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11/04/2023
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour clarinette en la majeur, K. 622 – Quintette avec clarinette en la majeur, K. 581 [*]
Raphaël Sévère (clarinette), Quatuor Modigliani : Amaury Coeytaux, Loïc Rio (violon), Laurent Marfaing (alto), François Kieffer (violoncelle) ; Orchestre de chambre de Paris, Lars Vogt (direction)
Enregistré au studio SR1 de la Philharmonie de Paris (6‑ octobre 2021) et à la salle Colonne, Paris (1er‑2 février 2022) [*] – 60’36
Mirare MIR 626 – Entretien (en français, anglais et allemand) avec Raphaël Sévère et Jean‑Baptiste Urbain





« Mozart 1791 »
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour clarinette en la majeur, K. 622 – Les Noces de Figaro, K. 492 : « Voi che sapete » – Così fan tutte, K. 588 : « Come scoglio », « Soave sia il vento » & « Una donna a quindici anni » – La clemenza di Tito, K. 621 : « Parto, parto, ma tu ben mio » & « Ecco il punto, o Vitellia... Non più di fiori » [#] – Requiem, K. 626 : « Lacrimosa » [*] (arrangements Fontaine)

Pierre Génisson (clarinette, clarinette de basset, cor de basset), Karine Deshayes (mezzo‑soprano) [#], Bruno Fontaine (orgue) [*], Concerto Köln, Jakob Lehmann (direction)
Enregistré à l’Orchesterprobenzentrum Stolberger Strasse, Cologne (8‑11 décembre 2022) ainsi qu’au studio de l’Orchestre national d’Ile‑de‑France, Alfortville, et au studio de Meudon (17 mai et 8 juin 2023 [*]) – 70’09
Erato 5054197732331 – Notice (en français, anglais et allemand) de Pierre Génisson





Contrairement à ce qu’on lit parfois, Mozart n’a pas attendu le soir de sa vie pour introduire la clarinette dans ses compositions : qu’on se souvienne de sa présence dans les Symphonies « Paris » (la Trente-et-unième), « Haffner » (la Trente‑cinquième) ou la Trente‑neuvième, où elle mène seule le troisième mouvement ! Qu’on se rappelle le Trio « Des quilles », le Vingt‑troisième concerto pour piano, la Sérénade « Gran Partita » ou la délicieuse Symphonie concertante K. 297b ! Bref, même si les couleurs automnales de l’instrument peuvent y inviter, la clarinette a presque innervé l’œuvre du génial compositeur, de l’opéra (il en requiert deux dans Idoménée et dans L’Enlèvement au sérail) à la musique de chambre, de la symphonie au concerto, sans oublier les « cousins » de la clarinette que furent les cors de basset dans le Requiem et La Clémence de Titus.


L’excellent Raphaël Sévère nous livre en un même disque les deux chefs‑d’œuvre que sont le Concerto et le Quintette : alliance classique, disque superbe ! Le jeune soliste (né en 1994) affiche dans le Concerto un jeu d’une fluidité et d’une simplicité remarquable, s’effaçant derrière la partition et ne cherchant jamais à en rajouter. Cette véritable humilité de jeu force le respect, d’autant que celui‑ci se fonde sur une musicalité d’une délicatesse inouïe qui trouve son sommet dans un Adagio de toute beauté. Quiconque a joué ce concerto sait que ce mouvement lent est d’une rare difficulté, non pas en raison de sa technique mais de la tension et du phrasé qu’il requiert : Raphaël Sévère est sur ce point irréprochable. Alors certes, on peut lui reprocher éventuellement un jeu un peu lisse mais cet éventuelle critique disparaît bien vite dans les premier et troisième mouvements, ce dernier notamment étant d’une fraîcheur réjouissante. Il faut dire que l’accompagnement de l’Orchestre de chambre de Paris, dirigé par le regretté Lars Vogt, est d’une finesse remarquable (quel soin apporté aux appogiatures, aux légers accents des cors, aux nuances...) : une version de tout premier ordre.


