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03/10/2025
« The Alpha Classics Complete Recordings »
Ludwig van Beethoven : Les seize Quatuors – Grande fugue, opus 133 [1]
Johannes Brahms : Sextuors à cordes n° 1, opus 18, et n° 2, opus 36 [2] – Quatuors à cordes n° 1, opus 51 n° 1 [3], n° 2, opus 51 n° 2 [4], et n° 3, opus 67 [5] – Quintette avec piano, opus 34 [6]
Leos Janácek : Quatuors n° 1 « Z  podnětu L. N. Tolstého Kreutzerovy sonáty » et n° 2 « Listy důvěrné » (deux versions) [7, 8]
Alban Berg : Suite lyrique [9]
Anton Webern : Langsamer Satz – Cinq Pièces, opus 5 [9]
Arnold Schönberg : Verklärte Nacht, opus 4 [9]
Dimitri Chostakovitch : Quatuor n° 3, opus 73 – Quintette avec piano, opus 57 [10]
Győrgy Ligeti : Quatuor n° 1 « Métamorphoses nocturnes » [8]

Nicolas Bone [9], Tabea Zimmermann [2] (alto), Antonio Meneses [9], Jean‑Guihen Queyras [2] (violoncelle), Piotr Anderszewski [10], Till Fellner [6] (piano), Quatuor Belcea : Corina Belcea, Axel Schacher, Laura Samuel [7] (violon), Krzysztof Chorzelski (alto), Antoine Lederlin, Alasdair Tait [7] (violoncelle)
Enregistré en public à Snape (3 et 4  décembre 2011, 23 et 25 mars, 18 et 19 mai, 13 octobre, 1 er et 2 décembre 2012 [1]), Luxembourg (Janacek II, Ligeti) et en studio à Paris (5‑9 mars 2011 [7]), Snape (14‑17 [9], 16 et 17 [3] novembre 2014, 14‑17 [9], 6 et 7 [4] mars, 14‑17 [9], 16 et 17 [5]  mai, 21 et 22 décembre [6] 2015 et juin 2017 [10]), Vienne (mars 2021 [2]) et Luxembourg (mai et décembre 2018 [8]) – 1 000’40
Coffret de quinze disques Alpha Classics 1096


Must de ConcertoNet





Plus encore que l’intégrale des enregistrements pour les éditeurs EMI et Warner réalisés entre 2000 et 2009 et republiés en 2023, le présent coffret est une somme, qui témoigne de l’excellence et de la maturité d’un des plus beaux quatuors à cordes de notre époque.


Commençons néanmoins cet éloge par une légère critique concernant le titre en partie inexact donné à ce magnifique ensemble de quinze disques. Plus de la moitié d’entre eux, en effet, ont été réalisé non par Alpha Classics, mais par l’audacieux et très créatif éditeur que fut Zig‑Zag Territoires entre 1997 et 2015, date de son rachat par le groupe Outhere et de son incorporation sous la bannière Alpha.


C’est bien l’équipe de Zig‑Zag Territoires qui, en 2001, eut le discernement de soutenir le jeune quatuor formé en 1994 à Londres sous le nom de sa charismatique première violon, Corina Belcea. Un premier enregistrement des Quatuors de Janácek témoigne de l’élan et de l’équilibre d’un ensemble qui comportait déjà, outre la primaria éponyme, l’altiste Krzysztof Chorzelski, toujours en poste à l’heure actuelle, mais aussi les Britanniques Laura Samuel au second violon et Alasdair Tait au violoncelle. Ces deux derniers devaient être remplacés durant la période EMI-Warner du quatuor, avec l’arrivée de deux musiciens français, le violoncelliste Antoine Lederlin en 2006 et le violoniste Axel Schacher en 2011. C’est dans cette formation que le Quatuor Belcea trouve son équilibre et inaugure la période bénie dont témoignent les disques réalisés de nouveau pour Zig‑Zag Territoires puis pour Alpha Classics.


