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02/11/2002
Richard Strauss : Friedenstag
Albert Dohmen (Kommandant), Deborah Voigt (Maria), Alfred Reiter (Wachmeister), Tom Martinsen (Schütze), Jochen Kupfer (Konstabel), André Eckert (Musketier)
Staatskapelle fresden, Giuseppe Sinopoli (direction)
Deutsche Grammophon 463 494-2 (1 CD), livret traduit en français
Œuvre largement méconnue, des maisons d'opéras comme des disquaires, Friedenstag reparaît à la lumière avec cette très belle réalisation, dirigée par Giuseppe Sinopoli récemment disparu. Assurément, il s'agit d'un objet lyrique difficilement identifiable ! La place importante qu'occupe le chœur et la forme en un seul acte avec une apothéose finale évoquent un oratorio. Le caractère édifiant du livret (pendant la guerre de Trente ans, une ville assiégée et proche du suicide collectif est sauvée par une paix réconciliatrice où les ennemis abandonnent leurs haines) et le fait que les personnages apparaissent uniquement à travers leurs fonctions (seule Marie porte un nom) rapprochent Friedenstag du théâtre musical de Kurt Weill, comme le fait remarquer Bernard Banoun dans le livret. Il n'est jusqu'au style très martial et déclamatoire, et si peu straussien, qui ne rapproche deux compositeurs si éloignés par ailleurs. Alors bon, soyons clairs, vous l'aurez compris, ce n'est pas du meilleur Strauss ! Les circonstances de sa composition sont d'ailleurs entachées par l'impossibilité de Stefan Zweig de rédiger le livret et l'obligation pour Strauss de travailler avec un écrivain "aryen", Joseph Gregor, nettement moins doué. Créé à Munich deux mois avant les "accords de Munich", le 24 juillet 1938, cette aspiration naïve à la paix venait trop tard et mal à propos. Reste un beau duo d'amour entre Maria et son époux ("le Commandant") et un grand final avec chœur, pour ceux qui aiment.
Philippe Herlin
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