en ne se concentrant que sur la production de belles notes. Dans ce récital, il alterne airs vifs et airs lents, deux domaines dans lesquels il fait merveille : il possède l’agilité nécessaire pour se plier au tempo vif de Vivaldi, mais aussi au tempo parfois endiablé de Jean-Christophe Spinosi. L’air qui ouvre le récital en est un exemple incontestable, car “Se in ogni guardo” de Orlando finto pazzo demande une dextérité vocale exceptionnelle et un souffle démesuré, deux qualités que possède le chanteur. “Fra le pocelle” de Tito Manlio (plages 5-6) confirme la grande maîtrise de Philippe Jaroussky dans les vocalises. Il est admirablement soutenu par Jean-Christophe Spinosi qui sait doser l’intensité des cordes, avec des attaques percutantes presque effrayantes. En revanche l’air de Demofonte “Sperai vicino il lido” (plage 8), très difficile, le met parfois mal à l’aise dans les aigus, qui ont une couleur assez étrange, voire laide. La fureur est de retour avec l’air d'Il Tigrane “Fara la mia spada” (plage 11), que Philippe Jaroussky décrit avec justesse en apportant un sentiment de rage à ses vocalises et grâce à un tempo vif et urgent. Jean-Christophe Spinosi, quant à lui, marque les différentes phrases avec des accents de la part des cordes.
Mais s’il ne fallait retenir qu’un air de ce disque, ce serait celui de L’Olimpiade “Mentre dormi amor formenti” (plage 4). L’introduction donne déjà le ton de la page, car le tempo est très lent, les notes se développent tout doucement, la phrase se construit progressivement. La voix de Philippe Jaroussky vient se greffer et accroît cette ambiance de profonde délicatesse. L’air d’Andromeda liberata (plage 7) est de la même veine: Jean-Christophe Spinosi reprend ici son violon pour accompagner le chanteur avec une grâce et une élégance remarquables. Les deux “instruments” se répondent avec finesse. L’air de Giustino (plage 10) est un hymne au sommeil avec toute la douceur et la subtilité que cela implique: cette sorte de berceuse est très expressive et la voix du chanteur se prête bien à cette mélodie car il chante des notes très épurées, très claires. Tieteberga contient un petit bijou musical, “Sento in seno” (plage 12), qui est idéal pour Philippe Jaroussky: il est seulement accompagné des cordes en pizzicati et il peut donc nuancer le volume de sa voix pour décrire la douleur du personnage. Cette simplicité est emprunte d’une grande émotion avec parfois quelques notes plus fortes qui suggèrent l’espoir.
Le disque se termine sur un air plus gai, avec l’histoire de l’abeille qui flâne “Alla rosa ruggiadosa” d'Orlando finto pazzo. Philippe Jaroussky rend sa voix très légère et arrive à approcher au plus près de l’image d’un insecte qui va butiner d’une fleur à l’autre. Les pizzicati de l’orchestre sont tout aussi fins. Une fort jolie conclusion…



Ces deux-là sont vraiment heureux de faire de la musique ensemble et cette impression réapparaît à chaque concert, à chaque enregistrement: celui-ci les montre très complices puisqu’ils s’attendent, se comprennent… Ce disque est vraiment essentiel pour qui ne peut pas entendre en direct ces deux immenses artistes et pour qui veut retrouver les émotions ressenties pendant les concerts.


La notice est très intéressante car Frédéric Delaméa, fidèle musicologue de l’Ensemble Matheus, propose une promenade dans les opéras de Vivaldi présentés dans ce disque en expliquant le contexte d’où sont tirés les airs, les replaçant dans l’histoire de la musique…


Manon Ardouin

 

 

 

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