Il en va de même pour le Quintette avec clarinette. Idéalement enregistré, Raphaël Sévère insiste là aussi sur le côté naturel de la partition (la montée inaugurale de la clarinette dans le premier mouvement ne prenant pas appui de façon outrancière sur la première note comme le font tant d’autres) ; la palette de nuances est subtile, les attaques nettes mais tout en douceur, instillant un climat intimiste fort appréciable. Le Quatuor Modigliani est un partenaire de choix, les deux violons d’Amaury Coeytaux et de Loïc Rio jouant à part égale sans jamais tirer la couverture à soi, l’alto de Laurent Marfaing faisant parfaitement écho aux sonorités de la clarinette soliste (écoutez le Larghetto !) tandis que la volupté du violoncelle de François Kieffer soutient l’ensemble avec générosité. Une magnifique version là aussi pour, indéniablement, un grand disque.


Elément des plus solides de l’école française de la clarinette, Pierre Génisson (né en 1986) signe également un « recueil » Mozart, mais qui tourne résolument le regard vers le crépuscule du compositeur comme en atteste le titre même du disque. On peut s’interroger sur l’intérêt d’une transcription du fameux air « Voi che sapete » des Noces de Figaro ou du sublimissime trio « Soave sia il vento » chanté par Don Alfonso, Fiordiligi et Dorabella dans Così fan tutte : comment une clarinette (deux en l’occurrence dans cet extrait de Così mais on ne connaît pas le nom du second clarinettiste, sauf à ce que Génisson ait enregistré les deux avant un savant mixage de la bande) peut‑elle remplacer des voix, surtout lorsqu’elles sont plusieurs ? Avouons que les transcriptions pour clarinette des deux airs « Come scoglio » et « Una donna a quindici anni », tirés là encore de Così fan tutte, nous semblent plus convaincants. Bref, au‑delà de l’exercice, plutôt agréable à l’oreille d’ailleurs, on s’attachera surtout au reste du disque, à commencer par le Concerto, que Pierre Génisson interprète avec soin et assurance. Usant pour ce faire d’un cor de basset en la, le clarinettiste joue une ligne mélodique savamment dosée, sans esbroufe tout en essayant néanmoins de se démarquer par quelques appogiatures (inutiles à notre sens dans l’Adagio, où seule la simplicité doit être la ligne de conduite), effet de nuance, attaque la plus murmurée possible, ralenti ici ou là... A ce jeu‑là, le mouvement le plus réussi est sans doute le Rondo : Allegro conclusif où l’entrain gagne le Concerto Köln, dirigé sagement mais avec beaucoup de naturel par Jakob Lehmann. Pas de quoi donc bouleverser une discographie pléthorique dans laquelle nous serions d’ailleurs bien en peine de déceler la, voire les versions les plus recommandables tant elles sont nombreuses !


Artiste associée à ce passage en revue, la mezzo Karine Deshayes, qui nous livre notamment un très beau « Parto, parto, ma tu ben mio », air fameux tiré de La Clémence de Titus, Génisson troquant cette fois‑ci son instrument pour une clarinette de basset en si bémol. La mezzo française développe un chant altier aux lignes très pures, le dialogue avec la clarinette s’avérant idéal. Il en va de même dans l’air « Non più di fiori » extrait de la Clémence de Titus (Pierre Génisson usant ici d’un cor de basset), où Karine Deshayes se montre encore plus démonstrative (quelques aigus un peu arrachés néanmoins...) mais, et c’est peut-être dommage, sans faire preuve de la même facétie que Génisson dans son jeu impeccable. Quant à la transcription du « Lacrimosa », on restera sagement dubitatif sur cet exercice ; à chacun de se faire son idée...


Le site de Raphaël Sévère
Le site du Quatuor Modigliani
Le site de l’Orchestre de chambre de Paris
Le site de Pierre Génisson
Le site de Jakob Lehmann
Le site du Concerto Köln


Sébastien Gauthier

 

 

 

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