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06/28/2024
« Take 3 »
Francis Poulenc : L’Invitation au château, FP 138 (extraits) – Bagatelle en ré mineur pour violon et piano – Sonate pour clarinette et piano, FP 184
Paul Schoenfeld : Trio pour clarinette, violon et piano
Béla Bartók : Trois Burlesques, opus 8c : 2. Allegretto (arrangement pour violon et piano par William Urai) – Contrastes, Sz. 111
Serban Nichifor : Klezmer Dance [*]

Patricia Kopatchinskaja, Ilya Gringolts [*] (violon), Reto Bieri (clarinette), Ruslan Lutsyk [*] (contrebasse), Polina Leschenko (piano) 
Enregistré au Studio de la Radio de Zurich (novembre 2020) – 66’41
Alpha 772 (distribué par Outhere) – Notice en anglais, allemand et français


Sélectionné par la rédaction





La fantasque violoniste moldave Patricia Kopatchinskaja (née en 1977) propose avec ses amis, trois principalement, un disque articulé autour d’œuvres de trois compositeurs qu’elle raccroche au thème de la nostalgie pour la patrie abandonnée ou qui lui paraissent marquées par l’oubli du métronome ou le rejet d’une vie par trop lisse. Le résultat est en effet fort peu académique.


On ne comprend cependant guère pourquoi le plan du disque présente un éclatement de L’Invitation au château de Francis Poulenc (1899‑1963), musique de scène peu connue écrite pour la pièce du même nom (1947) de Jean Anouilh, et pourquoi, en plus, ses pièces ne sont pas complètes et sont proposées dans le désordre. Elles sont entrelardées d’un Trio de Paul Schoenfield (né en 1947), de la Sonate pour clarinette et piano du même Poulenc comme de pièces de Béla Bartók (1881‑1945) dont les fameux Contrastes, avant que nous soit proposée, en bonus en quelque sorte, une Danse klezmer du compositeur roumain Serban Nichifor (né en 1954).


PatKop en fait des tonnes dans L’Invitation de Poulenc. Son violon ne manque pas d’espièglerie dans ce qui peut apparaître comme de la musique de boulevard comme il existe du théâtre du même nom mais il n’est pas sûr que Poulenc y retrouverait ses petits. La Sonate est abordée, sans elle, avec plus de mesure et permet d’apprécier la remarquable clarinette de Reto Bieri aux traits plus nets que ceux gravés récemment par Raphaël Sévère pour Mirare, sans manquer pour autant de charme.


Le trio se déchaîne dans l’œuvre de Paul Schoenfield. Il faut accrocher sa ceinture mais bien avouer que l’on est assez entraînés dans ces rythmes chaloupés, parfois non dénués d’humour et qui s’achèvent dans un éblouissant final, vraiment échevelé.


Les Contrastes de Bartók constituent la perle de l’album. Il y a une homogénéité et un équilibre entre instrumentistes assez notable ainsi qu’une vision commune qui éloigne l’œuvre de toute tonalité larmoyante. La qualité de la clarinette est sans commune mesure avec celle de Benny Goodman dans l’enregistrement historique réalisé par le compositeur au piano et Joseph Szigeti au violon en 1940 même si on fait abstraction de ses conditions de captation. Après un Pihenő habité, le troisième mouvement déborde d’énergie et d’imagination.


La Danse klezmer qui clôt l’album n’est pas moins réussie. Elle paraît improvisée du fait qu’elle émerge d’une conversation, de bruits de toussotements et de partitions qui tombent au sol tandis que le crin d’un archet gratte les cordes d’un violon. Les choses se mettent rapidement en place et l’on sent bien vite la joie qu’ont les artistes de jouer ensemble avant que tout s’écroule dans les cris, l’auditeur restant pour sa part autant groggy qu’admiratif devant tant de talent communicatif.


Stéphane Guy

 

 

 

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