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07/28/2003

Johannes Brahms : Sonates pour violon et piano n° 1, opus 78, n° 2, opus 100 et n° 3, opus 108 (*)
Ludwig van Beethoven : Sonate pour violon et piano
n° 9 «A Kreutzer», opus 47 (*) – Concerto pour violon, opus 61 (**)

Franz Schubert : Symphonie n° 5, D. 485 (+)
Béla Bartok : Suite de danses, sz. 77 – Musique pour cordes, percussion et célesta, sz. 106
Zoltan Kodaly : Hary Janos (suite) (++)
Richard Strauss : Elektra (extraits) (++)


Georg Kulenkampff (*), Mischa Elman (**) (violon), Georg Solti (piano), Christel Golz (Electre), Elisabeth Höngen (Clytemnestre), Ferdinand Frantz (Oreste)
Orchestre philharmonique de Londres, Orchestre philharmonique d’Israël (+), Orchestre d’Etat de Bavière (++), Georg Solti (direction)
Coffret de quatre disques Decca 473 127-2


A l’instar de Karajan ou de Bernstein, Georg Solti (1912-1997) a eu une carrière discographique longue et prestigieuse – comprenant notamment la première intégrale en studio de la Tétralogie de Wagner, qui fait encore référence – mais l’avant-Chicago, dont il fut le directeur musical de 1969 à 1991, est quelque peu resté dans l’ombre. Ce coffret montre que Solti, à la différence de Karajan, mais davantage à l’image de Bernstein, a peu changé de style au cours de sa carrière. Et l’intérêt de ces quatre disques économiques d’enregistrements réalisés entre 1947 et 1958 pour Decca et Deutsche Grammophon, dans une collection «Original masters» qui consacre également des personnalités telles que van Beinum, Curzon, Grumiaux ou Krips, tient également à ce qu’il permet de redécouvrir le pianiste qui, alors exilé en Suisse, remporta en 1942 le Concours international de Genève.


Car même si l’on se souvient qu’en fin de carrière, Solti se produisait encore régulièrement à deux pianos ou à quatre mains, cette réédition met en valeur le chambriste, qui accompagne Georg Kulenkampff dans les trois Sonates de Brahms et dans la Sonate «A Kreutzer» de Beethoven (une Sonate en si bémol de Mozart, autrefois éditée chez Urania, manque ici). Le violoniste allemand, dans ces gravures effectuées à quelques mois de sa disparition à l’âge de cinquante ans, privilégie, par son jeu fin et pur, un lyrisme intimiste, pudique, droit et sans affectation, d’esprit mozartien. Chez le pianiste, on retrouve le caractère altier, carré, parfois presque brusque, du chef d’orchestre.


On se fait une fête de pouvoir entendre un violoniste mythique tel que Mischa Elman dans le Concerto de Beethoven. Malheureusement, ainsi que le signale d’ailleurs fort honnêtement la notice (courte, mais informative, en anglais, français et allemand), Elman, alors âgé de soixante-quatre ans, «n’était déjà plus que l’ombre de lui-même». Si la conception interprétative paraît étonnamment «moderne» de la part d’un représentant de la grande tradition violonistique, qui nous fait découvrir à cette occasion des cadences rarement jouées, la technique, particulièrement la justesse, ne suit hélas plus. Solti, en revanche, se montre, une fois n’est pas coutume, plus apollinien que dionysiaque, à l’unisson de la conception du soliste.


Dans l’enregistrement le plus récent (mai 1958) de ce coffret, la Cinquième symphonie de Schubert, Sir Georg est à nouveau fidèle à sa réputation: roboratif, allant toujours de l’avant, direct, un rien brutal, dramatique – en un mot – plus que théâtral. La vélocité des mouvements rapides, notamment du Menuetto (qui a décidément, dans cette approche, tout d’un scherzo), tient presque de la précipitation ou de la frénésie, mais il est difficile de résister à une telle efficacité.


Le coffret accorde bien entendu une place significative aux origines hongroises du chef, avec deux œuvres de Bartok – une Suite de danses pétaradante et une Musique pour cordes, percussion et célesta débordant d’énergie – et la Suite de Hary Janos de Kodaly, truculente et colorée.


Ce coffret n’aurait pas été complet sans un coup de chapeau au grand chef d’opéra que fut aussi Solti. Dans ce domaine, Richard Strauss, avec lequel il eut la chance de travailler au cours de son séjour comme directeur musical l’Opéra d’Etat de Bavière (1946-1952), fut l’un de ses trois compositeurs d’élection, au même titre que Mozart et Wagner. Œuvre fétiche entre toutes, Elektra fut l’opéra de ses début aux Etats-Unis (1953) et fit l’objet d’une version légendaire (1967), avec Birgit Nilsson dans le rôle-titre (Decca). Quinze ans plus tôt à Munich, dans les trois extraits substantiels repris dans la présente édition, Solti s’épanouit déjà dans cette partition à son image, volcanique, violente et tendue.


Simon Corley

 

 

 

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