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03/21/2003
Hommage à Beverley Sills
Westminster



La carrière de Beverley Sills, entravée dans son essor par l’existence de deux enfants handicapés, ne commence en Europe qu’en 1969, avec une production triomphale du Siège de Corinthe de Rossini à la Scala de Milan, en compagnie de Marilyn Horne. De leur côté, les discophiles découvrirent progressivement que Rossini, Bellini et Donizetti n’étaient pas l’apanage de Montserrat Caballé ou de John Sutherland (il y a avait aussi Leyla Gencer, scandaleusement ignorée par les éditeurs et connue surtout des amateurs de disques «pirates»). Ils apprirent aussi que l’opéra français trouvait en elle un de ses meilleurs défenseurs. La voix n’était pas sans défauts, qui s’aggravèrent avec le temps : un peu légère pour tel ou tel rôle, un rien acidulée dans le timbre, un tantinet trémulante. Mais on les oubliait vite, devant le brio virtuose des vocalises, l’intelligence musicale, le sens infaillible de la composition. Bref, c’était non seulement une chanteuse, mais une authentique interprète, une véritable artiste, qui savait transcender la relative modestie de ses moyens. Merci donc à Westminster de nous rendre aujourd’hui ses Puritains de Bellini, sa Lucia de Lammermoor et ses trois reines de Donizetti (dans Ann Boleyn, Marie Stuart et Roberto Devereux, les trois opéras étant désormais disponibles séparément), ainsi que ses Contes d’Hoffmann où elle est la seule, avec Sutherland, à incarner au disque tous les amours du héros. Versions de référence ? Certes ses rivales sont parfois entourées de façon plus idiomatique (dans les Puritains par exemple, Sutherland est accompagnée de Pavarotti, Caballé d’Alfredo Kraus). Mais sa Lucie (avec les parfaits Bergonzi et Cappucilli, sous la direction du grand chef de théâtre qu’était le regretté Thomas Schippers) peut tenir tête aux meilleures, sa Marie Stuart aussi. Ann Boleyn est à ce jour la version la plus homogène de la discographie et Roberto Devereux reste sans concurrence sérieuse. Quant aux Contes d’Hoffmann, ils méritent d’être redécouverts même si l’excellent Stuart Burrows atteint parfois la limite de ses possibilités, ne serait-ce que pour nous rappeler la profondeur des affinités de la chanteuse américaine avec notre patrimoine lyrique : la meilleure Manon, la meilleure Thaïs – malheureusement gravée un peu tard -, c’est toujours Beverley Sills. Alors qu’on en finit plus de célébrer les anniversaires et de multiplier les commémorations, voilà un hommage plus que justifié. Les plus sceptiques pourront toujours commencer par l’album de deux disques publié chez DGG.



Didier van Moere

 

 

 

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