Le Quatuor Belcea débute en effet cette aventure discographique en se confrontant (sans jeu de mots) avec l’alpha et l’oméga de la littérature pour quatuor à cordes   son intégrale Beethoven (y compris la Grande fugue), enregistrée en concert en 2011 et 2012 dans l’acoustique idéale du studio Britten de Snape Maltings est assurément l’une des plus abouties des deux dernières décennies. Par la beauté et la fusion des sonorités des quatre archets, d’une ampleur symphonique, par son raffinement et par son engagement, elle nous paraît se rapprocher moins de l’esthétique du Quatuor Alban Berg, auprès duquel se sont formés Corina Belcea et ses partenaires, que de celle du Quartetto Italiano, autre référence « historique » dans ce corpus. Osera‑t‑on dire que les Belcea font au moins jeu égal avec leurs aînés, aidés en cela par une prise de son d’une qualité superlative ? C’est particulièrement patent dans les derniers opus, chantés avec une longueur de son et une lisibilité cultivées dans la fréquentation assidue de la musique de notre temps.


Après cet aboutissement, les disques suivants se maintiennent sur les mêmes cimes, particulièrement le volume consacré à la « Seconde Ecole de Vienne » (réalisé en 2014‑2015), où se distingue une Suite lyrique d’anthologie, dont la séduction sonore et la densité font écho à celle de leur extraordinaire Opus 127 de Beethoven. La seconde gravure des Quatuors de Janácek surpasse de même la première, et trouve tout son sens dans son couplage avec le Premier Quatuor « Métamorphoses nocturnes » de Ligeti, qui témoigne d’un intérêt pour la musique d’aujourd’hui déjà manifeste avec l’enregistrement du quatuor Ainsi la nuit de Dutilleux (pour Warner dans les années 2000).


Dans le voisinage de ces disques majeurs, l’ensemble Brahms, bien que lui aussi caractérisé par la même exigence dans sa réalisation, paraît moins essentiel. Le Quatuor Belcea est en effet un peu moins à l’aise avec la langue brahmsienne et les formes moins gratifiantes des trois quatuors. D’une réelle beauté plastique, le piano de Till Fellner dans le Quintette opus 34 manque néanmoins un peu d’autorité pour parvenir à mener le jeu comme il convient, à la manière de Pollini avec les Italiano ou, plus récemment, Geoffroy Couteau avec les Hermès. En revanche, Tabea Zimmermann et Jean‑Guihen Queyras sont des partenaires de choix dans les deux Sextuors, où l’effusion lyrique s’allie une nouvelle fois à la rigueur de la structure.


Il en va de même pour Piotr Anderszewski, qui s’affirme sans violence ni virtuosité gratuite dans le Quintette de Chostakovitch. Couplé avec le Troisième Quatuor, il donne envie d’entendre les Belcea se colleter davantage avec d’autres opus chambristes du compositeur russe, par exemple le Huitième Quatuor, qui leur irait à merveille.


Il ne tient qu’à eux, et on les attend, ici ou ailleurs, avec impatience, puisque leur dernier enregistrement date déjà de 2021 (Sextuors de Brahms). Sans doute cet éloignement des studios est‑il lié au départ d’Axel Schacher en 2023 et à la nécessité de trouver un nouvel équilibre avec l’incorporation de Suyeon Kang au second violon, ce qui n’est guère surprenant de la part d’une formation aussi exigeante avec elle‑même sur le plan artistique. Les Belcea remettent en outre sur le métier les Quatuors de Beethoven en concert cette saison, ce qui ne peut manquer d’être intéressant, presque quinze ans après leur première intégrale.


Gageons que la parution de ce coffret indispensable à tout amateur de musique de chambre soit annonciatrice de nouveaux enregistrements tout aussi captivants !


Le site du Quatuor Belcea


François Anselmini

 

 

 

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