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06/05/2006
Joseph Haydn : Les Sept dernières paroles du Christ en Croix, opus 51, Hob.III.50-56

Quatuor Ysaÿe: Guillaume Sutre, Luc-Marie Aguera (violon), Miguel da Silva (alto), Yovan Markovitch (violoncelle) – Michel Serres (textes, récitant), Gérard Rondeau (photographies)
Enregistré à Besançon (24-25 septembre 2005) – 72’00
Ysaÿe records YR07



Ayant créé sa propre maison d’édition afin de maîtriser son répertoire discographique mais aussi tous les paramètres concourant à la réalisation de ses enregistrements, le Quatuor Ysaÿe entend confectionner des produits tout particulièrement soignés: on est désormais bien loin de ces premiers disques compacts apparus voici un quart de siècle, qui se caractérisaient souvent par un emballage fragile aussi bien que par des livrets inconsistants et par une présentation minimaliste!


Avec Les Sept dernières paroles du Christ en Croix (1787) de Haydn, c’est même un concept global qui est présenté au mélomane, sous la forme d’un superbe objet: le noir et blanc des photographies de Gérard Rondeau, la notice superlative de Bernard Fournier (en français, anglais, allemand, italien et espagnol), accompagnée d’un glossaire, et les textes de l’académicien et philosophe Michel Serres, qui visent moins à imposer un commentaire théologique qu’à constituer le pendant humain (et laïque) de la parole divine et qu’il lit lui-même avant chacun des mouvements.


Quoi de plus délicat que de trouver le ton juste, sans tricher, dans ces sept «sonates» précédées d’une introduction également écrite dans un tempo lent? Car la voie est étroite entre le tout méditatif, variante sévère ou compassée, monumentale ou éthérée, et les débordements de pathos que pourrait suggérer le Vendredi saint, sans compter le risque de monotonie inhérent à ces huit adagios. Mais les musiciens parviennent à la fois à saisir d’emblée l’auditeur (Introduction), tout en détaillant ensuite la partition avec des nuances d’une subtilité infinie, ne serait-ce que la manière dont les instruments, l’un après l’autre, parviennent à placer deux simples notes sous des éclairages toujours renouvelés, comme dans Mulier, ecce filius tuus ou dans Sitio.


Baroque plus que classique par ses contrastes dynamiques, par son engagement dramatique, par ses cordes faisant dans la blancheur et le crissement (Il Terremoto), chiches en vibrato, cette version convainc pleinement et, une heure durant, la tension ne se relâche pas, sans céder pour autant au compromis: phrasés tirés au cordeau, mais aussi accompagnements méticuleusement pensés – à l’image de ces battues incessantes qui pourraient plomber le discours mais qui vivent ici à chaque instant – on n’en attendait pas moins de la grande exigence des Ysaÿe, surtout chez un compositeur dont ils ont fait le tour, année après année, au Festival de Besançon.


Un beau plaidoyer pour une œuvre dont on a tendance à oublier qu’elle fait partie intégrante du corpus haydnien destiné au quatuor et, en même temps, une prestation qui rassure, après le remplacement récent, au violoncelle, de François Salque par Yovan Markovitch, tant les équilibres sont fragiles en la matière, sur une couleur et un style que l’on connaît désormais depuis plus de vingt ans. On aura donc plaisir à retrouver les Ysaÿe et Michel Serres dans ce même programme dès le 24 juin à Reims (basilique Saint-Rémi) dans le cadre des Flâneries musicales d’été.


Le site d’Ysaÿe records


Simon Corley

 

 

 

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